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Vie décente : Le nouveau visage de l’Egypte

May Al-Maghrabi, Mardi, 09 mars 2021

L’inclusion de l’initiative « Vie décente » dans la plateforme des partenariats de l’Onu pour le développement durable met en relief son importance. L’occasion de revenir sur les acquis de la première phase et les objectifs de la deuxième, lancée en mars.

Vie décente : Le nouveau visage de l’Egypte
4 500 villages doivent être développés au cours de la deuxième phase, sur une période de trois ans, avec un budget de plus de 500 milliards de L.E.

Les nations-unies viennent d’inclure l’initiative présidentielle, « Vie décente », dans les projets de la plateforme de partenariats pour les objectifs de développement durable de l’organisation. Dans son rapport, l’Onu a salué sa contribution à atténuer les effets négatifs de la pandémie du Covid-19, en améliorant le niveau de vie des sociétés rurales les plus nécessiteuses, en créant des offres d’emploi et en fournissant les services essentiels et les aides aux familles défavorisées. Dimanche 7 mars, le président Sissi s’est réuni avec le premier ministre, Moustapha Madbouli, les ministres du Développement local, de la Planification, du Logement et de la Santé, ainsi que le président de l’Autorité du génie des forces armées pour suivre le plan d’exécution du projet national du développement de la campagne. « Le président Sissi a enjoint de redoubler le nombre des convois médicaux, des cliniques mobiles et des ambulances envoyés aux villages dans le cadre de l’initiative. Il a aussi ordonné d’oeuvrer en parallèle à développer les centres médicaux et les hôpitaux existants dans ces villages », a rapporté Bassam Rady, porte-parole de la présidence, dans un communiqué. Le président a passé en revue les travaux de renouvellement des réseaux d’eau potable et de drainage sanitaire dans les villages ainsi que le modèle proposé pour la maison rurale développée et a souligné l’importance d’améliorer les services offerts aux villageois « qui représentent environ la moitié de la population du pays ». Par ailleurs, le président a jugé nécessaire de mettre à jour la base des données sur le plan de développement des villages dans le cadre de l’initiative pour qu’elle soit « exacte », « de façon à permettre aux instances de l’Etat d’avoir des informations précises et une vision claire sur les détails du projet, qui sont des facteurs essentiels pour la réussite de l’initiative sur le terrain », a souligné le président.

Un intérêt particulier accordé à ce projet national, comme l’indique la ministre de la Planification et du Développement, Hala Al-Saïd, qui a déclaré, dans un communiqué, que sous les directives du président Sissi d’étaler au niveau mondial l’importance de l’initiative en tant qu’une des initiatives internationales visant à localiser le développement durable aux sociétés rurales, son ministère avait présenté une demande de l’intégrer dans la plateforme des grands projets de développement durable de l’Onu. « L’adoption de cette demande représente une reconnaissance onusienne du rôle pionnier de l’Egypte dans la réalisation des objectifs de développement durable dans les communautés rurales que représente l’initiative, dont 17 des objectifs sont conformes à ceux du développement durable de l’Onu », s’est félicité la ministre, précisant qu’il s’agissait d’un méga-projet destiné à développer 4 500 villages, sur une période de 3 ans, avec un budget dépassant les 500 milliards de L.E. Il associe gouvernement, société civile, secteur privé et partis politiques autour d’un seul but.

Gamil Helmi, responsable de « Vie décente » auprès du ministère de la Planification, indique que cette initiative répond aux critères de l’Onu, dans la mesure qu’il s’agit « d’une initiative ayant des objectifs précis, mesurables, réalisables dans une période déterminée, exécutée par des ressources disponibles et contribuant à la mise en oeuvre du Plan de développement durable 2030. D’autant plus que ses objectifs sont, dans leur majorité, en conformité avec les objectifs du programme de l’Onu pour le développement durable ». Parmi ces objectifs, il cite la localisation des objectifs du développement durable dans les sociétés rurales, la réduction du taux de pauvreté de 14 % comme l’envisage l’initiative, l’élimination de la faim, l’amélioration de la couverture sanitaire de 18 %, la qualité de l’éducation de 20 % ainsi que la fourniture des services élémentaires dont l’eau potable et les réseaux du drainage sanitaire. A cela s’ajoute la réalisation d’une croissance économique via des projets de développement en créant des milliers d’offres d’emploi en mesure de réaliser l’autonomisation économique des habitants. « Des objectifs faisant de cette initiative un projet de développement socioéconomique sans précédent au niveau du monde », estime-t-il.

Plan plus inclusif pour la 2e phase

Sur un autre volet, le député Tareq Al-Kholi, membre du Comité de coordination des jeunes des partis et des politiques (CPYP), salue une initiative qui répond aux principes des droits de l’homme à une vie digne, garantie par la Constitution, et instaure une véritable justice sociale. « C’est une fierté pour tout Egyptien de voir ce changement positif dans la vie des habitants de la campagne, longtemps marginalisés. Aujourd’hui, le développement de ces villages leur a permis d’avoir accès aux infrastructures nécessaires, à un emploi, à des services éducatifs et sanitaires de qualité. D’autant plus que les bienfaits des projets mis en place s’étendront à la hausse de la productivité de la campagne et l’amélioration de l’économie nationale », estime Al-Kholi.

Ainsi, après la réussite de la première phase de l’initiative, lancée en juillet 2019 par le président Sissi et qui a couvert 375 villages (voir encadré), la deuxième phase a démarré le 1er mars et devrait être achevée en 2024. Elle concerne 1 500 villages dans 20 gouvernorats, avec un nombre de bénéficiaires total de 50 millions d’individus. 20 instances et ministères participent à l’initiative nationale en coopération avec plus de 23 ONG, des centaines d’hommes d’affaires qui représentent le secteur privé, ainsi que des partis politiques représentés par le CPYP et le parti Mostaqbal Watan. Sur le terrain, 10 000 personnes participent à l’exécution de l’initiative, dont des volontaires.

Le plan de cette phase est plus inclusif au niveau des objectifs, de la zone démographique et des participants, comme l’indique Khaled Abdel-Fattah, directeur de l’initiative « Vie décente » au ministère de la Solidarité sociale. Il affirme que dans cette phase, l’initiative accorde la priorité au financement des petites et moyennes entreprises, ainsi qu’aux micro-entreprises, à la prestation des services sociaux, éducatifs et culturels. « Les interventions dans le cadre de l’initiative comprennent l’autonomisation économique, les services à la famille et à l’enfance, la sensibilisation sanitaire, ainsi qu’une gamme de services liés au développement et à l’autonomisation sociale des citoyens », détaille Abdel-Fattah.

Quatre axes

L’initiative, qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie de développement durable « Egypte 2030 », porte sur quatre axes : améliorer le niveau de vie, développer les infrastructures, améliorer la qualité des services et réaliser un développement économique. Et ce, en mettant en place un plan de développement intégral des sociétés rurales en y réduisant la pauvreté et le chômage, améliorant les services sanitaires, éducatifs et les infrastructures, notamment la fourniture d’eau potable et l’installation des réseaux de drainage sanitaire.

Le ministère de la Planification a lancé, début janvier dernier, un système électronique pour identifier les besoins et les domaines de développement dans les villages visés par l’initiative, tout en préparant un plan pour les diverses interventions nécessaires. « Cela permettra d’améliorer les portées de l’initiative en lançant des plans de développement en fonction d’une base de données exactes. La numérisation de l’élaboration des plans facilitera le suivi de leur exécution et le règlement des problèmes qui surviennent », a déclaré Al-Saïd.

Sur un autre volet, le ministre de la Production militaire, Mohamad Morsi, s’est réuni vendredi 5 mars avec le président de l’Organisation Arabe pour l’Industrialisation (OAI), le général Abdel-Moneim Al-Teras, pour étudier le plan exécutif de fourniture des équipements et des matériaux nécessaires pour le développement des villages. « Ce méga-projet national représente une importante opportunité pour localiser l’industrie et dépendre plus des composants locaux comme a enjoint le président Sissi », a déclaré le général Al-Teras.

Investir dans le capital humain

Selon le responsable du ministère de Solidarité sociale, la deuxième phase de l’initiative a pour principaux axes la durabilité et l’investissement dans le capital humain pour pouvoir réaliser le développement intégral envisagé dans ces villages. « Outre le développement des infrastructures, la fourniture des logements décents et les offres d’emploi, des programmes destinés à étendre l’ombrelle de protection sociale, en particulier pour ceux ayant des besoins spéciaux, élever les compétences des habitants mais aussi les sensibiliser aux défis entravant le développement, dont la croissance démographique, la toxicomanie et la violence, seront inclus dans le plan d’exécution de cette phase qui accordera un intérêt particulier aux enfants, aux femmes et aux jeunes », explique-t-il, se félicitant de ce projet de développement intégral traitant tous les volets sociaux, économiques, urbains, éducatifs et sanitaires, pour assurer aux habitants de ces villages des conditions de vie digne. Il conclut que « l’initiative, qui s’effectue dans une situation pandémique pesante, ne pourrait pas réaliser ce succès et apporter ses fruits sans le soutien du président Sissi à ce projet national qui changera le visage de la campagne, marginalisée depuis des décennies. Un challenge qu’a relevé l’Egypte aujourd’hui ».

La première phase en chiffres

Lancée en juillet 2019, la première phase de l’initiative « Vie décente » a visé le développement de 375 villages parmi les plus pauvres dans 14 gouvernorats où le taux moyen de pauvreté a dépassé les 70 %. Le plan de développement de cette phase a consisté à fournir les services essentiels à ces villages dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des infrastructures, (eau potable, électricité, gaz, réhabilitation des routes et logement). L’identification de ces villages nécessiteux s’est effectuée en référence au recensement de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) du taux et du schéma de pauvreté. 23 ONG, en plus du secteur privé, ont participé à la première phase sous la supervision du ministère de la Solidarité sociale. Un budget de 13,5 milliards de L.E. a été consacré à cette phase dont ont bénéficié au total 4,5 millions de personnes. Sur les 375 villages, les plans de développement d’infrastructures et de réforme économique ont été achevés dans 143 villages (1,8 million de bénéficiaires), alors que les travaux sont en cours dans les 232 villages restants (2,7 millions de bénéficiaires). Un total de 2 180 projets de développement économique et d’infrastructures ont été lancés dont 600 ont été déjà achevés, et le reste est en cours d’exécution. Les projets consistent en la restauration de 21 974 maisons, la fourniture de 354 unités de logement aux familles à faible revenu, 150 000 pour ceux à revenu moyen, 262 000 aux habitants des bidonvilles. Pour diminuer la densité dans les classes, 1 100 classes de capacité d’accueil de 44 000 élèves ont été établies, ainsi que 51 centres médicaux. Par ailleurs, 186 525 familles démunies ont profité des aides sociales et économiques présentées, alors que 113 909 personnes ont bénéficié des services des convois médicaux envoyés.

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