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L’EI incontournable ?

Abir Taleb avec agences, Mardi, 24 mars 2015

Avec des attentats revendiqués en Tunisie et au Yémen, l'EI veut démontrer sa capacité d'expansion, tantôt jugée réelle, tantôt comme une tentative de diversion face aux revers qu'il subit en Syrie et en Iraq.

En quelques jours à peine, Daech ou l’Etat Islamique (EI) a revendiqué deux attentats spectaculaires dans deux pays où sa présence n’était jusque-là pas connue, du moins pas confirmée : Le Yémen et la Tunisie.

A Sanaa, un triple attentat suicide visant des mosquées a fait vendredi 142 morts. L’EI a revendiqué ces attentats, affirmant qu’ils ne sont que « la partie émergée de l’iceberg » et que d’autres suivraient. Si l’EI est capable de mener ce type d’attaques coordonnées, cela veut dire que des éléments sont présents à Sanaa depuis des semaines, voire des mois.

En Tunisie, l’attaque sanglante du 18 mars, qui a provoqué la mort d’au moins 23 personnes, dont 20 touristes étrangers, « ne sera la seule ». L’EI a promis d’autres actions, affirmant que ce n’est là « que la première goutte de pluie ».

Ces événements interviennent alors que les frappes de la coalition anti-Daech se poursuivent en Syrie, alors qu’en Iraq, foyer principal de l’EI, l’armée poursuit son offensive pour reprendre à l’Etat islamique plusieurs villes stratégiques conquises l’été dernier.

L’EI, qui sème la terreur dans les territoires qu’il contrôle en Iraq et en Syrie, n’a jamais caché son ambition d’étendre son « califat » islamique à d’autres pays de la région arabe et à l’Afrique. Il avait appelé ses combattants à attaquer des cibles occidentales « partout dans le monde ».

A voir l’extension de ce groupe terroriste qui fait de plus en plus parler de lui — l’EI a publié dimanche une liste de 100 militaires américains à abattre —, on oublierai presque que Daech n’est réellement apparu comme un groupe terroriste avec une certaine puissance qu’en juin 2014, lorsqu’il s’est emparé de la province de Salah Eddine en Iraq. Comment s’explique donc cette fulgurante montée alors que la guerre anti-Daech fait rage ?

D’abord, l’EI a su profiter de la conjoncture régionale : une infiltration plutôt facile en Libye à cause de l’anarchie qui y règne ; une faiblesse tunisienne qui a permis le passage, depuis la Libye, de combattants islamistes. Quant au Yémen, l’EI a aussi tiré profit du chaos et tente de s’imposer en maître en exploitant également un ressentiment anti-chiite parmi les sunnites. Selon les analystes, si Daech monte au Yémen, c’est parce qu'Al-Qaëda y a perdu de sa crédibilité, ayant été incapable de défendre même des provinces sunnites. C’est ce même argument de l’éternel antagonisme chiite/sunnite qui a permis à Daech d’étendre son influence en Iraq, en raison des politiques anti-sunnites de l’ancien premier ministre iraqien, Nouri Al-Maliki.

Cela dit, il est encore trop tôt pour juger s’il s’agit d’une véritable expansion du groupe islamiste. Certains experts estiment ainsi que l’EI veut démontrer sa capacité d’expansion afin de détourner l’attention sur ses revers en Syrie et en Iraq.

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