Samedi 2 juin, le président déchu Hosni Moubarak et son ministre de l’intérieur, Habib Al-Adely, ont été condamnés à la prison à perpétuité, pour le meurtre de quelque 850 manifestants durant la révolution de janvier 2011. Six autres hauts responsables de la sécurité avaient été acquittés, pour manque de preuves. Beaucoup dénoncent un « verdict politique », craignant surtout que l’acquittement des adjoints du ministre de l’Intérieur ne soit synonyme d’impunité pour les membres de l’institution sécuritaire, tristement célèbre pour son mépris des droits de l’homme. D’autant plus que les quelques 150 policiers accusés d’avoir tiré sur des manifestants durant les 18 jours de la révolution ont été acquittés pour la même raison par divers tribunaux. Du Caire, à Alexandrie et à Suez, des manifestants sont sortis dans les rues réclamer les droits des martyrs.
Les craintes n’ont pas tardé à se concrétiser, puisque la chasse aux manifestants a repris de plus belle sous le nouveau président. Ainsi, deux manifestants ont été tués et une dizaine d’autres jeunes blessés lors de la commémoration des affrontements de la rue Mohamad Mahmoud au centre du Caire qui ont déjà fait une quarantaine de morts en novembre 2001. Les manifestants appelaient le président Morsi à honorer son engagement électoral à venger les martyrs de la révolution. Or, dans son décret constitutionnel du 22 novembre, le président a promis de rouvrir les enquêtes relatives aux incidents des 18 jours de la révolution, tout en excluant plus d’une centaine de manifestants tués sous les balles des militaires durant les 18 mois de la transition. Une omission qui laisse soupçonner son engagement auprès de l’armée à laisser tomber dans l’oubli cet incident sanglant.
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