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Le Néo-Wafd promet un retour en force

May Atta, Mardi, 03 avril 2018

Le conseiller Bahaa Abou-Choqqa vient d'être élu président du parti libéral du Néo-Wafd. Les Wafdistes misent sur lui pour remettre sur les rails un parti en crise.

Le Néo-Wafd promet un retour en force
Abou-Choqqa a promis de travailler sur l’autonomisation des jeunes et la préparation des cadres politiques. (Photo : Amir Abdel-Zaher)

Le parti libéral du Néo-Wafd a élu, le vendredi 30 mars, le député et l’avocat éminent Bahaa Abou-Choqqa, nouveau président pour un mandat de quatre ans. Cinq figures étaient en lice pour ces élections, mais la compétition s’est limitée à deux candidats : Abou-Choqqa qui a remporté l’élection par 1 380 voix et son concurrent Hossam Al-Khouly, viceprésident du parti, qui a obtenu 900 voix. Ce dernier s’est dit prêt de coopérer avec le nouveau président pour le bien du parti. C’est dans un contexte de crises, dont souffre actuellement le Néo- Wafd, qu’est intervenue l’élection d’Abou-Choqqa, 80 ans, à la tête du parti. Ce qui a été vu de bon oeil par une majorité de ses membres, mais aussi de ses dissidents. Un optimisme qu’expliquent les promesses d’Abou-Choqqa faites à l’issue de sa victoire de retrouver la gloire et l’unité du parti et de le faire sortir de ses crises.

Dans des déclarations à Al-Ahram-Hebdo, Abou-Choqqa a affirmé qu’au cours de son mandat, il travaillera sur l’autonomisation des jeunes et la préparation des cadres politiques aptes à concurrencer à la présidentielle de 2022, aux prochaines élections législatives et municipales. « Je ne lésinerai pas sur mes efforts en vue de redonner au parti sa place importante qu’il avait toujours occupée sur la scène politique », a dit Abou-Choqqa, qui s’est engagé à oeuvrer à résoudre tous les problèmes politiques et financiers dont souffre le parti.

Plan ambitieux et défis de taille

En ce qui concerne le plan de réforme financière du parti, le nouveau président indique que comme tous les autres partis, le budget du Néo-Wafd compte sur les dons et la souscription. « Les hommes d’affaires, membres du parti, se sont dit prêts à financer le parti pour le faire sortir de sa crise. J’ai l’intention de développer le quotidien Al-Wafd pour qu’il soit un des principaux quotidiens en Egypte comme c’était le cas au passé. Sur le plan politique, on va rouvrir les bureaux du parti dans les gouvernorats pour attirer plus de nouveaux membres. Pour fortifier les bases populaires du parti, on envisage la multiplication des conférences populaires pour écouter les gens et chercher à résoudre leurs problèmes », détaille Abou-Choqqa.

Sous la présidence d’Al-Sayed Al-Badawi, un célèbre homme d’affaires qui a présidé le parti durant deux mandats à partir de 2010, le parti du Néo-Wafd a connu plusieurs crises. Les conflits internes ont atteint leur apogée en 2015. A cette date, plusieurs membres éminents du bureau politique qui se sont présentés comme le courant réformiste d’Al-Wafd ont démissionné du parti. Ils reprochaient surtout à Al-Badawi une gestion « irresponsable » qui a fait dévier le parti de sa ligne politique et idéologique en acceptant l’adhésion des anciens membres du Parti national démocrate de Moubarak, dissous à l’issue de la révolution de 2011.

Ce qui, selon eux, a contribué à la régression de la place qu’occupe Al-Wafd dans la vie politique, bien qu’il soit l’un des anciens partis politiques en Egypte, comme l’estime Essam Chiha, membre dissident du bureau politique du parti. « Sous Al-Badawi, qui ne cherchait qu’à protéger ses intérêts personnels, le parti a perdu son identité. Sa mauvaise gestion a donné lieu à une grave crise financière, à tel point que le parti a dû vendre plusieurs locaux dans des gouvernorats pour pouvoir payer les salaires des journalistes du quotidien Al-Wafd et des employés du parti », déplore Chiha.

Face à une telle situation, Abou- Choqqa est-il en mesure de relever le défi ? Pour y parvenir, Chiha lui conseille d’oeuvrer pour la réunification des rangs des Wafdistes et le retour à la ligne idéologique et politique libérale du parti. Pour sa part, Akram Al-Alfi, politologue, explique que le parti du Néo-Wafd n’a pas besoin d’un leader comme Saad Zaghloul, mais simplement d’une reformulation du discours politique afin qu’il soit en harmonie avec les principes du parti.

« Il est temps de rouvrir les canaux de dialogue avec les courants dissidents au sein du parti sur les moyens de lui redonner une crédibilité », estime Al-Alfi. Au-delà de la crise politique, Rami Mohsen, directeur du Centre national des recherches et des consultations parlementaires, craint qu’il ne soit pas facile de résoudre la crise économique ardue dont souffre le parti. Et c’est pourquoi il conseille au nouveau président élu à la tête du Néo-Wafd l'intégration des hommes d’affaires au parti. « Avoir un budget conséquent servira à augmenter le nombre des bureaux du parti dans les gouvernorats. L’argent peut aussi aider à organiser les conférences pour attirer plus de membres. L’argent est un facteur principal pour la réussite d’Abou- Choqqa », conclut-il.

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