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Sécurité : Contrer les bombes

Chérine Abdel-Azim, Mardi, 21 avril 2015

L'explosion de plusieurs bombes artisanales cette semaine au Caire et à Kafr Al-Cheikh dans le Delta relance une fois de plus le débat sur la lutte contre le terrorisme.

Securite
Les pylônes électriques sont régulièrement pris pour cible par les terroristes.

Sept bombes dans la Cité médiatique du 6 Octobre, une autre bombe à Kafr Al-Cheikh (Delta) et une troisième à Mohandessine au Caire. Depuis quelques jours, les explosions ont repris au Caire et dans les gouvernorats. Il s’agit de bombes artisanales qui ne font que des dégâts matériels la plupart du temps, mais elles sèment la panique parmi la population.

Il était 1h du matin dans la ville du 6 Octobre lorsque la Cité médiatique a été plongée dans le noir à cause d’une rupture du courant électrique. Sept bombes plantées sous deux pylônes électriques alimentant la cité ont explosé. Les dégâts sont strictement matériels. La retransmission de la plupart des chaînes a été interrompue. Deux jours plus tard, au stade de la ville de Kafr Al-Cheikh, une bombe vise un autobus transportant les étudiants de l’école militaire. Bilan : 3 morts et 4 blessés parmi les étudiants. Une jeune fille qui se trouvait par hasard sur les lieux est également décédée. Le lendemain, au Caire, une autre bombe a explosé sur la place Sphinx à Mohandessine, alors que le cortège du premier ministre Ibrahim Mahlab se rendait au club de Zamalek situé à quelques pas. Les services de sécurité avaient détecté la bombe qui a aussitôt explosé endommageant les façades des magasins. Le Conseil des ministres a nié que l’attentat visait le premier ministre.

Ces explosions ont créé un sentiment d’inconfort, d’inquiétude et d’interrogation parmi la population. Qui en est derrière ? Et surtout y a-t-il une défaillance sécuritaire ? Les explosions font suite à la confirmation, par le mufti de la République, de la condamnation à mort de 14 dirigeants des Frères musulmans, dont le guide suprême, Mohamad Badie. Elles interviennent également quelques jours avant le verdict contre l’ancien président islamiste, Mohamad Morsi, accusé de meurtre des manifestants dans le procès d’Al-Ittihadiya (palais présidentiel). « Ces bombes sont l’oeuvre de groupuscules proches des Frères qui opèrent en petits groupes. Ces explosions visent à prouver que le régime du président Abdel-Fattah Al-Sissi a échoué à rétablir la sécurité. Car il est bien connu que les Egyptiens ont placé leurs espoirs en le président Sissi dès son arrivée au pouvoir pour rétablir la sécurité le plus vite possible », explique Yousri Al-Azabawi, du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Il affirme que le gouvernement doit changer sa stratégie de lutte contre le terrorisme et ne pas se contenter de l’approche strictement sécuritaire, mais adopter une approche politique et sociale.

Impact limité

Si au Caire et dans les villes du Delta les grandes opérations terroristes, comme l’attaque à l’explosif contre la direction de la sécurité du Caire et celle contre le siège de la sécurité à Mansoura, ont aujourd’hui disparu, elles ont laissé place à des attaques dont l’impact est beaucoup plus limité et qui sont menées essentiellement à l’aide de bombes artisanales. Ces attaques visent à propager la panique au sein de la population. « Les services de sécurité ont réussi à repousser le terrorisme hors du Delta et des grandes villes pour le cantonner dans le Sinaï », affirme une source de sécurité sous couvert de l’anonymat. Et d’expliquer qu’il est extrêmement difficile de faire face à ce genre de petites attaques dont les auteurs se faufilent dans la foule pour placer leurs bombes. « Ce qui rend la lutte plus difficile c’est que ces terroristes ne sont pas connus des services de sécurité, surtout que beaucoup d’officiers qui travaillaient sur ce dossier ont été écartés après la révolution du 25 janvier 2011 », précise cette source.

Le général Hani Abdel-Latif, porte-parole du ministère de l’Intérieur, affirme, pour sa part, que « les terroristes placent aujourd’hui leurs bombes à des endroits connus ou très fréquentés pour faire un tapage médiatique ». D’après lui, c’est la preuve que ces groupuscules sont faibles. Ils cherchent à attirer l’attention, car ils ont échoué à rassembler les gens pour organiser des manifestations dans les rues. « Au cours de la dernière réunion du ministre de l’Intérieur avec ses adjoints, celui-ci leur a demandé de réviser les plans de sécurité dans les endroits importants et de les appliquer. De même, le ministre a demandé à développer les méthodes de travail des appareils de sécurité, afin d’arrêter les terroristes qui changent chaque jour leurs méthodes. Le ministre a aussi demandé à élargir les frappes préventives contre les foyers du terrorisme », déclare Hani Abdel-Latif. La lutte contre le terrorisme est d’autant plus importante que toute la région arabe est secouée par les conflits politiques. « L’Egypte est entourée au sud, à l’est et à l’ouest par des zones de conflit. On ne peut pas négliger ce facteur. Ces pays sont devenus des lieux d’exportation du terrorisme », conclut le général Hani Abdel-Latif.

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