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Lutte contre les migrations clandestines : Une stratégie payante

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 08 octobre 2019

Le gouvernement a publié son rapport annuel sur la lutte contre les migrations clandestines. Basé sur la sensibilisation, le développement et le contrôle des frontières, ce plan aurait déjà permis de réduire considérablement le nombre de candidats prêts à quitter le pays illégalement.

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« 16 400 citoyens ont bénéficié des activi­tés du programme de lutte contre les migrations clandestines », révèle le rapport annuel du gouvernement qui devra être pré­senté au parlement. Le rapport passe en revue les efforts de l’Egypte en matière de lutte contre les migrations illégales sur la période courant de juillet 2018 à juin 2019. Il souligne la baisse notable des migrations illégales et du trafic d’êtres humains. Une réussite due, selon le rapport, à la stratégie adoptée portant sur la formation, la sensibilisation des jeunes et la création d’offres d’emplois. Une straté­gie dont le but est de permettre à ces citoyens égyptiens de ne pas quitter le pays illégale­ment.

Au cours de la période recensée, 17 pro­grammes de formation qu’ont organisés 397 entraîneurs spécialisés dans le domaine de la sensibilisation contre les migrations clandes­tines ont eu lieu dans plusieurs gouvernorats, alors que 115 programmes de sensibilisation ont touché 3 896 familles des gouvernorats de Haute-Egypte.

Par ailleurs, le rapport met en relief l’impor­tance de la participation active de l’Egypte à la Conférence internationale du « Pacte mondial de l’Onu sur les migrations », qui s’est tenue en Egypte en février 2018 et qui s’est soldée par l’adoption d’un premier pacte internatio­nal sur la lutte contre ce phénomène inquiétant l’Afrique comme l’Europe.

L’ambassadrice Naëla Gabr, présidente du Comité national interministériel de coordina­tion de la lutte contre les migrations illégales, explique que la stratégie nationale 2016-2026 est en mesure de s’attaquer à ce phénomène. « Depuis 2016, aucun cas de migration clan­destine sortant des frontières égyptiennes n’a été enregistré », selon Naëla Gabr.

Décryptant cette stratégie, Maha Arafat, membre de ce comité, estime que les avan­cées en matière de lutte contre les migrations clandestines sont dues à cette stratégie qui inclut les volets législatifs, économiques et sociaux. « Les peines condamnant ce crime sont devenues dissuasives alors que des mesures sécuritaires renforcées ont permis de contrôler les frontières. En parallèle, des campagnes de sensibilisation ont été partout menées auprès des jeunes pour leur faire connaître les dangers que représentent les migrations clandestines. De plus, des stages de formation ont été organisés pour la police, les avocats et les juges sur les moyens de s’attaquer à ce phénomène », indique Maha Arafat.

Créer plus d’emplois

L’avocat Achraf Milad, spécialiste des affaires de migration, estime que, pour empê­cher le départ des jeunes, des alternatives doivent leur être proposées. Il indique qu’il existe deux types de migrations économiques, qui consistent soit à la fuite des jeunes en quête de meilleures chances de travail ou liées au contexte politique de leur pays d’ori­gine. « En Egypte, les migrations illégales sont d’ordre économique. C’est pourquoi le gouvernement a lancé des projets de dévelop­pement pour créer des offres d’emploi pour les jeunes. En outre, la création de la nou­velle ville de Damiette et le projet de pisci­culture, d’Al-Ghalioun dans le gouvernorat de Kafr Al-Cheikh, ont offert des milliers de chances d’emplois. Si les jeunes trouvent du travail convenable dans leur pays, ils ne ris­queront pas leur vie en migrant illégale­ment », explique Milad.

La coopération égypto-européenne repré­sente également un facteur important dans la réussite du plan gouvernemental, comme l’affirme Ghada Helmi, spécialiste dans le domaine de la lutte contre les migrations clandestines. « Le concept de cette coopéra­tion consiste non seulement à empêcher le départ des bateaux des frontières égyp­tiennes, mais aussi à travers l’investissement dans des pays en développement, dont l’Egypte, et qui aiderait à s’attaquer aux facteurs favorisant les migrations illégales, comme le chômage et la pauvreté », indique Helmi. L’Egypte coopère aussi avec les pays africains qui représentent l’une des plus grandes sources de migrations illégales qui font de l’Egypte un pays de transit vers l’Eu­rope.

« Présidente de l’Union africaine, l’Egypte exhorte l’Europe d’investir en Afrique, afin de créer des opportunités de travail pour les jeunes africains et oeuvrer aussi à transmettre sa stratégie de réussite à l’Afrique », note Arafat.

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