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Coupures de presse: La loi tout court et la loi de la jungle ?

Najet Belhatem, Lundi, 04 février 2013

Une semaine sous le signe de la violence avec à son apogée des agressions contre les femmes à Tahrir et un homme dénudé et battu par les forces de l’ordre. Analyses sur la politique de la répression et ses conséquences.

L’affaire de Hamada Saber, l’homme qui a été dénudé et battu par les policiers, a fait noircir bien des pages, mais focus cette semaine sur quelques articles écrits par des jeunes loin du cercle des plumes connues. « Les derniers développements depuis la crise de la déclaration constitutionnelle fin novembre jusqu’aux affrontements de vendredi dernier et le dénuement d’un homme devant le palais présidentiel dévoilent l’essence du régime des Frères musulmans et leur vision quant au rôle de la loi. Cette vision nous permet également de comprendre la raison de l’alliance facile avec les militaires et l’alignement sur les positions de la police qui les a tant oppressés auparavant. Il est aussi facile de comprendre l’essence de l’affrontement entre eux et les groupes d’opposition dans les villes. L’essence de la vision des Frères est qu’il y a des catégories au-dessus de la loi et des catégories auxquelles on applique la loi de la jungle », écrit Mohamad Al-Baali dans le site en ligne Assouat Masriya. Selon lui, c’est la même vision que celle des militaires et de la police quant au droit et à la loi. « Les deux se considèrent au-dessus de la loi au nom de la défense de l’autorité de l’Etat. Ce sont les mêmes arguments auxquels ont recours les Frères musulmans en plus de la défense de l’islam. Les Frères musulmans s’inspirent de l’époque d’avant l’Etat citoyen, et se basent dans leur action sur 60 ans de régime militaire et sur les résidus du féodalisme, en plus sur l’ignorance et le fondamentalisme dans la campagne égyptienne. Leur vision se fonde sur la violence directe comme outil. Ils en usent tant qu’ils peuvent, laissant le reste à la police ». L’auteur fait référence aux milices qui ont attaqué et torturé en décembre dernier les manifestants aux portes du palais présidentiel et n’ont pas été inquiétées par les autorités, bien que les auteurs soient connus personnellement. « Les milices du cheikh Hazem Abou-Ismaïl font partie de ce tableau, elles ont fait terreur dans des quartiers résidentiels comme Doqqi, ont attaqué le parti Al-Wafd et ont encerclé le Parquet ». Selon son analyse, l’islam politique, en plus d’utiliser la police à ses fins, veut l’intégrer dans les catégories au-dessus de la loi. « C’est pour cela que Morsi, sans même attendre une quelconque enquête sur les incidents de Port-Saïd, a salué la police. Du coup, la vision du président islamiste a convergé avec la vision de la tribu de la police. Or, cette alliance entre ces deux camps est confrontée à un grand défi dans les villes, illustré par les groupes de jeunes et parfois par une grande partie des habitants des petites villes comme Port-Saïd. La bataille n’est pas terminée, car les villes sont hors de la mainmise des islamistes et du ministère de l’Intérieur, et avec le retour de la police aux actions répressives, la tension augmente d’un cran, car les pauvres des villes qui ont tranché la bataille du 28 janvier 2011 vont monter au créneau contre l’Etat des bandes armées ».

Quand à Mohamad Farag, il écrit dans Al-Safir Al-Chabab : « Les gens du peuple sont fatigués et usés. Ils ont beaucoup donné et n’ont rien reçu. Ils ont été tués dès le premier jour, ils ont perdu leurs yeux et leurs membres. Ils ont manifesté et coupé des routes. Ils ont cru aux Frères musulmans et ont fondé beaucoup d’espoirs sur le fait que ce sont des gens pieux. Ils ont aussi cru en les politiciens, mais personne ne leur a accordé d’importance. Mais aussi les gens du peuple ont commencé à découvrir qu’ils sont forts et qu’ils peuvent secouer le gigantesque dinosaure. Ils ont découvert que le dinosaure n’avait pas tout le contrôle comme ils l’imaginaient. Ils ont commencé à tester leur nouvelle force les uns contre les autres et cela met tout le monde au bord du chaos et de l’anarchie qui n’est pas un fait nouveau pour le peuple, car sa vie a toujours été construite sur l’anarchie que tout le monde s’évertuait à cacher ».

Dans le quotidien Al-Tahrir, Waël Abdel-Fattah écrit en parlant des agressions contre les femmes place Tahrir : « Cette hystérie est une expression politique. La révolution de la faim sexuelle est une politique plus large que celle dont nous avons l’habitude. Ce n’est pas seulement une bassesse morale de groupe ou une erreur sécuritaire dans la protection des citoyens. C’est une partie d’une idée plus large, à savoir que la société en Egypte est en manque de lois qui délimitent la relation entre l’individu et le groupe. Entre l’individu et l’autorité ». Cela entre, selon l’auteur, dans le cadre de la politique de l’oppression en général : « Imagine que tu es au milieu de millions de gens, tu scandes pour la liberté, puis soudain des criminels te délestent de ta volonté et traitent ton corps comme une proie et cela au moment où tu te sens en pleine force. Et que tu es en train d’affronter une autorité dont l’outil de répression s’effrite chaque jour. Oui tu es dans une place au milieu de millions qui défient l’appareil de répression qui commence par réprimer le corps. Qui le frappe, l’écrase, le traîne et le tue. Cette force s’effrite par le défi, par l’affrontement. Mais un criminel s’infiltre au milieu de ce monde en plein défi pour voler cette âme. Voilà ce qu’est le harcèlement sexuel au sein de la place Tahrir ». Du côté des écrits islamistes dans le journal Al-Masriyoune, un éditorialiste écrit comme une menace : « Personne ne sait où iront les choses, mais le scénario de la chute de Morsi ne sera pas facile, car il y a des forces islamistes qui n’ont pas bougé jusqu’à maintenant et elles se retiennent ».

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