Al-Ahram Hebdo : Votre mouvement a manifesté son soutien dimanche dernier au grand imam d’Al-Azhar. Seriez-vous d’accord pour dire que l’incident de l’intoxication alimentaire a été politisé ?
Abdel-Ghani Hendi : Oui, par les Frères. Ils l’ont exploité pour attaquer le grand imam, qui a rejeté les « soukouk » islamiques et refuse la marée chiite en Egypte. La position qu’occupe Al-Azhar, en tant que plus haute instance de l’islam sunnite et en tant qu’université prestigieuse qui attire des milliers d’étudiants provenant de tous les pays islamiques, incite le pouvoir à la placer sous son autorité. Or, l’Institution d’Al-Azhar est basée sur le pluralisme, la diversité et la modération.
— En quoi consistent les différends, surtout que les deux parties, que ce soit Al-Azhar ou les Frères, ont un même projet islamique ?
— Les deux parties ont un projet islamique, mais ce n’est pas le même. Au niveau du discours, mais aussi au niveau de l’objectif, il y a une différence majeure. Al-Azhar s’occupe de la prédication (daawa) et de l’éducation religieuse, tandis que les Frères musulmans s’intéressent à la politique. C’est normal alors qu’il y ait conflit.
— La nouvelle Constitution assure à Al-Azhar la possibilité de gérer ses affaires indépendamment du gouvernement et a immunisé le grand imam contre toute possibilité de limogeage. D’où vient votre inquiétude ?
—Constitution n’a pas donné ces assurances inconditionnellement. Elle se réfère toujours à la loi, alors que le législatif est dominé par les Frères. C’est pourquoi l’on travaille maintenant sur l’amendement de la loi 103 de l’année 1961, qui organise l’institution d’Al-Azhar, afin d’assurer son indépendance financière et administrative .
Lien court: