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Libye : Un accord cautionné par Le Caire et l’Onu

May Al-Maghrabi, Mardi, 26 janvier 2021

Les pourparlers interlibyens tenus à Hurghada se sont soldés par un accord sur l'organisation d'un référendum sur la Constitution avant les élections prévues décembre prochain.

Libye : Un accord cautionné par Le Caire et l’Onu
Les réunions des délégations du parlement et du Conseil suprême de l’Etat libyen ont été tenues du 18 à 21 janvier à Hurghada.

La station balnéaire d'Hurghada, sur la mer Rouge, a accueilli, du 18 à 21 janvier, la deuxième réunion du Comité constitutionnel composé des délégations du parlement et du Conseil suprême de l’Etat libyen, tenue sous les auspices des Nations-Unies. Des réunions qui se sont soldées par un accord sur l’organisation d’un référendum constitutionnel avant les élections législatives du 24 décembre. « L’Egypte se félicite de l’accord intervenu entre les parties libyennes à Hurghada et apprécie les efforts qui ont conduit à l’accord sur la tenue d’un référendum sur le projet de Constitution en vue des élections libyennes », a indiqué le ministère des Affaires étrangères égyptien dans un communiqué. Et d’ajouter : « De nouveaux pourparlers se tiendront en Egypte, du 9 au 11 février, en vue de fixer la feuille de route pour le référendum et les élections ».

Il a été notamment convenu de tenir un référendum concernant la copie du projet de Constitution, élaborée par la Constituante libyenne et de modifier l’article relatif à la majorité requise pour adopter la Constitution. Les parties libyennes réunies en Egypte ont demandé à la Mission d’Appui des Nations-Unies en Libye (MANUL) d’aider à activer leur décision et de fournir le soutien nécessaire à la tenue du référendum une fois la date fixée.

Le chef du Comité national égyptien chargé des affaires libyennes a souligné aux parties libyennes, lors des réunions d’Hurghada, l’importance de mettre de côté les divergences et de profiter de l’actuelle « occasion historique » de parvenir à un consensus apte à favoriser la tenue des élections nationales libyennes et à mettre terme à la crise libyenne.

Une avancée qui coïncide avec l’annonce faite la semaine dernière par la MANUL sur la conclusion d’un accord libyen sur les mécanismes de sélection de la nouvelle autorité exécutive au pays. « Les Libyens ont désormais une réelle opportunité de choisir un gouvernement provisoire pour réunifier leurs institutions grâce aux élections nationales démocratiques tant attendues », a déclaré l’émissaire par intérim de l’Onu en Libye, Stephanie Williams. « Si vous ne parvenez pas à un accord sur les dispositions constitutionnelles nécessaires à l’organisation d’élections, cela aura des répercussions très négatives sur d’autres pistes, y compris la sécurité et la situation économique », a-t-elle mis en garde. Par ailleurs, au cours d’un appel vidéo, lors des réunions de Hurghada, Williams a salué l’accueil de l’Egypte des réunions des parties libyennes et « ses efforts incessants pour résoudre la crise libyenne ainsi que la volonté politique engagée en faveur de la stabilisation de la Libye ».

Les enjeux du Caire

La Libye est dotée actuellement d’une Constitution provisoire datant de 2011 et d’un projet de loi fondamentale dont certains articles sont controversés. Depuis 2015, deux autorités en Libye se disputent le pouvoir, le Gouvernement d’union nationale (GNA) à Tripoli, soutenu par la Turquie, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, homme fort de l’Est. Les deux camps ont conclu un cessez-le-feu en octobre dernier et retrouvé le chemin du dialogue, encouragés par l’Egypte, qui a lancé en juin 2020 l’initiative de paix en Libye baptisée « la Déclaration du Caire ».

D’où l’importance de l’accord d’Hurghada sur les arrangements constitutionnels pour éviter aux protagonistes libyens de rechuter dans les clivages, comme l’indique Ahmad Eleiba, expert au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques, affirmant que « l’Egypte en coordination avec la délégation onusienne a joué un rôle primordial pour mener la Libye sur le chemin de la tenue des élections législatives », indique l’expert, saluant le récent accord qui s’inscrit dans le cadre d’un processus de paix plus large en Libye. Il met en exergue que les efforts de l’Egypte en Libye émanent d’une volonté d’y rétablir sécurité et stabilité via un règlement politique global et durable. Une volonté motivée, selon lui, par son rôle régional mais surtout par son souci de préserver sa sécurité nationale que menace directement l’insécurité en Libye. « Consciente du fait que le processus politique en Libye risque de déraper notamment dans la région est, l’Egypte est entrée, au cours de ces derniers mois, en contact avec toutes les parties libyennes sans exception pour éviter un tel scénario. L’approche de l’Egypte est basée sur les clauses de la Déclaration du Caire, à savoir le maintien du cessez-le-feu, le retrait complet des milices et l’arrêt de l’intervention étrangère dans le pays, ainsi que la réglementation du processus de la formation des institutions parlementaires et présidentielles », explique l’expert, ajoutant que le rôle de l’Egypte dans la crise libyenne jouit de l’appréciation internationale vu la crédibilité de ses efforts.

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