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Barrage : Retour à la table des négociations

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mercredi, 04 novembre 2020

Les négociations sur le barrage de la Renaissance, parrainées par l’UA, ont repris le 27 octobre. Objectif affiché : établir un calendrier de travail et définir des objectifs permettant de conclure un accord sur les questions en suspens. Explications.

Barrage : Retour à la table des négociations
Les ministres des Affaires étrangères et de l'Irrigation des pays réunis en vidéoconférence le 27 octobre.

L’Egypte,le Soudan et l’Ethiopie, qui ont entamé dimanche 1er novembre un nouveau round de négociations sur le barrage de la Renaissance, ont décidé de former une équipe de six négociateurs pour faciliter les pourparlers, a annoncé dimanche le ministère soudanais de l’Irrigation dans un communiqué. « Les trois parties ont accepté de poursuivre les discussions par l’intermédiaire d’une équipe de six négociateurs, deux de chaque pays », a précisé le communiqué. Cette équipe doit établir un cadre de référence sur le rôle des experts pour faciliter les négociations et rédiger un rapport qui sera remis aux ministères de l’Irrigation des trois pays. Les négociations, en suspens depuis plusieurs semaines, ont repris au terme d’une réunion virtuelle le 27 octobre au niveau des ministres des Affaires étrangères et de l’Irrigation des trois pays.

Tenue par vidéoconférence, cette session de négociations doit durer une semaine et réunit les ministres de l’Irrigation des trois pays, ainsi que des représentants de l’Union africaine, de l’Union européenne et de la Banque mondiale. Les Etats-Unis et le Fonds monétaire suivent également les discussions. Objectif : rédiger un rapport à l’Union africaine sur les moyens de faire avancer les négociations, établir un plan de travail détaillé et un calendrier précis pour les négociations. Un rôle plus important sera accordé aux observateurs internationaux et aux experts techniques comme recommandé par le Soudan. « On ne peut pas poursuivre les négociations avec les mêmes méthodes qui ont mené à l’impasse », explique Yasser Abbas, ministre de l’Irrigation soudanais. D’ailleurs, Saleh Hamad, à la tête de la délégation soudanaise aux négociations, a déclaré que Khartoum avait présenté plusieurs propositions donnant un plus grand rôle aux experts et aux observateurs dans le processus de négociation afin de rapprocher les points de vue entre les trois pays. De son côté, le ministre de l’Irrigation et des Ressources hydriques, Mohamad Abdel-Atti, a affirmé que l’Egypte veut parvenir à un accord consensuel. « Ce round vise à cristalliser les résultats des négociations parrainées par l’Union africaine tenues en août dernier », a indiqué le ministre. Lors des entretiens tenus le 27 octobre au Caire entre le président Abdel-Fattah Al-Sissi et le président du Conseil souverain du Soudan, Abdel-Fattah Al-Burhan, les deux dirigeants ont exprimé leur volonté de parvenir à un accord contraignant sur les règles d’exploitation du barrage. Une revendication que l’Egypte a réitérée dimanche lors des négociations.

Concernant le rôle plus important qui sera accordé aux observateurs, Abbas Chéraki, expert hydraulique, explique : « Cette fois-ci, les observateurs devraient jouer un rôle plus important pour rapprocher les points de vue et préparer le brouillon de l’accord. Sur le plan technique, les experts détermineront les règles de remplissage et les quantités d’eaux à stocker dans le réservoir surtout en cas de sécheresse prolongée », explique Chéraki. Le politologue Ayman Chabana pense, lui, que l’Egypte doit s’attacher à la signature, par l’Ethiopie, de l’accord de Washington. « Conclure un nouvel accord sera une perte de temps. Mieux vaut que l’Egypte et le Soudan insistent sur le fait de parachever l’accord de Washington qui a apporté des solutions équitables à la plupart des questions controversées », insiste Chabana.

Eviter l’échec

Afin d’éviter un nouvel échec des négociations, l’ancien ministre de l’Irrigation, Mohamad Nasr Allam, estime qu’il serait plus efficace que les négociations se déroulent en présence des ministres des Affaires étrangères des trois pays et ceux de l’Irrigation. « Les points litigieux nécessitent un accord politique et technique pour les résoudre. L’expérience a prouvé que les négociations au niveau des ministres de l’Irrigation aboutissent rarement à une avancée. Tous les points de discorde qui persistent nécessitent la présence d’un acteur politique pour les prises de décision », explique-t-il.

Il pense que les pourparlers doivent se focaliser sur les principaux différends et la conclusion d’un accord contraignant pour toutes les parties sur le fonctionnement du barrage. « C’est très important pour l’Egypte, surtout en ce qui concerne les futurs projets éthiopiens sur le Nil et la gestion du barrage durant la saison de sécheresse. Tous les points techniques peuvent être sujets à un compromis. Le rôle de l’Union africaine sera déterminant au cours de cette phase », pense Allam. En cas d’échec des négociations, la situation se compliquera et le dossier pourrait être déféré à nouveau au Conseil de sécurité des Nations-Unies, conclut Allam.

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