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Egypte-Iraq, nouvelle ère de coopération

May Al-Maghrabi, Mardi, 26 mars 2019

En visite en Egypte, le premier ministre iraqien a été reçu par le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Au centre des discussions : la contribution du Caire aux efforts de reconstruction en Iraq et la lutte contre le terrorisme.

Egypte-Iraq, nouvelle ère de coopération
Le président Sissi a affirmé l’engagement de l’Egypte à renforcer ses relations avec l’Iraq.

Le premier ministre iraqien a effectué sa première visite en Egypte depuis sa prise de fonction en octobre der­nier. Le chef du gouvernement ira­qien a été reçu par le président Abdel-Fattah Al-Sissi pour une séance d’entretiens suivie d’une conférence de presse conjointe, lors de laquelle les deux dirigeants ont déclaré qu’ils avaient convenu de renforcer leur coopération dans tous les domaines, dont la lutte contre le terrorisme, les crises régionales et les relations économiques.

Le président Sissi a affirmé l’engagement de l’Egypte à renforcer ses relations avec l’Iraq. « L’Egypte aspire à une nouvelle ère de coopé­ration fondée sur les intérêts des deux pays et le bien de leurs peuples », a affirmé le prési­dent Sissi. De son côté, le premier ministre iraqien a valorisé les relations de son pays avec l’Egypte qu’il a qualifiée de « pays frère », soulignant que l’Iraq d’aujourd’hui maintient de bons rapports avec les pays du monde comme avec les pays voisins, et n’envisage pas d’entrer dans des conflits comme auparavant. Il a annoncé que l’Iraq envisageait de lancer un certain nombre de projets d’investissements en Egypte dans les domaines des transports, du logement, de l’enseignement et de la culture.

Le dossier de la reconstruction de l’Iraq a été au centre des discussions entre les deux leaders. A cet égard, le président Sissi a affir­mé que les horizons de coopération entre les deux pays étaient « prometteurs », notamment après la défaite du groupe terroriste Daech en Iraq et le lancement du processus de recons­truction du pays. Le président Sissi a ajouté que l’Egypte est disposée à partager avec l’Iraq son expertise dans les méga-projets nationaux pour reconstruire les régions libé­rées des mains de Daech. L’expérience de l’Egypte en matière de reconstruction et la présence des entrepreneurs, et d’une main-d’oeuvre égyptienne qui a déjà travaillé en Iraq, favorisent cette coopération.

Par ailleurs, le premier ministre, Moustapha Madbouli, et son homologue iraqien ont assisté, dimanche, au Forum économique et commercial égypto-iraqien, en présence d’un nombre de ministres et d’hommes d’affaires des deux pays. Madbouli a estimé que le par­tenariat entre l’Egypte et l’Iraq doit être basé sur le lancement par les hommes d’affaires des deux pays de projets conjoints, la créa­tion de zones industrielles et la signature de mémorandums d’entente et de protocoles de coopération pour la reconstruction de l’Iraq. « Je me rendrai le mois prochain en Iraq pour négocier la participation de l’Egypte aux projets de reconstruction de l’Iraq », a révélé Madbouli. Magdi Sobhi, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, souligne l’importance de la participation de l’Egypte à la recons­truction de l’Iraq, surtout qu’elle a déjà parti­cipé à la reconstruction du Koweït en 2003. « Aujourd’hui, l’Egypte peut contribuer à la reconstruction de l’Iraq. A titre d’exemple, la ville iraqienne de Mossoul, occupée de 2014 jusqu’à 2017 par Daech, est aujourd’hui complètement détruite et nécessite de grands projets d’infrastructure pour la reconstruire. Ce que l’Egypte peut certes offrir vu son expérience dans ce domaine, surtout en matière d’électricité et d’eau », explique Sobhi. Pour rappel, le réseau public iraqien ne peut fournir que quelques heures d’électri­cité par jour, ce qui force les Iraqiens à recou­rir à des générateurs proposés par des entre­preneurs privés.

Le danger des combattants étrangers

Concernant la coordination entre l’Egypte et l’Iraq en matière de lutte antiterroriste, les deux dirigeants ont mis en garde contre le danger des fugitifs de Daech, défait en Iraq et en Syrie, mais dont les combattants représen­tent toujours une menace potentielle pour la sécurité régionale et internationale. « Nous devons affronter fermement le terrorisme et agir face au phénomène des combattants étrangers, qui est l’une des conséquences de la défaite de ce groupe terroriste », a souli­gné le président Sissi, exhortant la commu­nauté internationale à mettre en place un mécanisme d’action efficace face à l’exode des terroristes qui quitteront les zones frap­pées par la guerre pour se rendre dans les pays voisins. « Il faut combattre le terrorisme et pourchasser ceux qui financent, abritent ou soutiennent des groupes ou des éléments terroristes », a jugé le président Sissi. Une vision partagée par le premier ministre ira­qien qui a estimé que « le terrorisme n’est pas une organisation ou un groupe à com­battre, mais plutôt une idéologie à contra­rier ». Abdel-Mahdi a appelé à couper les ressources idéologiques et financières qui favorisent l’expansion du terrorisme. L’expert militaire Nasr Salem explique qu’il est néces­saire « d’éliminer tous les facteurs substan­tiels qui alimentent le terrorisme au niveau idéologique, social et politique. Et ceci parallèlement aux efforts visant à couper les ressources financières et logistiques dont profitent les groupes terroristes pour se pro­liférer », détaille Salem.

En ce qui concerne la menace que représen­tent les combattants étrangers, l’expert indique qu’après la défaite de Daech en Syrie et en Iraq, ses combattants ont quitté les villes pour s’installer dans des zones désertiques éloi­gnées. Selon l’Onu, Daech comptait jusqu’en août dernier de 20000 à 30000 combattants en Iraq et en Syrie. « Ces éléments fugitifs constituent une bombe à retardement. D’où l’importance de la coordination entre l’Egypte et l’Iraq sur ce dossier, notamment au niveau des appareils de sécurité et des services de renseignements, pour pourchasser ces élé­ments dans le but d’éviter la reconstruction de ce groupe terroriste ou sa relocalisation dans des zones d’influence alternative. C’est un dossier qui préoccupe les deux pays qui ont subi les conséquences du terrorisme », sou­ligne Salem. Selon le politologue Tarek Fahmi, le choix de l'Egypte pour le premier déplacement à l’étranger du chef du gouverne­ment iraqien montre l’importance stratégique de l’Egypte pour l’Iraq et reflète une volonté iraqienne d’instaurer une nouvelle phase de coopération. « Le sommet Sissi-Abdel-Mahdi a jeté les bases permettant de rétablir les ponts de coopération entre les deux pays, surtout que les positions de l’Egypte sont claires en faveur de l’unité et de la stabilité de l’Iraq », conclut Fahmi.

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