Al-Ahram Hebdo : Votre ministre des Affaires étrangères est actuellement en Egypte. Quelles sont les raisons de cette visite ?
S.E. M. Cornel Alecse : C’est peut-être en relation avec une conjugaison de circonstances prometteuses ... Je suis nouvellement affecté comme ambassadeur et notre ministre des Affaires étrangères a pris assez récemment ses fonctions, donc il était normal que nous nous investissions dans la promotion et l’affinage de nos relations bilatérales avec la nouvelle Egypte. Et quand on parle de la nouvelle Egypte, ceci constitue aussi bien un pari professionnel de choix pour la diplomatie qu’une ambition de relever le défi et de travailler aux côtés de nos amis égyptiens pour la transition démocratique et économique et aussi pour l’épanouissement de son rôle pour la stabilité régionale.
Nous venons en amis pour partager nos expériences qui pourraient s’avérer utiles.
— Quel est l’état des relations bilatérales, notamment économiques et commerciales, entre l’Egypte et la Roumanie ?
— Comme tout le monde, nous jugeons que le potentiel en bilatéral a une logique et une dynamique spécifique allant au-delà des aléas des circonstances locales …
Nous nous félicitons pour le niveau record de nos échanges commerciaux de l’année dernière où nous avons franchi les 520 millions de dollars, malgré la disparition — due à la transition économique de la Roumanie — des produits classiques comme le fameux tracteur « Universal » qui a fait recette en Egypte lors des dernières décennies. Nous avons développé d’autres domaines comme les produits chimiques et les engrais, les pièces pour les trains et l’exportation de bois. Les investisseurs égyptiens manifestent un intérêt croissant à notre potentiel, dans le domaine traditionnel, des produits pharmaceutiques et dans l’extraction du pétrole entre autres.
— Au niveau politique, comment les relations ont-elles évolué après la chute de Hosni Moubarak ?
— Quelques-uns ont cru pouvoir faire des comparaisons entre nos deux anciens régimes. Pour ce qui est du nôtre, nous l’affirmons toujours : il a été dictatorial, excessivement centraliste et fondé sur la répression de la société civile. De ce fait, notre sympathie et notre solidarité furent immédiates et irréfléchies par rapport aux succès historiques du Printemps arabe en Tunisie, en Libye et en Egypte.
Notre ministre des Affaires étrangères de l’époque s’est rendu en Egypte et en Tunisie en 2011, quelques mois après la révolution du 25 janvier, avec notre message de soutien et d’amitié sincère et aussi une offre de contribuer aux programmes de renforcement de l’Etat de droit et des institutions démocratiques, financés par la Roumanie directement ou par le truchement du PNUD et d’autres organismes internationaux à hauteur de plus de 500 000 dollars.
Nous respectons sans faille le choix du peuple égyptien dans les élections législatives et présidentielles et attachons la plus haute importance au respect des principes démocratiques que nous-mêmes avons acquis après une longue période de dictature. Nous portons également un très grand respect au principe démocratique de la liberté d’expression politique, du pluralisme et de l’alternance du pouvoir par le libre choix des voix démocratiquement exprimées.
De plus, la Roumanie est depuis un bout de temps dans une situation de cohabitation politique interne parfois complexe, souvent sinueuse, mais nous sommes déterminés à démontrer à l’UE et à tous nos partenaires que nous respectons les plus hauts principes de la démocratie dans le but essentiel de l’intérêt national.
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