
Plusieurs postes de doyens et des présidents d'universités sont vacants depuis des mois.
Le président de la commission d’éducation au parlement, Gamal Chiha, a déclaré lors d’une réunion dimanche dernier que la commission allait amender certaines clauses de la loi sur les universités, relatives à la nomination des doyens et des recteurs. Chiha a expliqué qu’il y avait plus de 200 postes de doyens sur un total de 320 et 8 postes de présidents d’universités sur un total de 23 qui sont vacants depuis des mois. «
Cela entrave la gestion des universités », a-t-il dit.
Après la révolution de 2011, la loi des universités a été amendée de manière à permettre l’élection des doyens des universités. Mais après l’arrivée du président Abdel-Fattah Al-Sissi au pouvoir, celle-ci a été modifiée par le décret 52 de l’année 2014. L’amendement stipule que le président nomme les présidents des universités et les doyens des facultés. En vertu de ce dernier décret, les professeurs présentent leurs dossiers, CV, diplômes et leurs plans pour améliorer leurs facultés ou universités à un comité spécial qui a pour rôle de choisir 3 présidents d’universités ou 3 doyens de facultés. Le comité doit transmettre le dossier au ministre de l’Enseignement supérieur, puis au Conseil des ministres et finalement au président de la République, et ce dernier doit choisir un des trois.
Les doyens et présidents d’universités sont nommés pour une période de quatre ans avec possibilité de prolongation. Ils peuvent également être démis de leur fonction avant la fin de leur mandat. Sami Hachem, député indépendant et membre de la commission d’éducation et ex-président de l’Université du Canal de Suez, résume la situation : « Certaines universités sont sans président et certaines facultés sans doyens, et on ne sait pas d’où vient le retard. Certains membres du comité ont proposé d’amender la loi afin de résoudre ce problème, mais d’autres personnes et moi, nous avons refusé. Nous avons proposé que le gouvernement présente une nouvelle loi sur les universités au lieu de l’ancienne, la loi 49 de 1972. Puis, nous allons inviter les professeurs des facultés à étudier la loi et à remettre leurs propositions. Nous avons aussi proposé que le président Sissi nomme les présidents des universités et les doyens des facultés jusqu’à ce que la loi soit terminée ».
Sami Hachem trouve que le décret présidentiel qui donne le droit au président de la République de nommer les présidents des universités et les doyens des facultés est le meilleur. « Le président de la République nomme les présidents des universités depuis des dizaines d’années. Mais pour les doyens, l’expérience a montré aussi que le président de la République doit les nommer, car si le président de l’université nomme les doyens, il choisit ses amis et s’ils sont élus par les professeurs, ce sont les professeurs qui ont des réseaux d’intérêts qui seront élus ».
Les professeurs en colère
Ce n’est pas le point de vue de certains professeurs, surtout ceux membres du mouvement du 9 Mars. Le mouvement du 9 Mars pour l’autonomie de l’université se présente comme un groupe d’universitaires qui, depuis 2003, lutte contre l’ingérence du pouvoir politique dans le travail des professeurs et dans la vie universitaire. Ce groupe vise, outre à empêcher les ingérences de l’Etat dans le travail des universités, à augmenter la part du budget consacré à la recherche scientifique ainsi qu’à l’élection et non pas à la nomination des recteurs, des doyens et des chefs de départements. Khaled Samir, professeur à l’Université de Aïn-Chams et membre du mouvement du 9 Mars, explique : « Nous sommes entrés en guerre avec le gouvernement depuis 2003 afin d’élire les présidents des universités et les doyens des facultés par l’Organisme de l’enseignement universitaire. La loi promulguée après la révolution de janvier nous a donné ce droit. Mais le décret 52 de l’année 2014 a mis fin à tout cela et nous avons contesté la constitutionnalité de ce décret, mais sans résultat. Le pouvoir exécutif n’a pas le droit de nommer les présidents ou les doyens, ni le président, ni le ministre ni le Conseil des ministres n’ont ce droit. Car de cette façon, les universités seront influencées par la tendance politique du président qu’il soit islamiste, libéral, socialiste ou capitaliste ». Il ajoute que le retard dans la nomination des doyens et recteurs est dû « aux rapports sécuritaires contradictoires préparés par les appareils de sécurité, ce qui rend le choix du président difficile ».
Même son de cloche pour Mohamad Aboul-Ghar, professeur à la faculté de médecine de l’Université du Caire et membre du mouvement du 9 Mars. Selon lui, l’élection des recteurs et des doyens d’universités appliquée après la révolution était un succès. « L’Etat craignait un retour des Frères musulmans par la porte de l’université, mais en réalité, durant les années 2012 et 2013 lorsque les Frères étaient au pouvoir, seuls 2 présidents d’universités sur 23 appartenaient à la confrérie », conclut-il.
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