L’enquête sur le crash du vol
Egyptair MS804 a avancé d’un cran. Les deux boîtes noires ont été retrouvées cette semaine en Méditerranée. Leur examen pourrait clarifier les causes de la catastrophe toujours inexpliquée. C’est le
John Lethbridge, un navire de la compagnie française
Deep Ocean Search (DOS), spécialisée dans la recherche des épaves à très grande profondeur, qui a trouvé les deux boîtes. Le
Flight Data Recorder (FDR), qui enregistre tous les paramètres de vol, a été repêché en plusieurs morceaux et les équipes de recherche ont pu récupérer «
la partie la plus importante, qui renferme la mémoire de l’appareil », précise un communiqué de la commission d’enquête, un jour après la découverte de la première boîte de l’avion.
La boîte noire qui renferme les enregistrements des conversations dans le cockpit a été transférée au Caire, où l’équipe égyptienne, épaulée par les experts français du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) et du constructeur européen Airbus, doit analyser ses données. L’analyse des deux boîtes va prendre plusieurs semaines.
Selon Hani Galal, ancien pilote, le déchargement du contenu de la boîte noire, s’il est en bon état, prendra au moins 10 jours. « Mais nous sommes confrontés à un problème, car une partie de la boîte est concassée et peut nécessiter un plus long délai pour l’analyser », estime-t-il. Il ajoute : « La boîte noire est une étape de l’enquête. Son analyse sera suivie par la collecte des débris. Il faudrait également l’avis de la médecine légale. La profondeur de la zone où est tombé l’avion sera l’un des plus grands obstacles auquel fera face l’équipe d’enquêteurs ». Les recherches sont menées à l’aide d’un robot conçu pour cartographier précisément les fonds jusqu’à 6 000 mètres de profondeur.
« La commission d’enquête est en train d’examiner la situation des deux boîtes noires. Elle peut solliciter l’aide de sociétés internationales expertes dans ce domaine », souligne, pour sa part, le général Hicham Al-Halabi, ancien pilote et consultant de l’Académie militaire de Nasser. « Non seulement les deux boîtes noires et les débris de l’avion devraient être analysés, mais il faudrait également examiner les documents de l’avion, ceux de l’équipage et des passagers, ainsi que des rapports de la surveillance des aéroports. Ces données, dans leur ensemble, contribueront à clarifier la cause de l’accident », ajoute Al-Halabi.
Un déferlement d’hypothèses
En attendant les résultats de l’enquête, plusieurs hypothèses sont déjà envisagées. S’agit-il d’une panne technique, d’un acte terroriste, d'un tir de missile ou encore de l’explosion d’une bombe à bord ? L’hypothèse de l’attentat avait d’abord été avancée par l’Egypte. Mais la thèse de l’incident technique a gagné en importance, notamment en l’absence de revendication et en raison d’alarmes signalant des défaillances déclenchées à bord peu avant la chute. Le vol MS804, qui avait décollé de Paris peu après 23h le 18 mai, avait subitement disparu des écrans radars à une altitude de 11 km au-dessus de la Méditerranée, alors qu’il venait d’entrer dans l’espace aérien égyptien. Juste avant cette disparition, et deux minutes durant, le système de transmission automatisé de messages de l’appareil avait indiqué que 10 alarmes s’étaient déclenchées à bord. Elles signalaient de la fumée dans le cockpit, dans l’une des toilettes et sous la cabine de pilotage, ainsi qu’une défaillance de l’ordinateur gérant les commandes de l’avion avant que celui-ci ne s’abîme en mer faisant 66 morts. Hicham Al-Halabi assure que chaque hypothèse a besoin de données pour la prouver. Selon les autorités grecques, l’appareil a effectué un virage brutal à 90 degrés sur la gauche, puis une vrille de 360 degrés à droite, probablement avant d’entamer sa chute. « Mais le fait de dire qu’un incendie a eu lieu n’est pas basé sur des preuves, surtout que le pilote n’a pas envoyé de SOS signalant un incendie à bord. En plus, l’incendie ne peut pas faire chuter un avion en quelques secondes. En tout cas, il faut savoir que les enquêtes sur les accidents d’avion nécessitent beaucoup de temps et de patience », conclut-il.
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