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Egypte-Soudan : Entente confirmée

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 13 février 2018

Le Caire et Khartoum ont convenu, lors d'une réunion quadripartite, de surmonter leurs différends. Ils ont aussi décidé de mettre en place une feuille de route pour la relance de la coopération bilatérale dans tous les domaines.

L’Egypte et le Soudan sont déterminés à mettre fin à l’incompréhension ayant troublé leurs relations ces derniers mois. C’est la conclusion de la réunion quadripartite tenue, jeudi 8 février au Caire, au niveau des ministres des Affaires étrangères et des chefs de renseignements des deux pays. Objectifs : rapprocher les points de vue entre les deux pays sur les dossiers controversés. Pour y parvenir, les deux pays se sont donc mis d’accord sur la tenue de réunions périodiques au niveau des ministères des Affaires étrangères pour suivre les dossiers d’intérêt commun. « Les relations égypto-soudanaises sont éternelles et solides », a déclaré Sameh Choukri, ministre des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue soudanais, Ibrahim Ghandour, tenue à l’issue de la réunion. Il a été aussi décidé de mettre en place une feuille de route déterminant les plans et les mécanismes nécessaires pour renforcer la coopération entre les deux pays dans tous les domaines. De son côté, le ministre soudanais des Affaires étrangères a affirmé que les conditions étaient réunies pour le retour de l’ambassadeur soudanais au Caire, soulignant que « le dialogue aussi transparent que celui tenu lors de la réunion est le début du règlement des problèmes à l’origine du rappel de l’ambassadeur ».

Rassurant l’Egypte sur la présence turque sur l’île soudanaise de Suakin, proche des frontières égyptiennes, le ministre soudanais a affirmé qu’il n’était pas question d’y installer une base militaire truque. Le Soudan et la Turquie avaient signé le mois dernier un accord pour la maintenance turque de l’île de Suakin pour une période de 99 ans.

Rencontre fructueuse

Au niveau politique et militaire, il a été décidé, lors de la rencontre de jeudi, d’entamer les préparatifs pour la tenue d’un comité conjoint présidé par les présidents des deux pays et dont la date n’a pas été fixée. Les deux pays ont aussi discuté de la coopération militaire et sécuritaire bilatérale. Sur le dossier de l’eau, les deux pays ont réaffirmé leur engagement aux accords ratifiés sur le partage de l’eau du Nil, dont la déclaration de principe signée à Khartoum le 23 mars 2015. Il a été aussi décidé de réactiver les comités et les mécanismes conjoints, dont le comité consulaire, celui de commerce, la haute autorité technique conjointe de l’eau du Nil et l’autorité de la Vallée du Nil pour la navigation fluviale. Ils se sont mis d’accord de renforcer la coopération bilatérale dans les domaines de l’énergie, des projets d’infrastructures et de transport terrestre, maritime et aérien.

Au niveau de coopération entre les pays du bassin du Nil, les deux parties se sont mises d’accord sur la création d’un fonds de développement égypto-soudanoéthiopien. Il servira le financement des projets du développement et d’installation d’infrastructures entre les trois pays. Un des acquis les plus importants de cette rencontre, comme l’estime l’ancien diplomate Gamal Bayoumi. « La coopération entre les pays du bassin du Nil en matière de développement est la voie la plus sûre pour des relations fortes et stables. L’Egypte peut utiliser ce fonds pour bénéficier de l’eau du Nil, en plus de l’exploitation du sol agricole dans les deux autres pays et vice-versa », explique Bayoumi, indiquant qu’il s’agit d’une des recommandations du sommet tripartite, tenu le 29 janvier dernier, entre le président Abdel- Fattah Al-Sissi, le président soudanais, Omar Al-Béchir, et le premier ministre éthiopien, Haile Mariam Dessalegn, en marge du 30e Sommet de l’Union africaine.

Sur un autre volet, le député Hatem Bachat, membre de la commission des affaires africaines au parlement, met en relief l’importance d’une rencontre qui a permis de tuer dans l’oeuf une crise diplomatique entre deux pays frères dont les relations sont historiques et stratégiques.

Au cours des derniers mois, les tensions se sont renouvelées entre les deux pays, notamment à cause de l’accord conclu relatif à l’île de Suakin et de diatribes autour d’autres dossiers controversés, dont celui du triangle de Halayeb ou celui du barrage éthiopien de la Renaissance.

« Certes, cette rencontre a permis de parvenir à un consensus sur des dossiers controversés et surtout a barré la route à tous ceux qui voulaient exploiter les récentes divergences égypto-soudanaises pour semer la zizanie entre les deux pays », loue Bachat, soulignant la nécessité de poursuivre le dialogue et la coordination bilatérale.

Sur la même longueur d’onde, Amira Abdel- Halim, spécialiste des affaires africaines au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, estime que la réussite des négociations égypto-soudanaises est due en premier lieu à la franchise avec laquelle les deux parties ont traité les points de discorde sur certains dossiers. « Le plus positif de cette rencontre a été l’engagement de l’Egypte et du Soudan à se référer aux accords sur le partage de l’eau du Nil pour régler tout litige sur leurs quotas d’eau », souligne l’experte. « Les litiges sur le partage de l’eau du Nil doivent être négociés et réglés dans le cadre des conventions ratifiées, dont celle de 1959. De même, l’entente entre l’Egypte et le Soudan sur le dossier du partage de l’eau est un pas important permettant aussi de parvenir à un consensus avec l’Ethiopie sur le dossier du barrage de la Renaissance », souhaite-t-elle.

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