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Sinaï : Antiterrorisme et développement

Ahmad Eleiba, Mardi, 10 mai 2016

Le président Al-Sissi a prolongé de trois mois l'état d'urgence dans le Sinaï. Tandis que la guerre antiterroriste progresse, des projets de développement sont aussi mis en oeuvre dans la péninsule.

Sinaï : Antiterrorisme et développement
Le premier trimestre de 2016 a témoigné de 13 attentats terroristes dans les zones où l’état d’urgence a été instauré.

Le décret présidentiel du 29 avril dernier approuvant la prolongation de trois mois de l’état d’urgence dans certaines villes du Sinaï a soulevé un débat juridique, étant donné qu’une telle prolongation nécessite l’approbation du parlement. Selon la Constitution, le président de la République ou son représentant doivent présenter aux députés une justification de ce renouvellement de l’état d’urgence. Mais le ministre des Affaires juridiques, Magdi Al-Agati, a expliqué aux journalistes qu’il ne s’agissait pas d’un renouvellement, mais d’un « nouveau décret ». Le ministre a ajouté que le chef du gouvernement, Chérif Ismaïl, se rendrait au Conseil des députés au cours de la semaine pour exposer les raisons de ce nouveau décret qui se limite à quelques villes du nord de la péninsule, notamment Al-Arich, Rafah et Cheikh Zoweid.

L’état d’urgence avait été instauré le 25 avril 2015 par le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Mais selon certains députés, « les délais de son prolongement sont expirés ». C’est ce qu’affirme le député du Sinaï du Nord, Rahmi Abd-Rabbo. « En vertu de la loi, le président de la République ne peut plus prolonger l’état d’urgence. Pour entrer en vigueur, celui-ci doit être soumis à un vote parlementaire », affirme-t-il. Et d’ajouter : « Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de reconduire l’état d’urgence, surtout que celui-ci est en vigueur entre minuit et 5h et n’inclut pas les zones les plus peuplés de Bir Al-Abd et Rommanah », affirme-t-il.

La prolongation de l’état d’urgence intervient au moment où la guerre contre le terrorisme dans le Sinaï se poursuit. D’après le dernier rapport du Centre régional des études stratégiques, le premier trimestre de 2016 a témoigné de 13 attentats terroristes dans les zones où l’état d’urgence a été instauré. Les terroristes ont utilisé des grenades, des engins explosifs et des mitraillettes. Les voitures piégées et les roquettes ont été utilisées une seule fois, lors de l’attentat contre le poste de contrôle d’Al-Safa qui a fait 18 morts parmi les policiers. Les forces de sécurité ont par ailleurs réussi à faire avorter 7 attentats. Des chiffres qui soulignent un grand progrès dans les efforts de lutte antiterroriste, notamment la lutte préventive, étant donné que 90 attentats ont eu lieu durant le premier trimestre 2015, d’après le même rapport. La poursuite des attentats justifie le prolongement de l’état d’urgence. L’Etat cherche, en effet, à contrer le terrorisme qui sévit dans le Sinaï pour relancer les efforts de développement dans la péninsule. En donnant cette semaine le coup d’envoi à la récolte du blé à Al-Farafra dans l’ouest de l’Egypte, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a évoqué les efforts de développement qui accompagnent la lutte antiterroriste dans le Sinaï.

Entre 20 et 30 millions de L.E.

Le président a énuméré de nombreux projets, notamment le creusement de 4 tunnels reliant la péninsule aux villes sur l’autre rive du Canal de Suez, des étangs d’élevage de poissons, 15 usines de marbre, 2 lignes de production de ciment, 2 stations d’assainissement à des fins agricoles d’une capacité de production d’un million de litres d’eau chacune, en plus de 2 000 km de routes. Le président a situé entre 20 et 30 millions de L.E. les sommes jusqu’ici investies dans le développement du Sinaï.

Les projets de développement supervisés principalement par l’armée se situent dans le centre du Sinaï, il s’agit, d’après les experts militaires et sécuritaires, de la zone la plus « poreuse » de la péninsule, en termes d’infiltration de djihadistes. D’où l’intérêt porté à son urbanisation à l’instar du Sinaï du Sud. A ce jour, le nord, où se trouvent les villes de Rafah et Cheikh Zoweid, n’est pas concerné par le développement, affirment des sources officielles et non officielles, et ce, à cause de la lutte antiterroriste en cours dans cette région. « Les ressources naturelles se trouvent principalement dans le centre du Sinaï, où seront installées les usines de marbre et de ciment », affirme le député Rahmi Abd-Rabbo. Cela dit, deux nouveaux villages seront construits à Al-Arich dans le nord, en plus des projets routiers et d’infrastructure, ajoute-t-il. « Nous avons été informés des plans détaillés des projets de développement, et les responsables nous ont assuré que nos remarques seraient prises en considération », conclut-il.

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