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Elections législatives: Le FNS envisage le boycott

May Atta, Lundi, 28 janvier 2013

Suite aux derniers événements, le Front National du Salut envisage de ne pas y participer si ses demandes ne sont pas rapidement satisfaites. De leur part, les Frères musulmans souhaitent leur ajournement si les violences se poursuivent.

Le FNS

Deux semaines après avoir fait part de ses démarches pour la sélection des candidats et la préparation des listes électorales en vue des législatives prévues en principeen avril, le Front National du Salut (FNS, qui regroupe une douzaine de partis de l’opposition), brandit aujourd’hui la menace du boycott. Malgré leur refus de la nouvelle Constitution et leurs réserves sur la loi régissant les futures élections législatives, les partis de l’opposition avaient fini par décider de jouer le jeu. Mais leur position a sensiblement changé suite aux événements dramatiques de ces derniers jours. Aujourd’hui, l’opposition reconsidère sa participation en raison de la réaction « décevante » du régime face à la vague de protestations qui a ensanglanté le pays tout au long de la semaine dernière. Dans son discours tardif, le président Mohamad Morsi a considéré que les manifestants étaient des hors-laloi et qu’ils représentaient « le visage hideux de la contre-révolution ». Le président a également salué le travail de la police, accusée par les opposants d’être derrière les meurtres de manifestants dans plusieurs gouvernorats du pays. Il a invité le ministère de l’Intérieur à adopter une politique « encore plus sévère » envers ceux « qui sèment la peur parmi les citoyens pacifiques ».

« Ce qui s’est passé montre l’ampleur de la crise que vit le pays. De nombreuses décisions devront être prises de toute urgence pour sauver l’Etat de droit », estime Abdel- Ghaffar Chokr, un dirigeant du FNS.

Conditions préalables

En réaction au discours présidentiel, le Front a dressé une liste de cinq demandes dont dépendront sa participation aux élections et la mise en place d’un dialogue avec le régime en place. La liste comprend la formation d’une commission neutre pour enquêter sur les événements meurtriers de la semaine dernière, d’un comité de juristes pour procéder à une réforme consensuelle de la Constitution et d’un gouvernement d’unité nationale pour faire en sorte que la justice sociale devienne une réalité. L’annulation des conséquences de la déclaration constitutionnelle du 21 novembre — qui immunise les décrets présidentiels contre tout recours en justice — et la régularisation du statut de la confrérie des Frères musulmans complètent les demandes. « Si ces demandes ne sont pas satisfaites avant le 1er février, non seulement nous allons boycotter les élections, mais nous appellerons à des manifestations massives pour l’annulation de la Constitution et l’organisation d’une élection présidentielle anticipée », menace Chokr. La perspective de boycotter les élections législatives vient conforter dans leur décision ceux qui, parmi les opposants, rejettent, depuis le début et par principe, toute participation. « Comment participer à des élections sous une Constitution et une loi électorale faites sur mesure par les islamistes ? Cela ne servira qu’à les légitimer. En revanche, le boycott contribuera à renforcer leur isolement », estime le candidat malheureux à la présidentielle de 2012, Khaled Ali.

Voix divergentes

Mais l’opposition sera-t-elle pour une fois capable de mener une politique unanime ? D’après Magdi Charabeh, secrétaire général du parti du Rassemblement (qui fait partie du FNS), certains membres du FNS ou d’autres partis d’opposition y participeront quoi qu’il arrive. « Certains partis, comme le parti libéral néo- Wafd, ou celui du Congrès, fondé par l’ancien secrétaire de la Ligue arabe, Amr Moussa, se disent prêts à disputer les élections législatives. Les autres membres du FNS essayent de négocier avec eux, afin d’éviter les divergences. Finalement, c’est la rue qui dictera la décision à adopter, surtout que la loi électorale est toujours examinée par la Haute Cour constitutionnelle et il y a des chances qu’elle soit rejetée », explique Charabeh.

Essam Chiha, membre du haut comité du néo-Wafd, nie les intentions qui sont prêtées à son parti. « Le FNS a décidé d’une seule voix que sa participation aux élections serait tributaire de la satisfaction d’un certain nombre de demandes », affirme-t-il. Fait révélateur que les choses ne sont pas aussi claires au sein du Front : Chiha ajoute toutefois d’autres demandes à la liste précitée par Chokr. Selon lui, les demandes incluent la réforme de la loi électorale, la modification du mode de scrutin et la reconfiguration, sur base démographique, des circonscriptions électorales.

De leur côté, des dirigeants du Parti Liberté et justice des Frères musulmans indiquent que la tendance au sein de leur parti serait de demander l’ajournement des élections si la violence continuait dans la rue. Lors d’une réunion tenue samedi 26 janvier, le président du parti, Saad Al-Katatni, n’a pas discuté des listes des candidats présentées par les secrétariats du parti dans les gouvernorats, mais a plutôt centré le débat sur les protestations anti-Morsi qui envahissent les rues du pays. Un signe que les législatives ne sont pas, pour l’heure, une priorité.

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