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Coopération égypto-soudanaise

May Al-Maghrab, Mardi, 18 août 2020

Le premier ministre, Moustapha Madbouli, a effectué samedi une visite d’un jour à Khartoum, accompagné d’une délégation de haut rang. Au menu des discussions : le barrage éthiopien de la Renaissance et le renforcement des relations bilatérales.

Coopération égypto-soudanaise
Madbouli et Hamdok lors des négociations à Khartoum.

Le premier ministre, Moustapha Madbouli, a effectué samedi une visite d’un seul jour à Khartoum où il s’est entretenu avec son homologue soudanais, Abdallah Hamdok, le président du Conseil soudanais de souveraineté, le général Abdel-Fattah Al-Burhan, ainsi que le vice-président du conseil, le général Mohamed Hamdan Dogolo. Pour sa première visite officielle au Soudan depuis la formation du gouvernement soudanais de transition en 2019, Madbouli était accompagné d’une délégation de haut rang composée notamment des ministres de l’Irrigation et des Ressources hydriques, de l’Electricité, de la Santé, du Commerce et de l’Industrie. La crise du barrage de la Renaissance, le renforcement de la coopération bilatérale et la coopération politique et sécuritaire ont été au menu des pourparlers égypto-soudanais. La visite intervient sur fond de tensions avec l’Ethiopie sur le barrage de la Renaissance. « L’Egypte soutient la transition au Soudan et les aspirations du peuple soudanais au progrès et à la prospérité », a déclaré Madbouli, lors d’une conférence de presse conjointe tenue à l’issue des négociations avec son homologue soudanais. Madbouli a réaffirmé l’engagement de l’Egypte à soutenir le Soudan dans sa demande d’être retiré de la liste américaine des Etats qui parrainent le terrorisme « de façon à lui permettre de mieux s’intégrer dans l’économie mondiale et de bénéficier du soutien des institutions financières internationales », a affirmé le premier ministre. « Cette visite a pour objectif d’améliorer la coopération entre les deux pays dans divers domaines », a déclaré, pour sa part, Abdallah Hamdok.

La question du barrage

La visite de Madbouli a permis de formuler une position commune sur l’impasse des négociations autour des règles de remplissage et d’exploitation du barrage de la Renaissance. « Il faut parvenir à un accord contraignant qui préserve les intérêts des trois pays selon la Déclaration de principes signée en 2015 », souligne le communiqué conjoint. En revanche, l’Egypte et le Soudan ont renouvelé leur refus à toute mesure unilatérale soulignant que « les trois pays doivent être engagés par un accord qui inclut un mécanisme de règlement des litiges ».

Les négociations tripartites parrainées par l’Union Africaine (UA) ont repris mardi 18 août. Les négociations avaient été suspendues deux semaines, à la demande de l’Egypte et du Soudan, pour protester contre la demande d’Addis-Abeba de lier la gestion du barrage à un accord plus large sur le partage des eaux du Nil bleu. Ayman Abdel-Wahab, spécialiste des affaires africaines au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, explique : « Il était nécessaire que les deux pays en aval aient une position commune sur le barrage éthiopien pour contrer les manoeuvres éthiopiennes. Une entente qui renforcera les positions dans les négociations et devant la communauté internationale, surtout que le dossier est soumis au Conseil de sécurité ». Et d’ajouter : « L’Ethiopie a autrefois exploité les différends égypto-soudanais et a promis au Soudan de l’électricité bon marché. Aujourd’hui, le Soudan s’est rallié à l’Egypte et exige lui aussi un partage équitable des eaux du Nil », estime Abdel-Wahab, soulignant l’importance des accords de liaison électrique entre l’Egypte et le Soudan.

Projets communs

Liaison électrique, infrastructures et coopération dans les domaines de la santé, de l’éducation et du commerce ont été au menu des négociations de Madbouli et Hamdok. « Les relations bilatérales ne se limiteront plus aux paroles. Le temps est désormais à la concrétisation des projets communs dans divers domaines, afin de servir les intérêts mutuels », a déclaré Madbouli. La coopération dans le domaine des transports a été l’un des dossiers prioritaires abordés, surtout qu’il existe déjà un projet de liaison ferroviaire entre le Soudan et l’Egypte. Il a été décidé d’activer le comité technique permanent égypto-soudanais qui se réunira dans les prochains jours pour étudier la suite à donner au projet de liaison ferroviaire. « Le développement des transports devrait ouvrir des perspectives plus larges de coopération économique et commerciale entre les deux pays », a déclaré Madbouli. La coopération dans le domaine de la navigation maritime, notamment l’utilisation des ports de la mer Rouge, a été également au menu des discussions bilatérales. Par ailleurs, selon un communiqué du cabinet égyptien, les deux premiers ministres se sont mis d’accord sur l’augmentation de la capacité du projet de liaison électrique entre les deux pays qui passera de 70 mégawatts à 300 mégawatts. « Les résultats positifs de cette visite reflètent la conscience des deux pays quant à l’importance d’établir une nouvelle phase de coopération servant leurs intérêts mutuels », estime l’ambassadeur Salah Heleima, vice-président du Centre égyptien pour les affaires africaines. Et de conclure : « Le rapprochement entre l’Egypte et le Soudan est rendu nécessaire par les défis communs, dont la menace du barrage de la Renaissance, l’instabilité régionale, la menace terroriste et les crises politiques et économiques auxquelles est confronté le Soudan ».

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