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Le Caire et Pékin resserrent les liens

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 26 janvier 2016

La récente visite du président chinois, Xi Jinping, en Egypte répond aux attentes du Caire, qui cherche à renforcer son partenariat stratégique avec le géant asiatique.

Le Caire et Pékin resserrent les liens
L'Egypte et la Chine ont conclu des accords d'une valeur de 15 milliards de dollars. (Photos : Reuters)

Tout avait été mis soigneusement en place pour accueillir dans le faste le chef de l’Etat chinois : tapis rouges, festivités et manifestations populaires. La visite, entamée le 20 janvier, avait un caractère symbolique. Après Vladimir Poutine en février dernier, Xi Jinping est le deuxième président d’une grande puissance à se rendre en Egypte depuis la révolution du 30 juin 2013. En outre, sa visite était la première d’un chef d’Etat chinois depuis 12 ans. Et pour Le Caire, cela avait une signification toute particulière. « Ma visite en Egypte vise à cimenter et à approfondir la relation sino-égyptienne de manière globale, et à faire avancer la coopération entre nos deux nations pour arriver à de nouveaux succès », a déclaré le président chinois lors de sa rencontre avec le premier ministre, Chérif Ismaïl, peu après son arrivée au Caire. Après Le Caire, Xi Jinping s’est rendu en Arabie saoudite et en Iran. Après un tête-à-tête au palais d’Al-Qobba, Xi Jinping et le président Abdel-Fattah Al-Sissi ont signé une série d’accords de coopération et un document prévoyant le renforcement du partenariat stratégique entre l’Egypte et la Chine. Le chef de l’Etat chinois a également rencontré le président du parlement, Ali Abdel-Al, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi. Il a ensuite prononcé un discours au siège de la Ligue arabe au Caire. Après son séjour dans la capitale, Xi Jinping a visité la ville de Louqsor, où il a participé à la cérémonie d’ouverture de l’Année de la culture sino-égyptienne en 2016 en présence de son homologue égyptien au temple de Louqsor jeudi soir.

La visite du président chinois était surtout placée sous le signe de l’économie. Le Caire et Pékin ont conclu en tout 15 accords, principalement dans les secteurs de l’électricité, des transports et des infrastructures, soit un investissement total de 15 milliards de dollars. L’entreprise China Electric Power Equipment and Technology va construire une ligne de transmission d’une capacité de 500 KV, longue de 1 210 km dans le sud-est du Delta du Nil. Cette ligne sera utilisée pour transmettre de l’électricité à 4 centrales électriques, a confié la compagnie qui était présente mercredi au Caire, pour l’Exposition des sciences et technologies de Chine. Parallèlement, l’entreprise chinoise CGC Overseas Construction Group cherche actuellement à combiner la technologie agricole chinoise avec les ressources naturelles, et le capital global de l’Egypte pour développer des projets agricoles sur la rive ouest du Nil.

Importance stratégique et politique

La visite du président chinois revêtait un caractère symbolique, étant donné qu’elle coïncidait avec le 60e anniversaire des relations égypto-chinoises. L’Egypte a été, en effet, le premier pays arabe et africain à établir des relations diplomatiques avec la Chine. Depuis la révolution du 30 juin, l’Egypte tente de diversifier ses relations avec le monde extérieur en se rapprochant notamment de la Russie et de la Chine aux dépens des Etats-Unis avec qui elle était en froid. Dans ce contexte, la visite de Xi Jinping répond parfaitement aux attentes du Caire sur les plans économique et politique. Sur le plan économique, l’Egypte, qui tente de relancer son économie en berne depuis le soulèvement de 2011, a besoin d’investissements. Or, la Chine qui, malgré le recul de sa croissance, possède des fonds considérables, souhaite conquérir l’Afrique. Et l’Egypte est le portail du continent noir.

Sur le plan politique, la visite du président chinois a permis de renforcer le partenariat stratégique avec le géant asiatique, un fait qui répond à la stratégie du Caire. C’est ce qu’explique Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, qui souligne : « Les enjeux politiques de cette visite sont plus importants pour l’Egypte que pour la Chine. L’Egypte en tant que puissance régionale doit avoir à son dos une grande force internationale pour la soutenir, surtout que depuis quelques années, il y avait un froid avec les Américains, et Le Caire a pris quelque peu ses distances avec les Etats-Unis, qui étaient autrefois son principal partenaire international. Le Caire tente aujourd’hui de se garantir de nouveaux alliés internationaux », explique Mourad, qui souligne que l’Egypte suit aujourd’hui une politique de rapprochement avec plusieurs puissances internationales, notamment la Chine et la Russie. Cette orientation permet à l’Egypte d’équilibrer sa politique étrangère. « Il s’agit dans le fond de ne pas compter sur une seule puissance internationale », dit Mourad. « La Chine se montre moins interventionniste et moins active sur le plan politique que la Russie et les Etats-Unis, mais le rapprochement avec Pékin reste très important pour l’Egypte, car dans la période à venir, il est prévu que cette grande force jouerait un rôle très important dans la région. On peut donc s’attendre à ce que Pékin joue un rôle pilier face aux problèmes internationaux », conclut Mourad.

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