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Mouchira Khattab : Il existe, en Egypte, une véritable volonté politique de défendre les droits de l’homme

Sahar Zahran, Dimanche, 09 janvier 2022

La présidente du Conseil des droits de l’homme, Mouchira Khattab, revient sur la situation des droits de l’homme en Egypte et les avancées en la matière. Entretien.

Mouchira Khattab

Al-Ahram Hebdo : Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre nomination comme présidente du Conseil national des droits de l’homme, surtout que vous êtes la première femme à occuper ce poste ?

Mouchira Khattab: La décision prise par le Conseil des députés début octobre dernier m’a beaucoup réjouie, surtout que les candidatures ont été faites par des ONG. J’ai travaillé avec certaines de ces organisations pendant de longues années et nous avons fait de grandes réalisations dans la société rurale. Ce processus démocratique pour le choix de la nouvelle formation du conseil augmente encore plus ma fierté et exprime une tendance démocratique importante. Il est évident que ce poste est le plus important dans toute ma carrière. Face à la position internationale croissante de l’Egypte, le Conseil national des droits de l’homme a beaucoup à faire.

Que pensez-vous de la Stratégie nationale des droits de l’homme ?

— Le lancement par le président Abdel-Fattah Al-Sissi de la Stratégie nationale des droits de l’homme en septembre dernier constitue un pas très important dans le cadre des efforts égyptiens visant à renforcer ce dossier. Cela constitue également une réponse pratique aux accusations adressées à l’Egypte à ce niveau et aussi un saut stratégique dans le cadre du renforcement des piliers de la Nouvelle République, par le biais de la promotion des droits de l’homme égyptien sans aucune discrimination. Par l’intermédiaire de cette stratégie, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a prouvé au monde qu’il existe en Egypte une volonté politique de défendre les droits de l’homme. La Stratégie nationale des droits de l’homme accorde un intérêt primordial aux classes les plus démunies, à celles exposées au danger et celles qui ont besoin de protection.

Des critiques sont adressées à l’Egypte par des médias et des organisations internationales, quel est le rôle du conseil à ce propos ?

— Dans tous les pays du monde, il y a une polémique autour des droits de l’homme. Aux Etats-Unis, il y a toujours beaucoup de bruit autour de la vie des noirs, et dernièrement, l’assassinat du citoyen Floyd par un officier blanc. De plus, la pandémie causée par le Covid-19 a dévoilé le visage laid de la discrimination en ce qui concerne l’obtention des droits entre les pays riches et les pays pauvres. Face aux critiques, ce qui fait la différence entre un pays et un autre, c’est le courage de reconnaître les défis et de discuter ouvertement les problèmes pour aboutir aux meilleures solutions. A plusieurs occasions, le président a ouvertement critiqué certaines circonstances dont les Egyptiens ont longtemps souffert, tout en oeuvrant à se débarrasser de ces aspects négatifs. Depuis la Déclaration internationale des droits de l’homme, l’Egypte est au sein de l’action internationale au niveau des droits de l’homme. Le monde s’attend à ce que l’Egypte soit pionnière dans notre région qui affronte depuis de longues décennies de nombreux défis, et ce, grâce au courage et à la direction sage du président Abdel-Fattah Al-Sissi qui tente toujours d’affronter les questions suspendues et épineuses. J’appelle tous ceux qui s’intéressent aux questions des droits de l’homme de les aborder avec objectivité. En tant que présidente du Conseil national des droits de l’homme, mes ambitions sont très grandes, partant d’une profonde conviction que l’Egypte est un grand pays qui respecte ses citoyens. Il est vrai que de nombreux défis doivent être relevés, mais nous possédons le courage de les reconnaître et de déployer des efforts pour les régler. Aujourd’hui, grâce aux réalisations économiques et sécuritaires, nous avons la capacité de traiter le dossier des droits de l’homme avec autant de sérieux que nous avons réglé d’autres problèmes qui étaient considérés catastrophiques.

Qu’en est-il de la question de la détention provisoire ?

— Cette question doit être traitée de façon à garantir les droits des détenus conformément à la loi, sans prolongement ou pratiques non-cités par la loi. Comme pour la Stratégie nationale des droits de l’homme, nous avons besoin d’étudier les expériences des Etats qui ont réalisé des progrès dans ce domaine.

Quels sont les efforts déployés face aux plaintes de certaines ONG égyptiennes concernant l’existence de contraintes qui entravent leurs actions ?

— Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a déclaré 2022 « Année de la société civile », ce qui constitue une occasion de réaliser un grand essor dans ce domaine. Dans tous les pays du monde, le rôle des ONG est primordial et complémentaire à celui de l’Etat.

Quels sont les résultats les plus importants de votre dernière visite à Washington ?

— La visite à Washington du groupe du dialogue international, qui représente la société civile égyptienne, a été un succès qui a dépassé toutes mes attentes. Nous avons rencontré la sous-secrétaire d’Etat pour le Moyen-Orient ainsi que le sous-secrétaire d’Etat pour les droits de l’homme. Nous avons tenu plusieurs rencontres fructueuses avec des membres du Congrès à tel point que tous ceux que nous avons rencontrés se rendront bientôt en Egypte et ont demandé de nous rencontrer pour poursuivre les sujets discutés.

Cependant, je pense que les plus importantes étapes de la visite ont été nos rencontres fructueuses avec les Egyptiens vivant aux Etats-Unis dont nombreux ont réalisé de grands succès et sont parvenus à des postes influents comme ceux qui travaillent dans des centres de recherche. J’ai personnellement été impressionnée par leur vaste culture et leur capacité à présenter leurs opinions d’une manière contemporaine et logique. Je pense franchement que l’Egypte possède un lobby respectable aux Etats-Unis. Ces Egyptiens ont un profond désir de servir leur pays et souhaitent y retourner pour voir leurs familles et leurs proches.

Je suis optimiste, je pense que les questions en suspens seront bientôt résolues, d’autant plus que la fameuse question du financement étranger a été résolue. J’espère aussi que nous trouverons aussi une solution à la question soulevée à plus d’une rencontre. Il s’agit de la volonté de nombreux étudiants et chercheurs de rejoindre des centres de recherche et des universités en Egypte comme c’était le cas dans le passé.

Bref, nous avons ressenti chez tous ceux que nous avons rencontrés à Washington une véritable volonté de communiquer pour discuter des questions en suspens. Une volonté engendrée par la modération et l’honnêteté avec lesquelles nous avons présenté les différents dossiers. En fait, ceci nous a aidés à attirer plus d’attention à des niveaux influents.

Le président Sissi a adopté plusieurs mesures pour réaliser une vie décente pour les citoyens, ce qui est le sens exact des droits de l’homme. Quelle est votre évaluation de ces mesures ?

— A mon avis, le président Sissi suit une excellente approche des droits de l’homme. Cette approche, qui se renforce de jour en jour, a commencé aussitôt qu’il a prêté serment en tant que président de la République. En effet, il a tout de suite rendu visite à l’hôpital à la victime de harcèlement sexuel sur la place Tahrir, lui promettant que cet acte ne se répétera plus (ce qui s’est réellement produit grâce à la sensibilisation à ce crime et au durcissement de sa peine). Il a également revendiqué le renouvellement du discours religieux, une porte d’accès essentielle à l’élimination de la discrimination à cause de la religion, a exigé la réforme de l’éducation vu que le droit à un enseignement de qualité est un droit humain indicible. Sans oublier l’initiative « 100 millions de citoyens en bonne santé » qui garantit le droit aux services sanitaires sans discrimination. C’est grâce à cette initiative également que l’Egypte a réussi à éliminer l’hépatite C. D’autre part, l’intérêt accordé par le président à garantir les droits des personnes souffrant d’un handicap a ajouté une grande valeur aux droits de l’homme.

Aussi, le projet national « Hayah Karima » (vie décente), lancé par une initiative présidentielle, porte en son seul nom un principe fondamental des droits de l’homme qui est le droit à une vie décente. Ce projet garantit les droits fondamentaux aux moins favorisés qui représentent plus de la moitié du peuple égyptien et qui souffrent de l’absence du minimum de services essentiels comme l’infrastructure, la santé et l’éducation.

Par ailleurs, la déclaration du président Abdel-Fattah Al-Sissi du 11 septembre 2021 : « Vous êtes musulman, vous êtes chrétien, vous êtes juif, vous êtes libre. Vous êtes croyant, vous n’êtes pas croyant, vous êtes libre » représente une révolution dans le domaine des droits de l’homme.

Ces mesures adoptées par le président de la République sont extrêmement importantes. Elles sont l’expression d’une vision claire des droits de l’homme et d’une détermination ferme de restituer l’Egypte d’antan, qui est le symbole éternel de la fraternité et de l’égalité, qui abrite différentes nationalités et religions tant qu’elles appellent à la paix, au respect et à la fraternité.

Enfin, l’annonce du président de ne pas renouveler l’état d’urgence est une preuve inéluctable que l’Etat égyptien s’est rétabli et n’a plus besoin de mesures exceptionnelles .

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