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Gouverneurs : 17 nouvelles figures

May Atta, Mardi, 10 février 2015

Le président de la République vient de renouveler les deux tiers des gouverneurs. Jeunes et issus de la société civile, ils contrastent avec leurs prédécesseurs. Un choix perçu comme une ouverture politique.

Les gouverneurs
Pour la première fois, la plupart des gouverneurs sont issus d'une carrière civile.

17 nouveaux gouverneurs ont été nommés par Abdel-Fattah Al-Sissi samedi 7 février. La plupart sont issus d’une carrière civile, contrastant avec la pratique consistant à nommer des gouverneurs provenant de l’armée.

En effet, seulement trois des 17 nouveaux gouverneurs sont issus des rangs de l’armée: deux d’entre eux sont nommés à Suez et Ismaïliya, tandis que le dernier est nommé à Matrouh, à la frontière avec la Libye. Les autres sont des ingénieurs, universitaires, médecins, juges, chefs d’entreprises ou industriels. Ces nominations touchent les deux tiers des gouvernorats égyptiens.

Pour Ahmad Abdel-Halim, analyste politique, « chaque gouvernorat nécessite des compétences différentes. Il paraît logique que les gouvernorats qui se situent aux frontières du pays ou dans des zones stratégiques comme le Canal soient dirigés par des militaires ».

Moustapha Kamel Al-Sayed, professeur à la faculté de sciences politiques à l’Université américaine du Caire (AUC), estime que le gouvernement a cherché à privilégier la nomination de civils, afin de laisser percevoir un certain retrait de l’armée de la vie politique. « Cependant, plusieurs d’entre eux manquent d’expérience, surtout dans des gouvernorats dont ils sont issus », nuance-t-il.

Quasiment, tous les gouverneurs sont en effet originaires du Caire. Seul Ayman Mohamad, nouveau gouverneur de Sohag en Haute-Egypte, vient d’Alexandrie où il était sous-secrétaire du ministère de la Santé.

Pour Magdi Charabia, secrétaire général du parti du Rassemblement et candidat aux élections parlementaires dans le gouvernorat de Béheira, « un gouverneur ne doit pas forcément être natif du gouvernorat qu’il dirige. L’expérience dans l’administration publique est la chose la plus importante pour diriger un gouvernorat. Il faut savoir comment mettre en évidence les ressources du territoire qu’on administre tout en répondant aux attentes des citoyens ».

Rajeunissement

Second changement par rapport aux coutumes habituelles: l’âge des nouveaux gouverneurs. La plupart ont entre 40 et 50 ans, soit un âge relativement jeune par rapport aux dernières nominations.

Pour Achraf Al-Chérif, professeur de sciences politiques à l’AUC, le gouvernement cherche à faire un signe vis-à-vis des jeunes. Il considère ces nominations comme un geste d’ouverture attendu depuis longtemps.

Sa consoeur, Rabab Al-Mahdi, nuance: « Le choix des gouverneurs est complètement aléatoire. On ne sait rien de leur carrière. Cette politique est la même que celle menée par Hosni Moubarak: Etre un civil ou un jeune n’est pas un critère objectif. Les responsables n’ont même pas cherché à expliquer pourquoi untel ou untel avait été choisi ! ».

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