Face aux événements en Egypte, les réactions internationales ont divergé. Tandis que les Etats-Unis et l’Occident condamnent le « recours à une violence excessive » contre les manifestants pro-Morsi. Des pays comme la Russie, la Chine, l’Arabie saoudite, le Koweït, Bahreïn et les Emirats arabes ont adopté des positions beaucoup moins tranchantes. Les Etats-Unis étaient les premiers à hausser le ton. Barack Obama a dénoncé, jeudi, la répression en Egypte, engagée, selon lui, « sur un chemin dangereux », et a annoncé l’annulation de manoeuvres militaires conjointes avec Le Caire le mois prochain. La présidence égyptienne a répliqué vendredi. « La présidence craint que les déclarations non basées sur des faits ne puissent encourager les groupes armés violents », affirme la présidence dans un communiqué. « L’Egypte est confrontée à des actes terroristes qui visent les institutions du gouvernement et des installations vitales », ajoute le communiqué.
La réaction des pays européens a été presque unanime. Les ambassadeurs d’Egypte à Berlin, Londres, Paris, Ankara et Rome ont tous été convoqués. Plusieurs pays européens ont déconseillé à leurs citoyens de se rendre en Egypte. La Suède, la Norvège et la Finlande ont rapatrié leurs ressortissants.
En France, le président François Hollande a appelé jeudi à tout « mettre en oeuvre pour éviter la guerre civile » en Egypte. L’ambassadeur d’Egypte à Paris a été convoqué par Hollande pour transmettre à ses autorités la « très grande préoccupation de la France face aux événements tragiques intervenus dans son pays ». En Allemagne, le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a demandé à toutes les parties de retourner immédiatement à un processus politique. Le ministère britannique des Affaires étrangères a appelé « les forces de sécurité à agir avec retenue ». Particulièrement critique, la Turquie a poursuivi ses diatribes à l’égard du nouveau régime. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé un « très grave massacre visant les manifestants ». En réaction au comportement d’Ankara, l’Egypte a rappelé son ambassadeur en Turquie.
Sur un autre niveau, le Conseil de sécurité de l’Onu a appelé toutes les parties à un « maximum de retenue » dans une déclaration faite à l’issue d’une réunion d’urgence tenue jeudi à New York, à la demande de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Australie. Le Conseil n’est pas allé jusqu’à condamner les violences, ni souligner la responsabilité des forces de sécurité comme l’a fait son secrétaire général Ban Ki-moon.
De l’autre côté de la barre, la Russie et la Chine ont adopté des positions différentes. La Russie a soutenu le renversement de Morsi qui, selon Moscou, appartient à « une organisation considérée comme terroriste ». Certains pays arabes ont également affiché leur soutien aux démarches du gouvernement intérimaire y voyant un coup d’arrêt aux « actes terroristes ». Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a proclamé vendredi son appui absolu au pouvoir égyptien « face au terrorisme » appelant les Egyptiens, les Arabes et les musulmans à « s’opposer à tous ceux qui tentent de déstabiliser l’Egypte ». Le roi Abdallah a également mis en garde contre toute ingérence dans les affaires de l’Egypte. Les Emirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn se sont aussi ralliés à la position saoudienne. Seuls le Qatar, parrain de la confrérie, et la Tunisie, où le parti au pouvoir appartient à la mouvance islamiste, ont condamné le régime égyptien.
Selon Nourhan Al-Cheikh, politologue, le gouvernement égyptien peut compter sur l’appui des pays du Golfe. « Il s’agit de cartes de pression importantes sur l’Administration américaine, car les Américains ont des intérêts importants dans la région du Golfe », conclut Al-Cheikh.
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