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Egypte-CCG: Vers une coopération plus accrue

Chaïmaa Abdel-Hamid, Lundi, 20 décembre 2021

L’Egypte et le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) ont lancé cette semaine un mécanisme de consultation politique visant à se concerter par voie diplomatique

sur les questions relevant de la sécurité nationale.

L’Egypte et le CCG se sont accordés à coordonner leurs positions pour contrer les défis communs.
L’Egypte et le CCG se sont accordés à coordonner leurs positions pour contrer les défis communs.

Réunis à Riyad, la capitale saoudienne, le 12 décembre, le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, et ses homologues du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) ont inauguré le « mécanisme de consultation politique entre l’Egypte et les pays du Golfe ». Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, l’ambassadeur Ahmad Hafez, porte-parole du ministère, explique que la mise en place de ce mécanisme permet de renforcer le partenariat établi entre l’Egypte et les pays du Golfe. Selon lui, il traduit également la volonté des pays participants à coordonner leurs efforts pour relever les défis communs auxquels la région est confrontée.

Autour de la table, le prince Fayçal bin Farhan bin Abdallah Al Séoud, ministre saoudien des Affaires étrangères, présidait la séance en présence du secrétaire général du CCG, Nayef Al-Hajraf, et de l’ensemble des ministres des Affaires étrangères du CCG.

Sameh Choukri a affirmé que la sécurité de l’Egypte passait par la sécurité des pays du Golfe, appelant ses homologues à « intensifier la coordination pour relever les défis sans précédent de la région en matière de sécurité ». Le secrétaire général du CCG a confirmé que la coopération Golfe-Egypte représentait un pivot de stabilité dans la région. A cet effet, tous les membres du CCG ont salué les efforts de l’Egypte en matière de lutte contre le terrorisme et promis leur soutien sur ce dossier. Les discussions ont porté ensuite sur l’avancée des questions d’intérêt commun sur les plans régional et international.

Par ailleurs, à l’issue de la 42e session du conseil suprême du CCG qui s’est tenue deux jours après l’inauguration du « mécanisme de consultation politique », les chefs de la diplomatie des pays du Golfe ont confirmé leur position vis-à-vis de l’Egypte et du Soudan concernant leur sécurité en matière d’eau. Selon eux, cette question fait partie intégrante de la sécurité nationale arabe et ils se déclarent prêts à soutenir les efforts visant à résoudre la crise liée à la mise en service du barrage éthiopien de la Renaissance.

Un contexte politique et stratégique

Le lancement de ce mécanisme politique intervient dans un cadre bien précis d’après le professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, Tarek Fahmy. La normalisation des relations entre l’Egypte et le Qatar, la situation de l’Arabie saoudite face à la menace iranienne qui appelle à un front arabe uni et le retrait des Etats-Unis qui nécessite la mise en place de nouveaux accords de sécurité dans la région.

Ce mécanisme politique permet à tout pays de saisir le conseil pour obtenir une réunion exceptionnelle s’il considère sa sécurité menacée. D’après Tarek Fahmy, ce mécanisme contribuera à améliorer les relations entre les protagonistes, soulignant que les échanges et les relations bilatérales se sont accentués sensiblement comme en témoignent la visite au Caire du ministre saoudien des Affaires étrangères et quatre communiqués récents publiés conjointement.

Le politologue rappelle que les relations entre l’Egypte et les pays du Golfe sont toujours considérées comme essentielles pour garantir la sécurité nationale arabe et éviter l’ingérence de pays étrangers dans les affaires arabes. Tarek Fahmy prend pour exemple le rôle et le soutien de l’Egypte au Koweït lorsque le pays a été envahi par l’Iraq en 1991. L’Egypte n’avait pas hésité à déployer tous les moyens nécessaires pour dissuader des puissances régionales, comme l’Iran, de recourir à la force contre les pays du Golfe. L’Egypte a également défendu l’Arabie saoudite, victime d’attaques contre ses sites stratégiques par la minorité yéménite houthie soutenue par l’Iran. « L’Egypte, via les efforts fournis au cours de ces dernières années, a réussi à s’imposer sur la scène régionale et internationale comme l’un des pays les plus stables et les plus forts », conclut-il.

Sécurité en eau et terrorisme, deux questions primordiales

Dans la même ligne, l’ambassadeur Hussein Haridi, ex-ministre adjoint des Affaires étrangères, explique que la création de ce mécanisme sert réciproquement les intérêts de l’Egypte. L’intervention des pays du Golfe dans certains dossiers récurrents, notamment celui du barrage de la Renaissance, peut faire remuer les eaux stagnantes. « Les pays du CCG, notamment l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, entretiennent de bonnes relations avec l’Afrique où leurs investissements sont conséquents. Par ailleurs, leur relation particulière avec l’Ethiopie n’est pas négligeable. Ainsi, ils peuvent aider à résoudre la crise du barrage de la Renaissance ou inciter les pays africains à intervenir pour rendre plus flexible la position éthiopienne dans ce dossier », affirme Hussein Haridi.

La lutte contre le terrorisme reste également un sujet majeur d’entraide et de coopération entre l’Egypte et les pays du Golfe. « La coopération Egypte-Golfe revêt une importance capitale en termes d’échange d’informations. En 2013, c’était la première alliance à avoir qualifié les Frères musulmans de groupe terroriste ».

A noter enfin que les exercices militaires menés conjointement entre les forces armées égyptiennes et leurs alliés saoudiens, émiratis et bahreïnis se sont multipliés ces quatre dernières années. Un échange d’expertise militaire qui s’est traduit par 12 opérations en mer Rouge et dans l’espace aérien du Golfe. Ces exercices visent à renforcer la sécurité de toutes les voies navigables et à anticiper toute potentielle agression. Une coopération qui se veut des plus actives.

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