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Se préparer aux défis d’avenir

May Al-Maghrabi, Mardi, 05 novembre 2019

L’Egypte prend part du 1er au 8 novembre à trois exercices militaires conjoints avec la Russie, le Pakistan et la Jordanie. Une coopération qui vise à renforcer les capacités de l’armée et à explorer de nouveaux terrains d’action.

Se préparer aux défis d’avenir
Les exercices militaires permettent à l'armée égyptienne d'échanger les expériences et de renforcer ses capacités.

Les forces terrestres, navales et aériennes de l’armée égyptienne participent cette semaine à une série d’exercices militaires avec le Pakistan, la Jordanie et la Russie. Ces exercices sont destinés à renforcer les capacités de combat de l’armée et à échanger les expertises avec les armées des pays partenaires de l’Egypte.

C’est la première fois que l’Egypte effectue un exercice militaire sur le sol pakistanais, où des parachutistes égyptiens sont arrivés dimanche 27 octobre. Baptisé « L’aube de l’Orient-1 », il s’agit du premier exercice du genre organisé par le Pakistan, avec la participation des forces spéciales égyptiennes, pakistanaises et jordaniennes. D’autres pays y prennent part en tant qu’observateurs. Cet exercice se déroule du 1er au 8 novembre au Centre national de la lutte contre le terrorisme, dans la ville pakistanaise de Bab-i-Alamgr. « L’exercice s’inscrit dans le cadre de la coopération militaire entre les forces armées égyptiennes et les pays frères et amis », a indiqué le colonel Tamer Al-Réfaï, porte-parole de l’armée, dans un communiqué publié sur sa page officielle Facebook.

De son côté, le commandant des forces spéciales pakistanaises, le major Gen Mumtaz Hussein, a salué la participation de l’Egypte et de la Jordanie à ces manoeuvres « qui confirment l’évolution des relations militaires entre les trois pays vers un partenariat », a souligné Hussein. L’exercice a démarré par une parade militaire des forces participantes ainsi que par l’exposition des armes et des équipements utilisés. « L’exercice a inclus plusieurs activités typiques et atypiques ainsi que des opérations de lutte contre le terrorisme », a indiqué le colonel Al-Réfaï.

Les ministres de la Défense de l’Egypte et du Pakistan avaient convenu, lors de leur rencontre en janvier 2018 au Caire, de la nécessité de renforcer leur coopération militaire, notamment au niveau du transfert de l’expertise militaire entre les forces armées des deux pays.

Amitié égypto-russe

Simultanément, le premier exercice conjoint égypto-russe impliquant des troupes de défense antiaérienne a démarré vendredi 1er novembre en Egypte. Il doit durer deux semaines. L’exercice se déroule sur le territoire d’un centre de formation tactique pour les troupes de défense antiaérienne. Baptisé « Flèche de l’amitié », il vise à s’entraîner à « l’utilisation tactique des systèmes de défense aérienne modernes », précise le communiqué du ministère de la Défense. Le partenariat militaire entre Le Caire et Moscou s’est renforcé depuis 2014. Les deux pays ont signé des contrats d’armement d’une valeur de 3,13 milliards d’euros en septembre 2014. Les exercices conjoints égypto-russes, « Les défenseurs de l’amitié », se déroulent régulièrement depuis 2016 sur fond de coopération renforcée en matière de lutte antiterroriste. Dans son combat contre le fléau du terrorisme, l’Egypte coopère aussi avec des pays arabes, dont la Jordanie. Vendredi 1er novembre, l’exercice militaire antiterroriste égypto-jordanien « Aqaba 5 », organisé en Egypte dans la zone militaire sud, s’est achevé. Les forces terrestres, navales et aériennes ainsi que les forces spéciales des deux armées ont participé à cet exercice, dont « la dernière phase a vu une opération conjointe pour éliminer les terroristes prenant d’assaut des foyers dans des villages frontaliers », a déclaré le porte-parole de l’armée. Et de préciser que certains avions de chasse ont effectué des opérations de reconnaissance aériennes pour vérifier la présence des terroristes, avant que des ingénieurs militaires n’interviennent pour sécuriser les zones et détecter les engins explosifs. En parallèle, les forces navales des deux pays ont pris d’assaut une île vitale sur la côte de la mer Rouge, après l’avoir purgée des éléments terroristes armés.

L’exercice incluait aussi des entraînements conjoints sur la prise d’assaut de repaires terroristes, la libération d’otages, la résistance aux éléments terroristes armés, l’invasion de bâtiments et d’installations et la destruction de cibles hostiles. « Les participants ont démontré un niveau élevé de professionnalisme et leur capacité à travailler en équipe, ce qui soutient les efforts de rétablissement de la sécurité dans la région », a indiqué le communiqué.

Se préparer aux défis d’avenir
La stratégie préventive de l'Egypte est basée sur le développement de l'armée au niveau de l'armement.

Objectifs communs

Le général Nasr Salem, professeur à l’Académie militaire Nasser, souligne que « vu les menaces régionales, méditerranéennes et internationales, dont en tête le terrorisme, devenu une menace transfrontalière, l’Egypte tient à participer régulièrement à ces exercices conjoints et à diversifier sa coopération militaire avec maints pays, dont récemment le Pakistan. Cela permet à l’Egypte d’apprendre des tactiques différentes et de connaître le type d’armement et la doctrine militaire d’autres pays et vice-versa », explique Salem.

Selon l’expert, « assurer la sécurité régionale et lutter contre le terrorisme et la migration illégale sont des enjeux communs que partagent les partenaires étrangers de l’Egypte pour protéger leurs intérêts régionaux ». Salem explique que l’Egypte, qui procède depuis quelques années à la modernisation de son armée, profite des exercices conjoints, que ce soit avec les Etats-Unis, la Russie, la France ou d’autres pays avec lesquels elle a conclu des contrats d’armement, pour s’entraîner à manipuler les différents types d’armes. « L’acquisition des armes est importante, mais la maîtrise de leur utilisation est plus importante. Et c’est l’un des principaux objectifs de ces exercices conjoints », souligne Salem.

Pour rappel, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a procédé, depuis 2014, à la reconstruction de l’armée. Il a conclu des contrats d’armement avec divers pays. Une orientation que le général Hicham Halabi, conseiller à l’Académie militaire Nasser, juge positive, puisqu’elle assure l’indépendance politique, garantit la continuité de la fourniture d’armes et accroît les capacités de l’armée au niveau technique et militaire. « La stratégie militaire préventive de l’Egypte, basée sur le développement de l’armée au niveau de l’armement et de la formation, lui a permis de défendre ses territoires et ses intérêts. Dans un contexte régional troublé et de menaces accrues en Méditerranée avec la résurgence des conflits sur l’exploration des champs gaziers et les menaces iraniennes en mer Rouge, l’Egypte doit avoir une armée forte », affirme Halabi. L’armée égyptienne est classée première aux niveaux arabe et africain et douzième au niveau international, selon la classification du « Global Fire Power » de 2019.

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