Al-Ahram Hebdo : Comment interprétez-vous l’augmentation du nombre de malades et de décès dus au coronavirus ?
Chérif Wadie : Les chiffres sont trompeurs. La première lecture révèle une augmentation du nombre de décès, mais la réalité est tout autre. En fait, les chiffres des cas de décès ont diminué par rapport au début du virus en Egypte. On oublie souvent qu’un chiffre ne veut rien dire par lui-même et que le pourcentage des décès doit être calculé par rapport au nombre total de contaminations. Si par exemple on divise les 46289 contaminations par les 1672 nouveaux décès, on obtient un résultat de 3,5%. C’est un chiffre tout à fait normal. En fait, la plupart des décès sont des personnes âgées et des personnes souffrant de maladies chroniques (hypertension, diabète) ou cardiaques.
— Et pourquoi, d’après-vous, l’Etat construit des hôpitaux de campagne ?
— Il s’agit d’une mesure de prévention adoptée par l’Etat. Il y a trois types de Covid-19. Le type A, le type B et le plus dangereux d’entre eux, le type C. Si par hasard ce dernier type se propage, les hôpitaux ne pourront pas accueillir le nombre croissant de malades. Raison pour laquelle l’Etat a décidé de créer ces hôpitaux pour être prêt à affronter cet éventuel scénario.
— Qui va gérer et financer ces hôpitaux ?
— Le premier hôpital dépend de l’Université de Aïn-Chams. Il est géré de la même manière que les centres hospitaliers universitaires. Il a été créé pour aider l’hôpital de Aïn-Chams essentiellement à séparer les malades de coronavirus des malades ordinaires. Donc, tout malade de coronavirus sera confiné dans cet hôpital, ce qui laisse un peu d’espace libre pour traiter les autres malades.
— Quelle est la capacité actuelle des hôpitaux publics consacrée aux malades de Covid-19 ?
— 15 % de la capacité des soins intensifs est consacrée aux malades de coronavirus en état critique. En outre, 20 % de la capacité des hôpitaux est occupée par les malades du coronavirus. Il y a 22000 malades atteints du coronavirus dans les hôpitaux dans les divers gouvernorats d’Egypte. Environ 8000 personnes ont été isolées dans leurs maisons, et 19 000 fréquentent les hôpitaux du ministère de la Santé. Sans oublier l’application électronique Séhat Masr (Santé de l’Egypte) destinée aux malades isolés à domicile. Grâce à cette application, les patients sont suivis par les médecins du ministère qui les orientent vers le protocole de traitement chacun selon son cas. Au début du mois de mai, l’application Séhat Masr a enregistré près d’un million de visiteurs entre malades et personnes à la recherche de conseils médicaux.
— Quelles sont les mesures adoptées par le ministère pour préserver la vie des médecins ?
— Le ministère applique le protocole de préservation du corps médical. 70 cas de décès ont été enregistrés parmi les médecins depuis le début de la pandémie, car ils sont les plus exposés à la contamination, comme c’est le cas dans le monde entier. Le ministère applique les mêmes protocoles que ceux appliqués dans le monde entier. Quand on doute qu’un médecin est atteint du Covid-19, celui-ci effectue aussitôt un PCR et il est immédiatement isolé pendant quatorze jours. On impose au corps médical le respect de la distanciation sociale. En outre, on fait passer des tests aux médecins avant de rentrer chez eux pour s’assurer qu’ils ne sont pas atteints.
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