Vendredi, 29 mars 2024
Dossier > Dossier >

L'avenir du sud, un grand inconnu

Ahmad Eleiba, Mardi, 25 novembre 2014

Unis par leur ambition séparatiste, les Sudistes restent toutefois divisés sur la forme que prendrait leur Etat « indépendant ».

l avenir du sud
A Aden, les Sudistes manifestent pour se séparer du Nord. (Photo : Reuters)

Les Yéménites du Sud attendent impatiemment le 30 novembre, date emblématique de l’indépendance de l’occupant britannique, mais aussi journée où d’importantes manifestations de séparatistes sont prévues. Pour le sud, ce 30 novembre marquera donc la « séparation », la « rupture » ou encore « l’indépendance ».

Dans une étape ultérieure, les Yéménites du sud auront à déterminer leur destin en donnant forme à leur nouvelle entité. Les habitants du sud se sont toujours sentis victimes d’une injustice qui a duré 33 années à cause des politiques unionistes du président Ali Abdallah Saleh. Malgré les tentatives désespérées du régime de Saleh d’effacer l’identité sudiste au profit de l’identité tribale, la majorité a, toujours, l’espoir de la récupérer. Ils espèrent surtout récupérer l’identité de leur pays, surtout sa vieille capitale Aden, laquelle a réussi tant bien que mal à conservé son caractère distingué, hérité de l’occupation britannique.

Dans les rues d’Aden, les manifestants sont un peu partout, ils brandissent les drapeaux de leur République d’avant l’union en 1990. Dans de nombreuses écoles, les élèves chantent désormais la vieille hymne nationale. La place de la Liberté, foyer du mouvement sudiste depuis des années, est aujourd’hui rebaptisée place de l’Indépendance. C’est là, que de nombreuses forces se rassemblent, à titre régulier, pour préparer les manifestations du 30 novembre. Mais alors que tous sont bien conscients que ce jour ne déterminera pas leur destin, ils l’appréhendent comme un premier pas sur le chemin d’une séparation pacifique du nord.

Dans la capitale Sanaa, siège le président Abd-Rabbou Mansour Hadi: bien que sudiste, il est vu, par beaucoup, comme étant le symbole de l’invasion militaire du sud en 1994. Beaucoup sont prêts à le lui pardonner, sauf que certains l’accusent de manquer de courage. Une autre figure historique du sud, Ali Salem Al-Bayd, qui vit actuellement à la capitale autrichienne Vienne, se trouve un peu dans la même situation que Hadi. Bien qu’accusé d’avoir rendu les clés du pouvoir à Ali Abdallah Saleh, il n’en demeure pas moins un symbole inspirateur pour les habitants du sud. D’autres personnalités tels que Hassan Baoum, Abdel-Rahman Al-Gaafari et Saïd Noamane entre autres, se partagent également la scène. Mais derrière l’euphorie diffuse, l’inconnu plane sur l’avenir du sud... Et un sentiment de déception face à la fragmentation des forces sudistes et la divergence de leurs plans pour cet avenir.

Quatre scénarios conflictuels se profilent à l’horizon sur la forme que prendra le sud. Le premier propose un retour au Yémen démocratique populaire, post-colonial. Le deuxième offre une forme d’unité fédérale entre le nord et le sud, le troisième prévoit la division du Yémen en six confédérations (au risque de fragmenter le pays), et enfin le dernier prône la création d’un Etat du « Sud Arabe », calqué sur le conseil des Etats du Golfe, avec Hadramout comme pôle culturel et Aden comme pôle économique.

Il se trouve que chaque partie s’attache à ce qu’elle estime la solution la plus politiquement « convenable ». Cela dit, certains mouvements, comme celui allié à Salem Al-Bayd, relativisent l’importance de ces divergences, estimant que le plus important aujourd’hui est d’achever « l’indépendance» du Sud... Nasser Al-Khoweigui dirigeant sudiste, estime pour sa part que cette diversité, qui marque les forces politiques du Sud, est loin d’être un phénomène malsain, mais plutôt un atout.

Sur un autre registre, beaucoup de problèmes resteront à régler, notamment la réinsertion des militaires partis à la retraite après l’Union, la répartition des postes de direction politique et bureaucratique sur les habitants du sud, et la récupération par le nouvel Etat des champs pétroliers et d’autres ressources nécessaires à sa survie.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique