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Lois électorales : En quête de solutions

Chaïmaa Abdel-Hamid et Gamila Abdel-Sattar, Mercredi, 08 avril 2015

Le premier ministre, Ibrahim Mahlab, s'est entretenu le 2 avril avec des représentants de partis politiques dans le cadre d'un dialogue sur l'amendement des lois électorales. Mahlab a affirmé que le premier tour des législatives aurait lieu avant le mois du Ramadan.

Lois électorales : En quête de solutions
Des représentants de 96 partis ont assisté à la rencontre avec le premier ministre.

« Le gouvernement va tenir le premier tour des élections législatives avant le mois du Ramadan », a déclaré Ibrahim Mahlab lors de sa rencontre, jeudi 2 avril, avec les représentants de partis poli­tiques. Des propos qui tendent à ras­surer la classe politique.

Toutefois, les déclarations du ministre de la Justice transitionnelle et du président du comité chargé de modifier les lois électorales, Ibrahim Al-Héneidi, ont vite atténué l’enthou­siasme. Héneidi a affirmé que « les partis politiques n’arrivent pas à s’entendre sur les amendements pro­posés », ajoutant que les suggestions des partis sont « très variables » allant de la refonte de l’ensemble du système électoral à l’augmentation du nombre de députés, ou encore à un statut particulier pour les travailleurs et les paysans.

Dans les rangs des partis, la pru­dence reste de mise. Hossam Al-Khouli, secrétaire général adjoint du Néo-Wafd, ne souhaite pas s’avan­cer. « Nous avons des craintes pro­fondes sur le fait que cette réunion ne soit que de pure forme. Nous avons été choqués par les déclarations d’Al-Héneidi car, contrairement à ce qu’il a dit, la majorité des partis sont d’ac­cord sur les propositions soumises à la rencontre. Tous les partis étaient d’accord sur la nécessité d’avoir 8 circonscriptions au lieu de 4. Sur un total de 96 partis invités, 4 ou 5 seu­lement ont fait des propositions diffé­rentes. Cela ne signifie, en aucun cas, que les partis ne s’entendent pas ».

La Haute Cour constitutionnelle avait déclaré inconstitutionnelles cer­taines lois régissant les élections, comme la loi sur le découpage des circonscriptions électorales et celle relative aux citoyens ayant la double nationalité. Résultat : les élections initialement prévues en mars dernier ont été reportées sine die et un comité a été formé pour amender les lois électorales de manière à ce qu’elles soient conformes à la Constitution. C’est dans ce contexte que s’inscrit la réunion de la semaine dernière entre le premier ministre et les partis poli­tiques. Le chef du gouvernement avait en effet déclaré que les partis poli­tiques seraient consultés au sujet des amendements.

« Nous avons été invités à dire ce que nous voulons, mais visiblement le gouvernement fera ce qu’il voudra », lance Hussein Abdel-Razeq, du parti du Rassemblement. Pour lui, le rôle des partis se limite à un jeu de décor politique. « Ils ont appelé les partis non pas pour participer à la prise de décision, mais pour participer à une audience des décisions. Le comité sera le seul décideur ». Les partis politiques se plaignaient déjà de ne pas être représentés au sein du comité.

Selon Khaled Daoud, porte-parole du parti Al-Dostour, « le comité n’a pas été souple à l’égard des proposi­tions des partis. Le raisonnement du comité est purement sécuritaire. La priorité est de barrer la route aux islamistes sans penser aux intérêts des partis politiques ».

Pourtant, tous les partis ne sont pas du même avis. Chéhab Waguih, porte-parole du parti des Egyptiens libres est, lui, optimiste, assurant que le comité a entendu toutes les proposi­tions posées sur la table et qu’il est encore trop tôt de juger les intentions du gouvernement. « Si le comité a invité les partis, c’est qu’il a l’inten­tion de prendre en considération nos propositions », dit-il.

Absence de critères

Le politologue Yousri Al-Azabawi estime que le problème, dans le fond, est l’absence de critères pour le dialo­gue, chacun des deux camps abordant un problème différent de l’autre. « Au moment où les partis parlent du sys­tème électoral, le gouvernement parle de découpage des circonscriptions », explique-t-il. Il ajoute que les partis politiques ne sont en effet pas tous d’accord sur les propositions à pré­senter au gouvernement. « Certains partis appellent à une modification du système électoral de manière à pour­voir 40 % des sièges en scrutin indivi­duel, 40 % au scrutin de liste propor­tionnel et garder 20 % des sièges pour les quotas consacrés aux femmes, aux jeunes, aux coptes, aux handicapés, aux ouvriers et aux paysans. D’autres partis proposent de consacrer 50 % au scrutin par liste et 50 % au scrutin individuel. Un troisième camp pro­pose de consacrer 80 % des sièges aux listes proportionnelles et 20 % au scrutin individuel », poursuit Al-Azabawi, en ajoutant que « le gou­vernement pourrait profiter de cette absence de consensus pour faire pas­ser les amendements qu’il souhaite. Mais n’oublions pas que la majorité des partis a salué la proposition du gouvernement d’établir une sur­veillance préalable sur les lois par la Haute Cour constitutionnelle, plutôt qu’une surveillance a posteriori ».

Amr Hachem Rabie, du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, estime que le gouvernement pourrait retenir la pro­position des 8 circonscriptions électo­rales comprenant chacune 15 candi­dats au lieu de 4 circonscriptions avec 2 listes de 45 candidats et 2 autres de 15. Selon lui, le gouvernement ne retiendra pas les autres propositions.

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