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Maintenir le dialogue

Chaimaa Abdel-Hamid, Mardi, 31 juillet 2018

Participant les 28 et 29 juillet à la 6e Conférence de la jeunesse, à l’Université du Caire, le président Abdel-Fattah Al-Sissi est longuement revenu sur la réforme de l’éducation et de la santé.

Maintenir le dialogue
Le président a appelé les jeunes à avoir un rôle actif dans la société.

Samedi 28 juillet, les portes de l’Université du Caire étaient grand ouvertes à l’accueil de quelque 3 000 invités venus participer à la sixième Conférence nationale de la jeunesse, tenue sous le slogan « Pour bâtir l’être humain égyptien ». La conférence était consacrée à la discussion de deux dossiers auxquels le gouvernement accorde une priorité, à savoir la réforme de l’enseignement et du système de santé. Il s’agit de la première conférence de jeunesse au cours du second mandat du président Sissi et à laquelle participaient le premier ministre, Moustapha Madbouli, le ministre de la Défense, le général Mohamad Zaki, ainsi qu’un certain nombre de ministres, de députés et de personnalités publiques.

Avant la conférence, le président a participé à la réunion du Conseil suprême des universités. Une rencontre que la communauté universitaire attendait avec impatience, surtout que c’était la première fois qu’un président égyptien participe à cette réunion, comme l’explique Waël Kamel, membre du corps professoral à l’Université de Hélouan, qui note que cette rencontre a été une « chance pour présenter au président tous les problèmes auxquels sont confrontés les universités publiques et l’enseignement supérieur ».

Lors de son discours, le président Sissi a affirmé que « la réforme est un processus qui exige à la fois l’engagement du gouvernement et de la société ». Il a aussi fait savoir que « le programme du gouvernement se focalisera au cours des quatre prochaines années sur la réforme de l’enseignement, de la santé et la réforme administrative ». Hassan Salama, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire, indique que cette conférence a été une sorte de compte-rendu des plans gouvernementaux en matière d’enseignement et de santé. « Les thèmes de discussion et le nombre de séances sont moins nombreux par rapport aux précédentes conférences et, par conséquent, plus focalisés sur les questions qui hantent les esprits des Egyptiens », explique Salama. Il ajoute que le gouvernement a présenté des plans détaillés sur la réforme envisagée de l’enseignement et de la santé soutenus par des chiffres.

2019, année de l’éducation

Ainsi, le premier jour de la conférence a été consacré à la réforme de l’enseignement, un facteur-clé pour bâtir l’esprit et l’identité de l’Egyptien. La conférence a abordé les détails du nouveau système éducatif et a proposé des plans pour son application. Le président Sissi, qui a déclaré l’année 2019 année de l’éducation, a lancé le projet national pour le développement de l’éducation et a souligné que l’Egypte « tente aujourd’hui de résoudre le problème de l’enseignement et des cours particuliers », en affirmant que ce système ne peut pas réussir sans la coopération de la société, des médias et des intellectuels. Le ministre de l’Education, Tareq Chawqi, a déclaré que le ministère appliquera, à partir de septembre prochain, le nouveau système éducatif, basé sur la technologie moderne, la réflexion et la recherche, plutôt que sur la mémorisation. Une réforme censée révolutionner l’enseignement.

Selon le ministre, ce système remédiera à 50 % des problèmes de l’éducation scolaire à travers le changement radical des cinq années de l’éducation primaire et le remplacement total du système actuel du bac. Chawqi a précisé que l’enseignement primaire englobe 40 % d’élèves scolarisés sur un total de 22 millions d’élèves.

Sur un autre volet, le premier ministre, Moustapha Madbouli, a déclaré que le gouvernement envisage aussi de réformer la recherche scientifique, indiquant que 73 facultés gouvernementales et 8 universités privées ont été construites durant les quatre dernières années. « Le gouvernement oeuvre pour construire, durant les quatre prochaines années, 8 universités technologiques modernes, 11 universités gouvernementales et internationales et 100 facultés gouvernementales » a-t-il affirmé.

Santé : une réforme de fond en comble

Concernant le développement du système de santé, la ministre de la Santé, Hala Zayed, a affirmé au cours d’une session intitulée « Développer les assurances médicales » que l’Etat veut changer radicalement et globalement le système de santé. Et ce, dans l’objectif d’améliorer la qualité des services offerts dans les hôpitaux publics et de donner une meilleure formation aux médecins et aux infirmiers. Les plans du ministère de la Santé présentés lors de la conférence portent aussi sur l’élimination des listes d’attente des malades dans les hôpitaux publics, l’élimination du virus C, la fourniture de réserves stratégiques de vaccins, de médicaments et de lait industriel, ainsi que sur la réduction de la croissance démographique.

Pour rappel, l’Etat a réalisé un succès dans sa lutte contre le virus C. 1,8 million de citoyens atteints du virus C ont été traités. « Nous allons mener une enquête médicale sur 45 millions de personnes pour éradiquer le virus et dans ce cadre, nous avons contacté l’Organisation mondiale de la santé pour nous fournir les dernières technologies en coopération avec les forces armées », a souligné la ministre. Selon le premier ministre, 376 hôpitaux ont été construits et modernisés durant les quatre dernières années avec un coût d’environ 40 milliards de L.E. Et ceci alors que le gouvernement a construit 45 nouveaux hôpitaux au service du nouveau système d’assurance médicale dont la première phase devra être appliquée dans quelques mois.

Les messages du président aux jeunes

S’adressant aux jeunes présents, le président Sissi les a appelés à avoir un rôle actif. « Votre coopération est indispensable pour la réussite de toute réforme », a affirmé le président. Amal Mokhtar, chercheuse au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram et l’une des invités à la conférence, estime que la réforme de ces deux secteurs est une question qui préoccupe tous les Egyptiens. « Les plans de réforme ambitieux présentés par le gouvernement lors de la conférence ont certes un intérêt majeur. Mais leur mise en place nécessite un budget. Le gouvernement est-il prêt à les lancer ? Une question dont la réponse doit être étayée par des chiffres et un plan détaillé et échelonné », estime Mokhtar.

Pour Hassan Salama, le message essentiel du président aux jeunes a été l’importance de reconnaître les défis auxquels fait face le pays et le rôle censé être joué par les jeunes pour les relever. « Le président a abordé ces défis en toute franchise et a appelé les jeunes à assumer leur responsabilité et leur rôle pour affronter ces défis et redresser la situation », explique Salama. Il ajoute que l’enjeu de ces rencontres entre le président et les jeunes est d’établir un dialogue constructif permettant aux jeunes de présenter leur vision sur les questions politiques, économiques et sociales. « C’est un mécanisme efficace qui permet de former de futurs cadres ayant une maturité politique, mais aussi d’intégrer le point de vue de la jeunesse dans les démarches politiques », conclut-il.

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