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Une démission et plusieurs interprétations

May Atta, Mardi, 15 septembre 2015

De nombreux analystes associent le scandale de corruption, qui vise le ministre de l'Agriculture, à la démission du gouvernement Mahlab. Officiellement, aucune raison n'a été avancée.

Une démission et plusieurs interprétations
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a chargé Chérif Ismaïl de former le nouveau cabinet.

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a chargé samedi dernier Chérif Ismaïl, ministre du Pétrole du gouvernement démissionnaire, de former un nouveau cabinet. Sa nomination en tant que premier ministre est intervenue quelques heures après la démission du gouvernement d’Ibrahim Mahlab.

Le président Sissi a salué les « efforts accomplis par son premier ministre et son équipe durant cette période difficile de l’histoire de l’Egypte ». Aucune explication n’a été donnée concernant cette démission.

La démission du gouvernement Mahlab intervient à quelques semaines des élections législatives qui auront lieu du 17 octobre au 2 décembre, et fait suite à une importante affaire de corruption dans laquelle sont impliqués le ministre de l’Agriculture, Salah Hilal, et plusieurs responsables de son ministère.

Hilal a été contraint à présenter sa démission la semaine dernière et fait l’objet d’une enquête judiciaire pour corruption. Des informations circulaient, selon lesquelles plusieurs autres ministres du gouvernement Malhlab étaient impliqués dans des affaires de corruption, en dépit d’un démenti du Conseil des ministres.

Les analystes font le lien entre la démission du gouvernement et la corruption, surtout à l’approche des élections. « Après les scandales de corruption, le président devait faire ce remaniement. Il cherche des ministres plus actifs et plus efficaces que ceux du cabinet Mahlab surtout à l’approche des élections », estime Moustafa Kamel Al-Sayed, professeur à la faculté de sciences politiques de l’Université du Caire.

Moustafa Al-Sayed revient sur le choix d’un technocrate au poste de premier ministre. « Mahlab était un technocrate et Chérif Ismaïl aussi. Le président Sissi suit visiblement la politique en vigueur depuis longtemps en Egypte et qui veut que le chef du gouvernement soit un technocrate. Les technocrates n’ont pas vraiment de vision politique et n’ont pas la force de s’opposer au président ».

Ingénieur de formation, Chérif Ismaïl a fait carrière dans le secteur du pétrole. Il a notamment travaillé à la compagnie pétrolière Enppi, avant d’être désigné comme assistant au ministre du Pétrole (voir encadré). Ibrahim Mahlab, lui, était un ingénieur civil. Il a rejoint l’entreprise de construction Arab Contractors en 1972 et accède au poste de directeur général.

Mahlab avait été nommé en 2010, par le président Hosni Moubarak, au sein du Conseil consultatif. Après la révolution du 30 juin 2013, Mahlab a été nommé au poste de ministre du Logement dans le gouvernement de Hazem Al-Beblawi et il a formé le nouveau gouvernement en 2014. Le gouverment Mahlab aura accompli sa mission de gouvernement de transition. « Mahlab était un bon technocrate. Son gouvernement a quelques points positifs à son actif, mais à mon avis il ne possédait pas de véritable vision pour l’avenir et il a commis aussi des erreurs », affirme Hossam Al-Khouly, vice-président du parti du Néo-Wafd.

Il mentionne à titre d’exemple les récentes déclarations du ministre de l’Investissement, Achraf Salman, sur le dollar qui ont soulevé des remous sur les marchés financiers. Salman avait annoncé clairement que la dépréciation de la livre n’est plus un choix et qu’elle est devenue une nécessité dans le contexte du recul des devises étrangères. A cause de cette déclaration, la Bourse a réalisé des pertes de 10 milliards de L.E.

Le gouvernement Mahlab a été aussi critiqué en raison de la hausse des prix alimentaires et des baisses des subventions. Les critiques sont également fortes au sein de la fonction publique, qui représente six millions de salariés, et dont les syndicats appellent à manifester contre la nouvelle loi sur le service civil. Le gouvernement a également été critiqué pour les lois électorales, jugées non constitutionnelles, la loi des manifestations et autres.

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