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Nouveaux contrats d'armement

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 19 avril 2016

La vente à l'Egypte de quatre nouveaux navires de guerre et d'un satellite de télécommunications confirme le rapprochement militaire entre Le Caire et Paris.

La visite du président français, François Hollande, a témoigné de la signature de plusieurs contrats d’armement. DCNS et Thales ont vendu à l’Egypte quatre navires de guerre, dont deux corvettes Gowind, un patrouilleur hauturier Adroit et un patrouilleur de moindre envergure de 54 mètres de type P400 fourni par le chantier naval Piriou de Concarneau. Soit un contrat de 500 à 600 millions d’euros. DCNS, qui a déjà vendu quatre Gowind au Caire, a lancé la fabrication de la première corvette en avril 2015. Le groupe électronique Airbus Space Systems et Thales Alenia Space, désigné comme maître d’oeuvre, a aussi signé un accord portant sur la vente d’un satellite de télécoms militaires pour un montant estimé à environ 600 millions d’euros. Egalement, Dassault Aviation, qui avait vendu 24 Rafale à l’Egypte en février 2015, a cette fois-ci fourni 4 Falcon 7X (autour de 300 millions d’euros) à l’Egypte en vue de remplacer l’actuelle flotte composée d’avions américains.

La coopération militaire entre l’Egypte et la France a connu un élan au cours des deux dernières années avec notamment la vente à l’Egypte de deux porte-avions Mistral et de la frégate multimissions FREMM, ceci outre les 24 Rafale. Cet élan a été favorisé notamment par un froid entre Le Caire et les Etats-Unis après la révolution du 30 juin 2013 qui a amené Washington à suspendre une partie de son aide militaire livrée à l’Egypte et à retarder la livraison de matériels et d’équipements militaires, dont l’Egypte avait besoin pour la lutte contre le terrorisme dans le Sinaï. Tous ces facteurs ont incité Le Caire à chercher d’autres fournisseurs d’armes. « La coopération militaire avec la France est très importante pour l’Egypte. La fourniture du matériel est rapide, et les Français ne traînent pas dans l’application des accords. Ce n’est pas le cas avec tous les pays », affirmait le général Hicham Al-Halabi, conseiller à l’Académie militaire Nasser sur la chaîne égyptienne ONTV.

La coopération militaire entre l’Egypte et la France comprend des domaines comme la formation, l’équipement et le dialogue stratégique. Comme l’explique l’expert militaire Talaat Mossallam, l’Egypte est intéressée par une coopération militaire avec la France pour deux raisons fondamentales : « Le Caire a voulu diversifier ses sources d’armement après la brouille avec les Etats-Unis et cherche aussi à profiter de l’expérience militaire d’un grand pays comme la France. C’est dans ce contexte d’ailleurs que Le Caire a cherché à se rapprocher de la Russie. L’Egypte veut moderniser ses équipements militaires qui ont commencé à être en grande partie usés, notamment les équipements de la marine qui intéressent beaucoup les autorités égyptiennes ces derniers temps ». Et d’ajouter que la France aussi est intéressée par la coopération avec l’Egypte dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. « Le contexte régional y est pour quelque chose. L’Egypte se trouve dans une zone d’instabilité avec des conflits en Syrie et en Libye. Elle doit faire face à la menace terroriste dans le Sinaï. Quant à la France, elle craint la montée en puissance du terrorisme en Europe », affirme Mossallam.

L’Egypte compte parmi les 20 premiers clients de la France dans le domaine de l’armement. De 2010 à 2014, la France a livré pour plus de 243 millions d’euros de matériels de guerre à l’Egypte. Depuis 2014, de nombreux nouveaux contrats, se chiffrant à plusieurs milliards d’euros, ont été signés. C’est le cas notamment du contrat d’acquisition des 24 Rafale, et de la frégate multimissions qui se chiffre à 5,2 milliards d’euros. La marine égyptienne et DCNS avaient aussi signé en octobre 2015 le contrat de vente des deux navires porte-hélicoptères Mistral, pour un montant estimé à 950 millions d’euros.

Les relations militaires égypto-françaises évoluent. Symbole de l’étroitesse de ces relations, la France et l’Egypte ont créé en 1998 une Commission Militaire d’Armement Stratégie (CAMAS) qui se réunit tous les ans. Elle permet aux deux pays de coordonner et de planifier des actions de coopération (formation, échanges, exercices, équipements, dialogue stratégique). En juin 2005, les deux pays avaient également signé un accord de coopération militaire et technique. Et en 2017, un Haut Comité militaire présidé par les chefs d’états-majors des armées devrait être mis en place. Ce comité constituera, selon les spécialistes, un rapprochement très important entre les deux pays dans le domaine de la coopération militaire.

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