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L’Otan est demandée aux frontières

Maha Salem avec agences, Mardi, 27 novembre 2012

Alors que ses voisins craignent un débordement du conflit, la Turquie a demandé l’aide de l’Otan. Une requête qui sera étudiée par ses membres, mais rejetée par les alliés de Damas.

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Ankara a demandé à l’Otan le déploiement de missiles de défense antiaérienne. (Photo: Reuters)

Pour protéger ses frontières et faire pression sur son voisin, Ankara a demandé à l’Otan le déploiement de missiles de défense antiaérienne Patriot le long de la frontière avec la Syrie. La plupart des pays de l’Otan sont favorables à cette demande et vont se réunir la semaine prochaine pour l’examiner.

En revanche, Damas et ses deux principaux alliés, russe et iranien, ont condamné durement cette éventuelle installation de missiles en Turquie à la lisière de la Syrie. Défendant sa position, l’Otan a assuré qu’il s’agissait d’une mesure « uniquement défensive ».

En visite à Damas, le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a mis en garde l’opposition syrienne ainsi que le Qatar et l’Arabie saoudite contre toute action « aventuriste » en Syrie, où rebelles islamistes et combattants kurdes se préparaient à une guerre ouverte dans le nord du pays. Partageant le même avis, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramon Mehmanparast, a expliqué : « Non seulement cela n’aide pas à régler la situation en Syrie mais de plus cela ne fera qu’aggraver et rendre plus compliquée la situation ». Pour lui, l’insistance de certains pays occidentaux et arabes pour régler la crise syrienne par la voie militaire est la principale cause des tensions et des menaces dans la région.

Ce déploiement a aussi suscité le mécontentement de la Russie. « Plus on accumule d’armes, plus elles risquent d’être utilisées », a estimé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueo Lavrov. Moscou, grand allié de Damas, a déconseillé à la Turquie le fait de déployer ces Patriot, l’exhortant à favoriser une solution politique plutôt qu’à « montrer (ses) muscles ». En première réaction, Damas a estimé qu’Ankara était responsable de la militarisation de la situation à la frontière, accusant son voisin « d’armer, d’entraîner et d’infiltrer des milliers de terroristes » sur son territoire. Et, le président Bachar Al-Assad s’est de nouveau dit déterminé à vaincre le « terrorisme », auquel il assimile la rébellion, et à résoudre la crise via un « dialogue national », rejeté par l’opposition qui pose son départ comme condition préalable, au moment où des milliers de Syriens manifestaient pour réclamer sa chute.
Face à ces critiques, l’Otan se voulait rassurante. Son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, a affirmé que ce déploiement n’était en aucune façon une manière de promouvoir une zone d’exclusion aérienne ou des opérations offensives. Rasmussen a précisé que son organisation étudierait cette demande « sans délai ». Parmi les 28 membres de l’Otan, seuls l’Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis possèdent des batteries de missiles Patriot. Avant de décider, les Pays-Bas vont envoyer en Turquie une mission militaire de reconnaissance dont l’avis sera déterminant dans la décision de La Haye de déployer ou non ces missiles. La mission sera envoyée à très court terme et elle devra formuler très rapidement ses conseils.
Pour éviter l’application de cette demande, Larijani a appelé régime et opposition au dialogue, et s’en est pris sans les nommer au Qatar, à la Turquie et à l’Arabie saoudite, principaux soutiens et bailleurs de fonds de l’opposition. « Certains envoient des armes pour instaurer la démocratie en Syrie. Je ne pense pas qu’on puisse instaurer la démocratie avec des RPG (lance-roquettes). L’Iran prône un dialogue politique pour une solution politique. Nous sommes contre toutes sortes d’intervention militaire en Syrie », a ajouté Larijani.
Négligeant ces accusations, le Qatar a demandé à la nouvelle Coalition nationale syrienne, qui réunit l’ensemble des opposants au président syrien Bachar Al-Assad, de nommer un ambassadeur à Doha. Le Qatar est l’un des principaux soutiens de l’opposition syrienne et un farouche opposant au régime d’Assad dont les forces et les milices affrontent depuis vingt mois les rebelles de l’Armée syrienne libre. « La demande qatari vise à renforcer les objectifs de la Coalition nationale syrienne pour l’opposition et les forces révolutionnaires, afin de réaliser les rêves du peuple syrien », explique un responsable du ministère qatari des Affaires étrangères. La France, la Grande-Bretagne, la Turquie et six Etats du Golfe ont déjà reconnu la nouvelle coalition comme le seul représentant légitime du peuple syrien. Les Etats-Unis la considèrent comme une représentante légitime. En février 2012, le Qatar et d’autres Etats du Golfe avaient rappelé leurs ambassadeurs à Damas et expulsé les ambassadeurs syriens présents sur leur sol pour protester contre la répression du mouvement de contestation .
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