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L’impossible réconciliation

Mohamed Abdel-Hady, Mardi, 30 juillet 2013

La première séance de la « réconciliation nationale et de la justice transitionnelle » a eu lieu cette semaine en l’absence des islamistes.

L’impossible réconciliation
L'initiative de réconciliation reste incapable de contenir la tension politique.

La réunion qui s’est déroulée le 24 juillet au palais présidentiel d’Héliopolis a été inaugurée par le président intérimaire Adly Mansour. Il s’agissait, dans un contexte de tension grandissante, de la première séance de la « réconciliation nationale et justice transitionnelle ». Mais en l’absence notable de représentants du courant islamiste.

Le vice-président pour les relations étrangères, Mohamed ElBaradei, le premier ministre Hazem Al-Beblawi, et le ministre de la Justice transitionnelle et de la Réconciliation nationale, Amin Al-Mahdi, étaient présents aux côtés des dirigeants des principales formations laïques et un nombre d’intellectuels et de personnalités publiques. Tandis que la confrérie des Frères musulmans a fait du retour de Mohamad Morsi au pouvoir une condition préalable pour participer à tout dialogue.

Selon son porte-parole Mohamad Aref, la confrérie a refusé cette invitation parce qu’elle provient d’une « autorité illégitime », et parce qu’il « ne pourra pas y avoir de réconciliation tant que le sang coule ». Tout en « regrettant » l’absence des partis islamistes, les responsables réunis sont restés intransigeants sur les questions de sécurité et de lutte contre le « terrorisme ».

Lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion, le conseiller du président pour les affaires politiques, Moustapha Hégazi, a affirmé que la réconciliation ne concernait pas « ceux qui ont eu recours à la violence et au terrorisme ». A ce propos, Hégazi a annoncé la création dans les jours à venir d’une instance ad hoc qui sera chargée de mettre en place une série de législations pour le jugement de tous ceux qui auraient commis des actes de violence.

Mais pas question de considérer les demandes des Frères relatives à la « légitimité » du président déchu. « Les conditions posées par le courant islamiste sont susceptibles de tuer dans l’oeuf le processus de réconciliation », affirme Essam Chiha, avocat et cadre du parti libéral néo-Wafd. « Les Frères musulmans se sont exclus eux-mêmes en pratiquant la violence, en sollicitant à plusieurs reprises l’intervention étrangère dans les affaires intérieures de l’Egypte et en choisissant de s’adresser aux Etats-Unis plutôt qu’aux Egyptiens », accuse-t-il. Maha Abdel-Nasser, secrétaire générale adjointe du Parti Egyptien social-démocrate, en arrive à la même conclusion. « Tant que les islamistes n’auront pas abandonné la violence il sera difficile d’envisager un dialogue », dit-elle. « La réconciliation nationale n’est plus à l’ordre du jour, les séances de dialogue se focaliseront désormais sur la justice transitionnelle », prévoit à son tour Emad Gad, du même parti. Pour lui, les Frères musulmans évitent le processus parce qu’ils sont conscients que leurs dirigeants seront traduits en justice.

Entre-temps, une initiative de réconciliation proposée par des personnalités islamistes, notamment les juristes Sélim Al-Awa et Tareq Al-Béchri, et l’écrivain Fahmi Howeïdi, prévoyant une restauration « symbolique » du président déchu et l’organisation d’une élection présidentielle anticipée n’a pas été prise en considération.

L’initiative a été qualifiée d’irréaliste par le conseiller médiatique d’Al-Azhar, Mohamad Mehanna. « Il faut traiter avec la réalité », dit-il. Invoquant sa « responsabilité de guider le peuple à travers cette période dangereuse », Al-Azhar avait mis tout son poids derrière l’initiative de la présidence. « S’abstenir d’y participer est une position négative à un moment où il faut placer l’Egypte au-dessus de toute considération partisane », plaide Mehanna.

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