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HRW : Rapport biaisé selon les Ong

Ola Hamdi, Mardi, 27 janvier 2015

Le dernier rapport de l'organisation Human Rights Watch critique la situation dans les prisons en Egypte. Le rapport est toutefois jugé « infondé », par les ONG égyptiennes.

HRW a déjà publié plusieurs rapports sur les prisons égyptiennes.
HRW a déjà publié plusieurs rapports sur les prisons égyptiennes. (Photo : Reuters)

Dans son dernier rapport sur l’Egypte, publié cette semaine, l’organisation Human Rignts Watch (HRW) souligne les « mauvaises conditions de détention » en Egypte. « Certains détenus sont morts, suite à des mauvais traitements physiques », souligne l’organisation, qui ajoute que certains détenus meurent parce qu’ils sont emprisonnés dans des cellules surpeuplées, ou n’ont pas reçu de soins médicaux adéquats alors qu’ils souffraient de maladies graves. « Les gens sont détenus dans des conditions, manifestement, inhumaines et dans des cellules surpeuplées. Le nombre croissant de décès en est la conséquencedirecte», a déclaré Sarah Leah Whitson, directeur d’HWR pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Le rapport dénonce une vaste campagne d’arrestation visant les Frères musulmans, ce qui a « tendu la situation dans les prisons avec l’afflux de milliers de personnes ».

HRW rapporte dans son rapport, 9 cas de décès en détention depuis la mi-2013 sur la base de « preuves et de témoignages fournis par des proches et les avocats des victimes », ainsi que sur de « documents médicaux ». Le rapport revient sur une enquête publiée en décembre par le journal indépendant Al-Watan, faisant état de 90 décès dans les locaux de la police au Caire et à Guiza, au cours de la garde à vue durant les 10 premiers mois de 2014. En outre, HRW se fonde sur un rapport publié par le centre Al-Nadeem, affirmant qu’au moins 35 personnes sont mortes en détention, la plupart dans des commissariats, entre début juin et début septembre 2014. HWR souligne que les articles 55 et 56 de la Constitution égyptienne interdisent de torturer ou de blesser physiquement des détenus, et stipulent que les prisons et les lieux de détention doivent être soumis à un contrôle judiciaire. « Malgré le grand nombre de morts pour mauvais traitements et l’absence de soins médicaux, les procureurs n’ont déposé qu’une seule plainte contre la police, liée à la mort de détenus et ce, depuis 2013. Il s’agissait de l’incident dans lequel 37 détenus sont morts après que la police ait tiré une bombe de gaz lacrymogène dans un fourgon de police, dans lequel ils étaient enfermés.

Un juge avait condamné quatre officiers, mais en juillet, une Cour d’appel a ordonné leur rejugement », indique le rapport. HRW demande aux autorités égyptiennes « d’enquêter sur les décès en détention et de poursuivre les policiers et fonctionnaires soupçonnés de négligence ou d’abus », déclare le rapport. Et d’ajouter: « Le procureur général devrait libérer toutes les personnes détenues, uniquement pour avoir exercé leurs droits à la protestation pacifique. Le procureur devrait limiter les pratiques de détention provisoire, et assurer la libération immédiate de tous ceux qui ont besoin de soins médicaux ».

Le rapport, publié quelques jours seulement avant le 4e anniversaire de la révolution du 25 janvier, est jugé politisé par le ministère de l’Intérieur. Dans un communiqué publié cette semaine, le ministère dénonce une « tentative de déformer l’image de l’Egypte ». « Ce rapport est politisé, et ces accusations sont incorrectes. Le rapport parle d’arrestations arbitraires. Or, tous ceux qui sont dans les prisons ont été condamnés par des tribunaux ou placés en garde à vue par le Parquet », lance Abou-Bakr Abdel-Karim, adjoint du ministre de l’Intérieur pour les affaires humanitaires. Il ajoute que HRW a délibérément publié ce rapport à un moment sensible, l’anniversaire de la révolution, afin de « diviser l’opinion publique ».

Certaines ONG oeuvrant dans le domaine des droits de l’homme sont également critiques, bien que dénonçant elles-mêmes les conditions de détention dans les prisons égyptiennes. Selon Hafez Abou-Seada, président de l’Organisation égyptienne des droits de l’homme, et membre du Conseil national des droits de l’homme: « La situation dans les prisons égyptiennes n'est pas parfaite. Mais ce rapport manque de précision ». Et d’ajouter : « Les cas de décès dans les prisons soulèvent de nombreux doutes. La seule source fiable dans de tels cas sont les rapports de la médecine légale, et les enquêtes du Parquet. Or, ces dernières ne sont pas mentionnées dans le rapport de HRW qui se base sur des témoignages ».

HRW a déjà publié de nombreux rapports sur l’Egypte. Or, selon Abou-Seada « Leurs rapports ne sont pas précis et ils manquent souvent de sources fiables ». Lui aussi affirme que les rapports de HRW sont politisés comparés à ceux d’Amnesty International. « Ils n’ont rien fait, par exemple, sur les violations israéliennes lors de l’offensive sur Gaza en été dernier », explique Abou-Seada.

Mohamad Zarée, président de l’Organisation arabe pour la réforme pénale, est plus nuancé. « Ce rapport présente un point de vue différent de celui du ministère. Ce dernier réagit différemment et répond par des arguments aux accusations publiées dans le rapport. L’Etat doit changer sa manière de réagir dans ce genre de situations et de réfuter de tels rapports, par des preuves ou en ouvrant, par exemple, une enquête sur les décès mentionnés dans le rapport », conclut-il.

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