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Barrage, les bons offices de l’Algérie

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 10 août 2021

Alors que les négociations sur le barrage éthiopien de la Renaissance sous l’égide de l’Union africaine sont au point mort, l’Algérie propose une nouvelle médiation pour les relancer.

Barrage, les bons offices de l’Algérie
L’Egypte et le Soudan exhortent l’Ethiopie à un retour sérieux aux négociations sur le barrage de la Renaissance.

« Nous espérons que l’Algérie fera partie d’une solution du dossier du barrage de la Renaissance », a affirmé le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le 31 juillet, lors de sa visite au Caire. Lamamra a proposé aux trois pays la tenue d’une réunion sous les auspices de l’Union Africaine (UA) afin de parvenir à des solutions satisfaisantes. Cet appel à la reprise des négociations intervient à un moment critique en raison de la poursuite des décisions éthiopiennes unilatérales alors que le Conseil de sécurité ne s’est pas prononcé sur le projet de résolution tunisien présenté lors d’une séance consacrée au barrage, le 8 juillet dernier, à l’appel de l’Egypte et du Soudan.

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a salué les efforts de médiation algériens, soulignant l’importance que des négociations sérieuses aient lieu, permettant de parvenir à un accord global et juridiquement contraignant sur les règles de remplissage et de fonctionnement du barrage. De son côté, la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam Al-Sadek, s’est félicitée de la médiation algérienne, soulignant la nécessité de changer la « méthode des négociations pour ne pas laisser le dossier traîner comme auparavant », alors que le ministre soudanais de l’Irrigation, Yasser Abbas, a retiré la revendication soudanaise d’impliquer le Quartet international aux côtés de l’UA. L’Ethiopie s’est également dite prête à relancer les négociations et a demandé à l’Algérie de jouer un rôle constructif pour corriger ce qu’elle a appelé les « fausses idées sur le dossier du barrage ».

L’initiative algérienne est-elle en mesure de faire bouger l’eau stagnante ? Professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, Tarek Fahmi estime que « l’Algérie peut réussir là où les autres initiatives ont échoué ». Pour lui, trois facteurs principaux jouent en faveur de la réussite de cette initiative. Premièrement, les bonnes relations entre l’Algérie et les trois pays concernés. Alger a réussi à gagner leur accord de principe sur une reprise des négociations. Ensuite, l’Algérie, et spécifiquement Lamamra, dispose d’une grande expérience dans le domaine de la sécurité et de la paix dans le continent africain. C’est un ancien commissaire pour la paix et la sécurité au sein de l’UA et a participé à plusieurs opérations de médiation en Afrique. Selon Fahmi, le troisième facteur, c’est que l’Algérie a la volonté de jouer un rôle régional et de devenir un médiateur principal dans le règlement des crises arabes et africaines.

Des garanties avant toute chose

Conseiller du Centre des études politiques et stratégiques d’Al-Ahram, Hani Raslan estime que le plus important que la relance des négociations c’est la présence de garanties de bonnes intentions de la part de toutes les parties. « Il faut se méfier des intentions éthiopiennes. Addis-Abeba peut se contenter d’assister à cette réunion sans l’intention de parvenir à un accord, et dans ce cas, il s’agira d’une nouvelle perte de temps ». Il poursuit : « Pour que la réunion soit utile, l’Ethiopie doit s’engager, avant la relance des négociations, à arrêter le remplissage et la construction du barrage jusqu’à ce qu’un accord contraignant soit conclu ».

Un avis partagé par Fahmi, qui estime que le président Abdelmadjid Tebboune contactera probablement les leaders des trois pays ainsi que le président de l’UA afin d’élaborer une vision détaillée de sortie de l’impasse.

Outre l’Algérie, plusieurs pays ont également appelé à la reprise des négociations, notamment l’Union européenne, la Russie, les Etats-Unis et le Kenya. Il reste que tout appel au retour des négociations nécessite un calendrier fixe pour ne pas retomber dans le même cercle vicieux qui persiste depuis dix ans.

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