
La nouvelle loi permettra au secteur privé de vendre l'électricité aux usines aux prix du marché.
(Photo:Reuters)
Le gouvernement va privatiser l’électricité destinée à des fins industrielles. Ainsi, le Conseil des ministres a approuvé le 17 février une nouvelle loi qui ouvrira l’investissement dans le domaine de l’électricité, au secteur privé. En l’absence d’un Parlement, cette loi devra être remise à la Cour administrative, puis au président de la République, en vue de sa ratification. L’objectif serait de libéraliser l’électricité en permettant, pour la première fois, au secteur privé de vendre directement de l’électricité aux grands consommateurs, comme l’a dévoilé le ministre de l’Electricité, Mohamad Chaker Al-Markabi, lors d’une conférence intitulée « L’avenir de l’énergie en Egypte ».
La loi en vigueur autorise le secteur privé à produire l’électricité, mais c’est le gouvernement qui la distribue, par la suite, à travers le réseau national d’électricité. Le prix de vente est de plus administrativement fixé. A l’exception de trois centrales électriques construites selon le système Construire-Opérer-Transférer (BOT) vers la fin des années 1990, les sociétés de production de l’électricité en Egypte sont publiques. Ces trois centrales fournissent à peine 8% du total de l’électricité produite. L’Etat n’a plus réutilisé le système BOT qui ne s’est pas avéré rentable. « La vision de la loi est de séparer l’entreprise de transmission d’électricité de la société Holding d’électricité, pour créer un environnement propice à la concurrence », a dit Mohamad Chaker Al-Markabi à Al-Ahram Hebdo, en marge de la même conférence.
La société de transmission joue le rôle d’intermédiaire entre celles de production et celles de distribution. Le ministre estime que son existence sous l’égide de la société Holding d’électricité qui regroupe toutes les sociétés publiques de production, de transmission et de distribution d’électricité, représente un conflit d’intérêt. Les sociétés de production publiques posséderont donc un avantage sur celles du secteur privé si la société de transmission reste sous l’égide de la Holding.
Cette démarche vise donc à préparer le marché à l’accueil des entreprises privées qui seront autorisées pour la première fois en Egypte à vendre de l’électricité directement aux consommateurs. Cela dit, les sociétés privées ne seront autorisées à vendre l’électricité seulement qu’aux « grands consommateurs », comme le souligne le ministre. Il s’agit notamment d’usines à forte consommation d’énergie comme celles du ciment ou des engrais. Certaines sont situées dans des zones industrielles libres et leur production est destinée à l’exportation.
Le 1er juillet 2014, le gouvernement a entamé un plan pour la suppression graduelle de la subvention de l’énergie sur 5 ans. La subvention de l’électricité représente 21% de la subvention totale de l’énergie. Elle a coûté à l’Etat 27,5 milliards de L.E. en 2014/15. Cette somme sera ramenée à 20 milliards de L.E. au cours du prochain exercice fiscal. Comme résultat, les tarifs d’électricité vont augmenter au cours de ces 5 prochaines années. L’objectif du gouvernement est de faire payer au consommateur les coûts de production.
L’Egypte souffre de coupures fréquentes du courant électrique, depuis l’été de 2008. Celles-ci se sont accentuées en fréquence et en durée au cours des dernières années. Les raisons affichées de la crise sont: Une hausse non prévue de la consommation, une baisse de la production en gaz naturel (première source d’énergie utilisée dans les centrales électriques), ainsi que le manque de maintenance des centrales électriques et du réseau national. Les gouvernements successifs blâment le déficit budgétaire et l’instabilité politique pour expliquer l’aggravation de la situation.
En septembre dernier, le gouvernement a également fixé des tarifs de rachat, garantis pour l’électricité produite par les projets d’énergie renouvelable. Et ce, afin de pousser le secteur privé à s’y lancer.
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