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Les failles de l'alimentation scolaire

Ola Hamdi, Vendredi, 24 mars 2017

Plusieurs centaines d'élèves du gouvernorat de Sohag ont été intoxiquées après avoir mangé un repas scolaire. L'efficacité des mesures de contrôle de l’alimentation scolaire est remise en cause.

Les failles de l

Mardi 14 mars, des centaines d’écoliers du gouvernorat de Sohag, en Haute-Egypte, ont été intoxiqués suite à la consommation d’un repas scolaire. Selon le gouverneur de Sohag, Ayman Abdel-Moneim, 2 243 cas d’intoxication ont été recensés dans 10 écoles. Il a assuré qu'« il n’y avait aucun cas de décès » et que « tous les élèves ont reçu les soins médicaux nécessaires et ont été guéris ».

Jeudi 16 mars, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a ordonné la formation d’un comité pour enquêter sur cet incident. Il a également demandé aux responsables de prendre toutes les mesures nécessaires afin de soigner les élèves. Al-Sayed Abdel-Halim, directeur d’une école primaire à Sohag, explique que ces repas sont distribués 3 fois par semaine aux élèves des écoles primaires. Suite à cet incident, le ministère de la Santé a déclaré l’état d’alerte maximum dans les hôpitaux de Sohag et a mobilisé des dizaines d’ambulances afin d’évacuer les malades.

Le porte-parole du ministère, Khaled Mégahed, a déclaré que « des échantillons de ces repas scolaires ont été prélevés. D’autres échantillons ont été prélevés sur l’eau potable. Ces prélèvements seront analysés par les laboratoires du ministère de la Santé ».

L’incident a déclenché la colère des parents et des députés du parlement qui critiquent la défaillance du système de contrôle des repas scolaires. En effet, depuis le début de l’année scolaire 2016-2017, 8 incidents similaires sont survenus dans les écoles de Haute-Egypte, faisant plus de 3 000 victimes.

Selon le ministre de la Santé, Ahmad Emadeddine, les résultats des enquêtes préliminaires ont démontré que les repas scolaires étaient mal stockés. Il a précisé que la Coopérative de Sohag est responsable du stockage des repas scolaires. Selon Mahmoud Fouad, directeur du Centre égyptien du droit à la médication, c’est le ministère de la Santé qui est responsable de ce genre d’incidents. « Le ministère est chargé de contrôler la date d’expiration et la qualité des aliments qui sont présentés aux élèves. Un mauvais stockage peut être la cause de cet incident, mais cela relève aussi des prérogatives du ministère de la Santé. Celui-ci est responsable de la fourniture et de la surveillance des lieux de stockage où les normes sanitaires adéquates doivent être respectées pour le stockage, l’aération, la température, etc. Un problème de stockage ne décharge pas le ministère de sa responsabilité », insiste Fouad.

Un système à revoir

Le budget annuel du programme d’alimentation scolaire est d’un milliard de L.E. et il bénéficie à près de 15 millions d’élèves. La responsabilité de sa gestion est partagée entre plusieurs ministères, notamment le ministère de la Solidarité sociale, de la Santé, de l’Agriculture, de l’Education et de l’Approvisionnement. Ce système vise à lutter contre la pauvreté, à améliorer la qualité du système éducatif et à encourager les élèves à étudier. Des députés ont interpellé le ministre de l’Education en proposant de substituer les repas scolaires par une « subvention financière » destinée aux élèves pauvres afin d’éviter les incidents et le gaspillage. « L’alimentation scolaire est une question de sécurité nationale et l’Etat paye des sommes considérables pour ce projet. De plus, des familles attendent beaucoup de ces repas scolaires et les considèrent comme essentiels », estime le député Ahmad Al-Machenb, de la province de Sohag. Il appelle à une enquête rapide afin de déterminer la responsabilité de ces incidents. Pour cela, il faudra attendre les résultats des tests réalisés sur les aliments, les lieux de stockage et de transport.

Cet avis est partagé par Magda Nasr, membre de la commission de l’éducation et de la recherche scientifique au parlement, qui a appelé à reconsidérer le système d’alimentation scolaire après ces intoxications répétées. « Il est clair qu’il y a des problèmes de négligence et de corruption dans le système d’alimentation scolaire. Il faut trouver de nouveaux mécanismes d’aide alimentaire », assure-t-elle. L’affaire n’est pas close et beaucoup de questions attendent encore des réponses.

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