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Les demandes des médecins prises en compte

May Al-Maghrabi, Lundi, 08 juin 2020

Le gouvernement a répondu aux demandes de l’ordre des Médecins, notamment en ce qui concerne la livraison rapide du matériel de protection contre le Covid-19 destiné au corps médical. Objectif : permettre au personnel soignant d’accomplir sa mission dans les meilleures conditions possibles.

Les demandes des médecins prises en compte

« Le gouvernement soutient les équipes médicales et leur présente tous les moyens nécessaires pour pouvoir accomplir leur mission ». La déclaration du premier ministre, Moustapha Madbouli, illustre la pleine appréciation du gouvernement des efforts du corps soignant, en première ligne de défense contre la pandémie depuis son apparition en Egypte, mais aussi le souci de répondre à leurs demandes.

Sur fond de controverse sur le manque de soins médicaux et de matériel de protection au personnel soignant dans les hôpitaux de confinement, Moustapha Madbouli s’est réuni, jeudi 28 mai, avec une délégation de l’ordre des Médecins, présidée par Hussein Khaïri, en présence du conseiller du président de la République pour les affaires de la santé et de la prévention, Awad Tagueddine. La réunion a notamment passé en revue les problèmes qu’affrontent les médecins dans les hôpitaux de quarantaine ainsi que les moyens d’assurer une plus haute protection pour le corps soignant afin de lutter contre la contamination par le virus.

De son côté, le président de l’ordre des Médecins a jugé « positive » la réunion, dans la mesure où elle a permis de discuter ouvertement des problèmes et des craintes des médecins. « On a parlé avec le premier ministre des difficultés auxquelles fait face le corps médical dans les hôpitaux de quarantaine et il a promis d’oeuvrer à les régler. En tête des sujets abordés figurent le manque de matériel de protection, les problèmes de formation pour les praticiens qui doivent traiter des patients atteints du Covid-19, la question des tests PCR et la réponse lente en ce qui concerne l’hospitalisation ou le traitement des médecins infectés », indique Khaïri.

Des revendications légitimes que le premier ministre a satisfaites par un nombre de décisions destinées à minimiser les risques de contamination parmi les équipes médicales, mais aussi à récompenser leurs sacrifices. Ainsi, il a été décidé d’augmenter les tests PCR effectués pour le personnel soignant (selon Madbouli, jusqu’à présent, déjà 20 000 tests rapides de détection du coronavirus et 8 900 tests virologiques « RT-PCR » leur ont été effectués dans tous les hôpitaux) et de mettre en vigueur la décision de la ministre de la Santé prise le 26 mai de consacrer un étage dans chaque hôpital d’isolement d’une capacité de 20 lits pour le traitement du personnel médical infecté.

Concernant la plainte des médecins du manque de matériel de protection, Madbouli a affirmé qu’il n’existe aucune pénurie, mais la faute revient au système administratif bureaucratique adopté dans les hôpitaux. « Ce problème sera définitivement réglé et on vérifiera quotidiennement avec les directeurs des hôpitaux la suffisance de matériel de protection », s’est engagé Madbouli, affirmant sa pleine disponibilité à intervenir en personne pour régler tout autre problème qui surviendra dans l’avenir en coordination avec l’ordre des Médecins. Par ailleurs, il a annoncé que la promotion des médecins internes de 2019 sera chargée de travailler dans les hôpitaux dépendant du ministère de la Santé pour faire face à la crise du coronavirus, alors que les médecins externes de la promotion 2020-2021 seront formés sur le travail aux soins intensifs et la lutte contre l’infection.

Enquête

Autant de décisions qui viennent satisfaire les revendications des médecins et tuer dans l’oeuf une crise que « les ennemis de la patrie ont tenté d’exploiter pour discréditer les efforts importants que déploient l’Etat avec son peuple et son gouvernement depuis l’apparition de la pandémie », a commenté, jeudi 28 mai, le président Sissi sur son compte officiel Twitter.

Le déclic de la tension entre l’ordre et le ministère de la Santé a été le décès, le 24 mai, du jeune médecin âgé de 32 ans, Walid Yéhia, à l’hôpital de Mounira, contaminé par le coronavirus. L’ordre des Médecins a alors publié, lundi 25 mai, un communiqué alertant d’une « catastrophe sanitaire » à venir, si le ministère de la Santé ne procure pas les mesures nécessaires pour la protection du personnel soignant dans les hôpitaux de quarantaine.

Un communiqué qu’ont investi certains pour alimenter la tension en véhiculant via les réseaux sociaux des rumeurs sur des démissions collectives parmi les médecins. Barrant la route à de telles tentatives, le ministère de la Santé a ouvert une enquête urgente sur la mort de ce médecin et a annoncé que « des lacunes administratives à l’hôpital avaient été derrière cette affaire et que les mesures nécessaires seraient prises contre les responsables », selon le communiqué. Niant tout laxisme, la ministre de la Santé, Hala Zayed, a souligné que depuis le début de la crise, son ministère n’a épargné aucun effort pour protéger le personnel soignant conformément aux directives présidentielles.

Chiffres à l’appui, la ministre a souligné la disponibilité des stocks de matériel de protection : 247 000 masques N95, 73 000 masques à haut rendement, 5,5 millions de masques médicaux, 33 000 gants médicaux, 331 000 gants stériles, 4 700 lunettes de protection et 228 000 combinaisons médicales fournis aux équipes médicales. Or, selon Hussein Khaïri, président de l’ordre des Médecins, le problème réside dans l’application des décisions. Il indique que l’ordre a reçu plusieurs plaintes de la part de médecins sur le manque de matériel de protection, évoquant la lenteur et les problèmes administratifs liés à la livraison de ce matériel. D’autres médecins se plaignaient du refus du ministère d’effectuer périodiquement des tests PCR pour les médecins fréquentant des cas positifs.

« Les médecins accomplissent un important rôle patriotique et leurs revendications ont pour but de pouvoir continuer à l’accomplir. Il est vrai que ces tests PCR sont coûteux, mais il est important d’assurer le maximum de protection au personnel soignant pour éviter qu’il ne se transforme lui-même en une source de contamination », s’explique Khaïri, qui se dit satisfait de l’interactivité du premier ministre, exprimant son souhait que les mesures annoncées soient immédiatement mises en vigueur. Dans ce contexte, le député Mohamad Al-Ammari, de la commission de la santé, juge évidente la réponse du gouvernement pour contenir la crise. « La gestion lucide du premier ministre de cette affaire a avorté les tentatives des Frères musulmans de semer la zizanie dans les rangs des médecins, de démoraliser le peuple et de discréditer les efforts du gouvernement à lutter contre la pandémie. Des mesures saluées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et qui ont évité un scénario pire », indique Al-Ammari, rappelant la considération de l’Etat envers le corps médical et les décisions prises en avril dernier destinées à améliorer leurs conditions salariales et professionnelles.

Cela dit, il ne nie pas qu’il existe certaines défaillances à revoir. « Tous les pays du monde ont été pris de court face à la pandémie, et il est normal que des failles surgissent ; dans ce cas, il faut oeuvrer à y remédier comme le fait le gouvernement », dit-il, donnant pour exemple la décision du premier ministre de régler les problèmes liés à la lenteur bureaucratique dans la distribution du matériel de protection.

Vision partagée par Chérif Wadie, conseiller de la ministre de la Santé pour les urgences, qui reconnaît que les revendications des médecins émanent d’une volonté de relever le défi de taille auquel fait face le pays et dont ils assument une grande partie. Il réitère que le nombre d’infections parmi les équipes médicales reste inférieur aux chiffres mondiaux. « Cela prouve que le ministère applique un protocole de prévention assurant une protection pour les équipes médicales conformément aux normes définies par l’OMS », ditil. Et d’ajouter : « Il faut cependant prendre en considération la situation actuelle avec une augmentation des cas atteints qui a franchi le seuil des 20 000, alors que le nombre des médecins reste insuffisant, la tâche se complique. Ce qui nécessite une meilleure coordination pour pouvoir surmonter tout problème potentiel, loin de toute surenchère ».

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