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6 Octobre : La grande victoire

May Al-Maghrabi, Mardi, 09 octobre 2018

L’Egypte a célébré le 45e anniversaire de la victoire d’Octobre 1973. Dans un discours prononcé à cette occasion, le président Abdel-Fattah Al-Sissi est revenu sur ce triomphe militaire qui a permis à l’Egypte d’établir la paix et de réaliser le développement.

6 Octobre : La grande victoire
Le président Sissi lors de la célébration de la victoire du 6 Octobre.

L’egypte a commémoré, samedi, le 45e anniversaire de la victoire du 6 Octobre 1973. Dans le cadre des festivités, les forces armées ont effectué des parades aériennes. Les communiqués de guerre de 1973 ont été diffusés sur les chaînes publiques et privées tout au long de la journée, aux heures où ils avaient été diffusés pendant la guerre. A cette occasion, le président a aussi gracié quelques centaines de femmes endettées condamnées à des peines de prison. Samedi, le président Sissi a prononcé une allocution félicitant le peuple pour cette victoire et évoquant ses enjeux et ses acquis. Il a de même visité jeudi le mémorial de l’ancien président Anouar Al-Sadate, auteur de cette victoire et architecte des accords de paix conclus avec Israël en 1978, et celui du président Gamal Abdel-Nasser. Par ailleurs, le président Sissi a présidé, jeudi, la réunion du Conseil suprême des forces armées au cours de laquelle il a passé en revue la situation sécuritaire, les mesures prises pour sécuriser les frontières maritimes et terrestres ainsi que les derniers développements de l’opération antiterroriste globale Sinaï 2018 (voir sous-encadré).

Une guerre pour la paix

6 Octobre : La grande victoire
Le président Sadate : un plan de guerre bien étudié.

Dans une allocution télévisée diffusée samedi, le président Sissi a félicité le peuple égyptien pour la victoire du 6 Octobre que « les experts militaires et stratégiques dans le monde s’efforcent encore aujourd’hui d’analyser ». Selon le président, c’est surtout grâce à la volonté des Egyptiens que cette guerre a été remportée. « C’est cette volonté qui a permis à l’Egypte de surmonter la défaite de 1967, reconstruire ses forces armées et mener une longue guerre d’usure, sous la direction du président défunt Gamal Abdel-Nasser. Un parcours qu’a poursuivi son successeur le président Mohamad Anouar Al-Sadate, héros de la guerre et de la paix, qui a conduit la guerre d’Octobre », a rappelé le président Sissi qui a tenu à saluer les forces armées arabes qui ont participé aux côtés de l’armée égyptienne à la guerre d’Octobre.

Rendant hommage aux martyrs, le président a affirmé que la victoire d’Octobre resterait gravée dans les mémoires. « Cette guerre a prouvé que l’Egypte est puissante à l’heure de la paix comme elle l’était à l’heure de la guerre, mais aussi que les capacités de notre armée nationale dépassent de loin toutes les estimations », a-t-il assuré. Et d’ajouter : « Le défi de la paix n’était pas moins important que celui de la guerre. La guerre ne visait pas seulement à récupérer les territoires occupés, mais aussi à instaurer une paix fondée sur l’équilibre des forces ». Le président a jugé que la guerre menée aujourd’hui par l’Egypte contre le terrorisme n’est pas moins importante que celle d’Octobre. A la fin de son allocution, le chef de l’Etat a appelé les Egyptiens à s’inspirer de la guerre d’Octobre pour réaliser de nouvelles victoires dans le domaine du développement.

Des leçons à tirer

45 ans après, la guerre d’Octobre 1973 continue à intéresser les analystes et les experts militaires. La plupart des historiens sont d’accord sur le caractère exceptionnel de la victoire d’Octobre. Nasr Salem, expert militaire et conseiller auprès de l’Académie militaire Nasser, précise que le plan de leurre stratégique et l’union entre l’armée et le peuple ont été les facteurs-clés de la victoire d’Octobre. « Grâce à des manoeuvres politiques habiles, le président Sadate a réussi à cacher ses préparations militaires et son intention de faire la guerre, alors que les Etats-Unis étaient convaincus que l’Egypte n’avait pas la capacité militaire nécessaire pour mener une guerre », explique Salem. Selon lui, cette guerre était un pari et un défi relevé par le président, l’armée et la population. « C’est cet esprit qui a donné lieu à la victoire ayant étonné le monde entier et a rétabli la dignité arabe. Il faut dire que cette victoire a été acquise en dépit des grandes capacités techniques de l’armée israélienne, qui, à l’époque, étaient supérieures à celles de l’armée égyptienne », ajoute Salem. Le président Sadate voulait effacer l’humiliation de la défaite de 1967 et détruire le mythe de l’armée israélienne invincible. Son objectif était une guerre offensive limitée, basée sur la traversée du Canal de Suez, la destruction de la ligne de Bar Lev et l’occupation de la rive est du canal sur une profondeur de 15 à 18 km, afin d’épuiser l’armée et l’aviation israéliennes et leur faire assumer le maximum de pertes. « L’objectif était d’obliger Israël à faire la guerre dans des circonstances défavorables. Israël comptait à cette époque à peu près 3 millions d’habitants. En temps de guerre, 20 % de la population est mobilisée. Or, Israël ne pouvait pas maintenir longtemps cette mobilisation pour ne pas affecter son économie », explique Salem. Le plan était donc de maintenir la pression sur Israël pour l’obliger à réclamer un cessez-le-feu ou une intervention de forces étrangères. « L’objectif de l’Egypte durant la guerre de 1973 n’était donc pas d’anéantir Israël, mais de briser la volonté de guerre israélienne et convaincre les Israéliens que la force seule ne peut pas garantir à Israël la sécurité », indique l’expert. Salem fait le lien entre la génération d’Octobre 1973 et la génération actuelle. « La guerre dans le Sinaï contre le terrorisme qui se déroule parallèlement à un plan de développement de la péninsule montre que l’armée et le peuple continuent à relever les défis du présent et à faire preuve de persévérance et de patriotisme dans la défense de la patrie », affirme Salem.

Au niveau politique, les répercussions de cette guerre, qui avait pour but de mettre fin aux agressions israéliennes et d’instaurer une paix équitable dans la région, sont aujourd’hui omniprésentes au Proche-Orient. C’est ce qu’affirme Hassan Salama, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. Selon lui, la décision de mener la guerre a été un tournant politique et stratégique, non seulement pour l’Egypte, mais aussi pour toute la région. « La leçon qu’on peut tirer, quatre décennies après cette victoire, est que la paix à laquelle elle a donné lieu est un modèle à suivre au Proche-Orient, même si le changement de la donne aujourd’hui complique le processus de paix, notamment israélo-palestinien », estime Salama, soulignant que pour l’Egypte, la victoire militaire aurait été provisoire si elle n’avait pas été accompagnée d’un objectif politique global.

Lecture partagée par le politologue Tareq Fahmi, qui a prouvé que récupérer des terres occupées ne passe pas uniquement par les moyens militaires, mais aussi par une diplomatie capable de saisir les opportunités. « Hélas, les pays arabes n’ont pas saisi la chance qui s’était présentée de négocier la paix après les accords de Camp David pour parvenir à un règlement équitable ou même pour trouver une base à un tel règlement », pense Fahmi. La victoire d’Octobre a permis à l’Egypte de libérer le Sinaï. En revanche, la guerre de 1973 restera dans la mémoire collective israélienne comme une défaite humiliante.

Liquidation de 52 takfiris et démolition de 7 foyers terroristes au Nord-Sinaï

Le commandement général des forces armées a annoncé, lundi 8 septembre, la liquidation de 52 takfiris et la démolition de 7 repaires terroristes au Nord-Sinaï, et ce, dans le cadre de l’opération antiterroriste globale Sinaï 2018, lancée en février dernier. Dans son communiqué numéro 28, le commandement a fait état des nombreux succès réalisés au cours des derniers jours dans le cadre des efforts déployés pour éradiquer le terrorisme dans les diverses régions stratégiques de l’Egypte.

Selon le communiqué, les forces armées ont accompli les missions suivantes :

— Elimination de 52 takfiris très dangereux et saisie d’une quantité d’armes et de munitions.

— Saisie et destruction de 26 véhicules et 52 motos sans immatriculation utilisés par les terroristes dans leurs opérations.

— Sur les frontières sud, arrestation de 102 migrants clandestins.

Par ailleurs, les gardes-frontières ont totalement contrôlé les régions frontalières à l’ouest et au sud du pays et ont renforcé leur présence pour faire face aux tentatives d’infiltration et de trafic d’armes. Selon le communiqué, un officier, un sous-officier et un soldat ont été tués dans ces opérations, qui se poursuivent dans le cadre de la protection de la patrie et du peuple égyptien.

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