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Ali Abdel-Nabi : Al-Dabaa réalise les objectifs du développement durable 2030

Propos recueillis par Chaïmaa Abdel-Hamid, Lundi, 29 novembre 2021

L’ancien vice-président de l’Autorité des centrales nucléaires, Ali Abdel-Nabi, revient sur le projet de la centrale d’Al-Dabaa et son importance.

Ali Abdel-Nabi

Al-Ahram Hebdo : Quelle est l’importance du projet nucléaire d’Al-Dabaa et en quoi est-il rentable ?

Ali Abdel-Nabi: Le projet de la centrale nucléaire d’Al-Dabaa est l’un des plus grands projets de l’histoire de l’Egypte, car il marque le début de la renaissance industrielle moderne de l’Egypte et contribue à la réalisation des objectifs du plan de développement durable 2030.

Il s’agit de la seule alternative aux centrales à combustibles fossiles utilisant le charbon, le pétrole et le gaz naturel pour produire l’électricité. Surtout que les énergies renouvelables, telles l’énergie solaire et l’énergie éolienne, sont intermittentes.

Tandis que l’énergie nucléaire est capable de couvrir les besoins en électricité qui augmentent annuellement. L’énergie nucléaire est la seule technologie pouvant fournir une énergie électrique durable à des prix raisonnables et une énergie exempte d’émissions nocives pour l’environnement et l’homme.

Les normes de sécurité des réacteurs nucléaires de troisième génération GEN+3 comme Al-Dabaa sont tr
Les normes de sécurité des réacteurs nucléaires de troisième génération GEN+3 comme Al-Dabaa sont très élevées.

La centrale nucléaire d’Al-Dabaa servira au développement économique et technologique, non pas seulement dans le secteur de l’énergie, mais aussi dans d’autres domaines, telles l’industrie, la médecine, la production agricole et la production animale. C’est donc pour l’Egypte une question de sécurité nationale de nature technologique.

— Que signifie l’annonce de la centrale d’Al-Dabaa comme centrale amie de l’environnement ?

— Car les normes de sécurité des réacteurs nucléaires de troisième génération GEN+3 comme Al-Dabaa sont très élevées. Aujourd’hui, la principale revendication de l’humanité est la réduction rapide des émissions nocives pour atténuer les effets du changement climatique. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé, environ 7,1 millions de personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air, et plus de 90% de ces décès sont causés par l’utilisation de sources d’énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), dans l’industrie, le transport et la production d’électricité.

De plus, depuis 1880, la température mondiale a augmenté de 1,1°C. Une élévation de température au-delà de 1,5 degré peut être très dangereuse et aura des effets dévastateurs. Et la stratégie énergétique mondiale s’oriente progressivement vers une énergie propre. Un grand défi qui se réalise via les centrales nucléaires devenues inévitables comme déclaré lors de la COP26 en tant que source sûre, alternative et propre de ressources fossiles.

— Le mot nucléaire fait cependant peur, est-ce un défi ?

— De manière générale, les principaux défis auxquels sont confrontés les méga-projets de centrales nucléaires dans le monde sont liés à la perte de confiance dans la sûreté des centrales nucléaires, et ce, en raison des mauvaises expériences déjà perpétrées, notamment la catastrophe de la centrale de Tchernobyl en Ukraine en 1986, suivie de la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011. D’autres défis s’imposent également, notamment le retard de la mise en oeuvre des réacteurs, les coûts très élevés de ces projets et la compétitivité avec d’autres sources de production d’électricité telles que le gaz naturel, le charbon et les énergies renouvelables. A noter que l’exécution de près des deux tiers (plus de 65% des centrales) des 51 centrales actuellement en construction dans le monde subit un retard en raison des coûts surélevés. Mais à mon avis, la construction de la centrale d’Al-Dabaa pourra surmonter la majorité de ces défis, car elle se caractérise par le fait d’être réalisée conjointement par deux pays, à savoir l’Egypte et la Russie.

— La présence de cette centrale nucléaire dans la zone d’Al-Dabaa n’influencera-t-elle pas les régions touristiques adjacentes? Quelles sont les mesures de sécurité prises ?

— Rien à craindre. Les réacteurs nucléaires de troisième génération, comme celui d’Al-Dabaa, sont construits dans une enceinte de confinement qui résiste à un tremblement de terre de 8 degrés sur l’échelle de Richter, ou même à des inondations dévastatrices. Donc, il n’y a aucune crainte pour les habitants de la zone d’Al-Dabaa. Les personnes habitant près de la centrale ne reçoivent qu’un rayonnement annuel d’environ 0,01mm de rem. Dans la vie quotidienne, toute personne est exposée à une moyenne de dose annuelle de rayonnement de 350mm de rem. Des mesures importantes sont prises pour atteindre les normes les plus élevées en matière de sûreté nucléaire, dont la principale tâche est d’empêcher la propagation de matières radioactives de la centrale nucléaire dans le milieu environnant, afin de ne pas nuire à l’environnement, aux humains, aux animaux et aux plantes.

— Quand pourra-t-on dire que le rêve nucléaire égyptien commencera à se réaliser ?

— L’autorisation pour la mise en place du projet au site d’Al-Dabaa a été délivrée par l’Autorité égyptienne de réglementation nucléaire et radiologique. C’est une phase importante. Actuellement, le projet est en attente de l’autorisation pour le lancement de la construction, prévue pour la mi-2022. Actuellement, les travaux d’infrastructure sont en cours d’achèvement, et des dispositions sont prises pour le début de la construction sur le site. Et avec le début de « l’exploitation commerciale » du premier réacteur de la centrale d’Al-Dabaa, qui est prévue pour 2028, on peut dire que le rêve nucléaire égyptien a commencé à se réaliser.

— Pouvez-vous nous rappeler les termes de l’accord signé en 2017 entre l’Egypte et la Russie pour établir la centrale nucléaire d’Al-Dabaa ?

— En novembre 2015 au Caire, la Russie et l’Egypte ont signé un accord intergouvernemental, finalisé en décembre 2017, d’une valeur totale de 30 milliards de dollars. Cet accord comprend des contrats techniques, des contrats de financement et le mode de remboursement. Le projet comprend la mise en place de 4 unités nucléaires GEN+3, chacune d’une capacité de 1 200 mégawatts. La mise en oeuvre du projet est prévue sur 12 ans. Le gouvernement russe accorde un prêt d’un montant de 25 milliards de dollars, soit 85% du financement de la centrale, et l’Egypte finance les 15% restants du coût de construction. Les sommes seront encaissées par la Russie en 13 versements au fur et à mesure que les étapes du projet progressent. Ces sommes seront remboursées par l’Egypte à partir d’octobre 2029 en 43 versements semestriels, avec un taux d’intérêt de 3% par an, sur une période de 22 ans. Selon les termes du contrat, l’Egypte prend également en charge les coûts d’infrastructure du site d’Al-Dabaa.

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