L’hôpital d’Al-Nasr offre les services d’assurance médicale à 64 000 retraités et 170 000 étudiants.
(Photo : Ola Hamdi)
Une foule de gens s’entasse dès les premières heures de la journée à l’entrée de l’hôpital qui dépend de l’Organisme des assurances médicales Al-Nasr, situé au quartier de Hélouan au sud du Caire. C’est le début du mois, date où beaucoup de patients viennent récupérer leurs médicaments mensuels prescrits par leur assurance médicale. D’autres attendent leur tour pour une consultation médicale comme hadj Saad, un septuagénaire qui cherche un guide pour l’amener à la clinique d’orthopédique au deuxième étage, où d’autres patients attendent, endormis, lassés par les longues heures d’attente.
La modestie de l’hôpital n’empêche pas cette grande affluence. L’hôpital d’Al-Nasr offre les services d’assurance médicale à 64 000 retraités et 170000 étudiants. « Je suis obligée de venir au début de chaque mois pour obtenir mes médicaments », explique Magda, une sexagénaire. Elle tient à obtenir ces médicaments, même s’ils ne semblent pas être efficaces. « Le taux de glycémie reste élevé malgré ma consommation régulière du médicament contre le diabète », dit-elle d’un ton désespéré. « Certains m’ont conseillée d’acheter les médicaments de la pharmacie, mais je ne peux payer de telles sommes, c’est pourquoi je suis obligée d’utiliser les médicaments subventionnés de l’assurance médicale, même s’ils ne sont pas efficaces », avoue-t-elle. Misant sur le nouveau système d’assurance prévue, elle s’attend à ce qu’elle bénéficie d’un meilleur service médical. « J’ai entendu parler d’un nouveau système d’assurance médicale pour mieux soigner les pauvres. Une des mes voisines m’a dit que quand il sera appliqué, je recevrai des médicaments efficaces et je pourrai être soignée dans de bons hôpitaux. Je prie Dieu que cela soit vrai parce que la maladie m’épuise de jour en jour et je n’ai plus la force d’attendre de longues heures à chaque fois que je viens prendre mes médicaments », souhaite-t-elle.
Sarah, une jeune fille de 20 ans, qui est venue chercher l’insuline pour sa soeur diabétique, est rentrée bredouille après de longues heures d’attente, pénurie d’insuline oblige.
Le manque de médecins est un autre problème dont souffrent les hôpitaux publics. Soad, une femme de 65 ans, attend tranquillement, les bras croisés, sur sa chaise l’arrivée du docteur. « Je suis venue ici à 7h du matin pour une consultation et je ne sais pas quand le médecin arrivera. On est obligé d’attendre pendant de longues heures », se plaint-elle. Pour Soad, c’est indispensable d’augmenter le nombre des médecins pour répondre au grand nombre des malades fréquentant quotidiennement l’hôpital. Mais ce n’est pas tout, elle se plaint aussi de l’incompétence et du mauvais traitement de la plupart des médecins à l’hôpital. « Je souffre de la vésicule biliaire et le médecin m’a donné un faux remède. Ce médecin est connu par ses faux diagnostics. J’ai porté plainte contre lui, mais en vain. Personne n’écoute, et seul le malade doit souffrir en silence parce qu’il est pauvre », regrette Samira, une autre patiente. Mais pour Mona, mère de 4 filles, peu importe d’attendre pour des heures, puisqu’enfin elle sera examinée et recevra les médicaments gratuitement. « J’ai réservé une consultation, mon numéro est 31 et je vais attendre. Je n’ai pas d’autres solutions. Je n’ai pas les moyens pour payer la facture d’une consultation privée ni acheter les médicaments à mes frais », dit-elle.
Les médecins se plaignent aussi
Mais il semble que le système déplaît aussi aux médecins. Nader Ahmad, chirurgien à l’hôpital Al-Nasr, ne touche que 700 L.E., une somme dérisoire qui ne correspond pas à la nature de son travail. « Chaque jour, j’examine au moins 70 malades. Est-ce juste que je touche un tel salaire qui n’équivaut même pas aux frais d’un seul malade dans certaines clinique privées ? », s’insurge le jeune chirurgien. En effet, les salaires médiocres que touchent les médecins dans les hôpitaux publics sont l’une des principales raisons décourageantes et qui expliquent que leur nombre est limité. Une situation dont souffrent aussi les infirmières. « Nous travaillons plus de 10 heures par jour sans toucher aucune prime. Pire, alors que la nature de notre métier nous expose aux risques d’infections ou de contamination, nous ne disposons d’aucune protection ou indemnisation en cas de maladie », se plaint l’infirmière Ikram.
Le mauvais état de l’infrastructure, le manque d’équipement et des moyens financiers, la pénurie de main-d’oeuvre à tous les secteurs de santé, les conditions salariales, la mauvaise qualité des services de santé, autant de maux parmi d’autres dont souffre le secteur de santé public. Le nouveau système d’assurance médicale sera-t-il apte à régler tout cela ?
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