Al-Ahram Hebdo : Pourquoi la femme a-t-elle été choisie, avec les jeunes, comme thème central du sommet ?
Hary Andriamboavonjy : Le choix du thème a été fait par le pays hôte, le Sénégal. Mais pour expliquer ce choix, il faut dire qu’il n’y a jamais eu de sommet de la Francophonie sur les femmes. Or, même si sur le plan législatif il y a eu des avancées concernant les droits des femmes pendant les vingt dernières années, sur le plan pratique et de la réalité sur le terrain, il y a eu une régression dans l’application des droits des femmes. Ce choix vient aussi à point nommé, avant la célébration, l’année prochaine, du 20e anniversaire de la conférence mondiale du Pékin sur les femmes, qui intervient à un moment où l’on assiste à ce recul. (Cette conférence a réuni 189 pays et 17 000 participants, en septembre 1985, dans l’objectif de réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes).
— Les femmes ont-elles été associées à la préparation des travaux du sommet ?
— Les femmes ont été associées à la préparation des dossiers qui les concernent au sommet de la Francophonie, à travers l’inclusion de la société civile, avec qui l’OIF est en rapport régulier depuis le sommet de Ouagadougou (Burkina-Faso) en novembre 2004. L’OIF a mis ainsi en place le mécanisme de la conférence des OING (Organisations Internationales Non Gouvernementales) qui se réunit tous les deux ans. L’année dernière, le secrétaire général et l’administrateur général de l’OIF ont eu l’idée de créer le réseau francophone pour l’égalité femme-homme, qui était très actif en termes de contributions et d’enrichissement, influençant la déclaration de Dakar. Ce réseau a également organisé, depuis le début de l’année, des activités en marge des conférences internationales et des réunions régionales pour apporter les contributions des femmes et pour faire connaître leurs positions sur les sujets les concernant. Mais la contribution de la femme va au-delà de la thématique principale du sommet, car elle s’étend à l’ensemble des activités de l’OIF et on la retrouve dans les deux autres thèmes majeurs du sommet, la stratégie économique et la question des jeunes.
— Quels sont les obstacles qui empêchent la femme de jouer pleinement son rôle dans la société, en tant qu’acteur du développement et vecteur de paix ?
— Le principal obstacle se trouve dans le déficit d’autonomisation des femmes. L’autonomie économique de la femme lui permet d’accéder à plus de droits. Ici, la dimension économique prime sur tout le reste. Mais il est vrai aussi qu’il y a une dimension sociale, qui se trouve dans le poids de la tradition et celui de la société d’une manière générale. Car la femme peut souffrir mais n’ose pas parler parce qu’elle sait qu’elle sera à ce moment-là exclue de la famille ou de la communauté, à laquelle elle appartient.
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