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Craintes post-électorales au Nigeria

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 31 mars 2015

Les élections présidentielle et législatives nigérianes se sont déroulées dans un climat plutôt calme. Mais les violences sont à craindre après la publication des résultats.

Craintes post-électorales au Nigeria
69 millions d'électeurs sur 173 millions de Nigérians ont voté samedi et dimanche derniers, pour élire le président et 109 sénateurs. (Photo:AP)

Malgré les menaces de la rébellion Boko Haram, environ 69 millions d’élec­teurs — sur les 173 millions d’habi­tants du Nigeria — ont voté samedi et dimanche derniers, pour élire, outre le président, les 109 sénateurs et les 360 députés du pays le plus peuplé d’Afrique, premier produc­teur de pétrole et première puissance économique du continent. L’élection la plus serrée depuis le retour du pays à la démocratie en 1999 oppose le président sortant Goodluck Jonathan, 57 ans, et son rival Muhammadu Buhari, 72 ans, candi­dat du Congrès progressiste (APC), qui rassemble une large partie de l’opposition. La quasi-totalité des Nigérians ont voté samedi. Mais 348 bureaux, sur 150 000, ont dû rouvrir dimanche à cause de problèmes avec les machines biométriques ou de problèmes d’acheminement du matériel électoral, selon la Commission électorale nationale indépendante (Inec).

Des violences sont redoutées après l’annonce des résultats attendus cette semaine, comme lors de la pré­cédente présidentielle en 2011, où près d’un millier de personnes avaient été tuées. De premiers inci­dents se sont produits dimanche der­nier à Port-Harcourt, la capitale de l’Etat de Rivers (sud), un Etat-clé producteur de pétrole. Des milliers de partisans de l’APC ont manifesté pour dénoncer des fraudes et deman­der l’annulation des élections dans l’Etat, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le chef local de l’APC, Dakuku Peterside, candidat au poste de gouverneur de l’Etat, a accusé l’Inec d’agir en connivence avec le PDP, le parti au pouvoir du président Jonathan, pour truquer les résultats, et il a réclamé un nouveau scrutin. Une accusation de fraude réfutée par le porte-parole local de l’Inec, Tonia Nwobi.

Le président de l’Inec, Attahiru Jega, a promis qu’il examinerait toutes les plaintes, poursuivant son objectif de mener un scrutin « libre, juste et crédible, dans le calme ». « Nous demandons à tous les Nigérians de rester calmes en atten­dant les résultats », a-t-il dit. A Kaduna, une grande ville du centre du Nigeria qui avait été submergée par les violences en 2011, « les gens ont peur », a confié à l’AFP une commerçante, Elizabeth Anthony. Dans cette cité où chrétiens et musulmans cohabitent, plusieurs centaines de chrétiens avaient été tués après que le candidat musul­man, ex-général Muhammadu Buhari, qui réside à Kaduna, eut été déclaré perdant face au chrétien Goodluck Jonathan.

Alors que le dépouillement était en cours, les deux camps clamaient, dimanche dernier, sur les réseaux sociaux, avoir remporté telle ou telle circonscription. « Il ne doit y avoir aucune entourloupe », a prévenu Lai Mohammed, porte-parole de l’APC.

Par ailleurs, le processus électoral n’a pas arrêté la lutte du gouverne­ment contre le groupe Boko Haram. Dans le nord-est du pays, où sévit la guérilla du groupe, l’armée nigé­riane a lancé, dimanche dernier, des frappes aériennes et une opération terrestre contre des insurgés aux abords de la ville de Bauchi, selon une source militaire et des habitants. Dans la soirée, les autorités ont imposé un couvre-feu 24h/24 d’une durée illimitée à Bauchi, et dans deux autres districts de l’Etat. Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait promis de perturber le scrutin. Ses militants ont lancé plu­sieurs raids meurtriers, sans parvenir à empêcher les élections. Le groupe islamiste semble affaibli par l’offen­sive militaire internationale lancée contre lui depuis février, avec l’ap­pui du Tchad notamment .

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