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Une mission ardue

Maha Al-Cherbini avec agence, Mardi, 20 novembre 2012

Juste après son intronisation, le nouveau président chinois, Xi Jinping, qui doit prendre la relève en mars, fait face à un bon nombre de défis internes et externes.

une mission
(Photo: AP)

Maintenant que l’élection américaine est terminée, c’est le tour de la deuxième puissance mondiale — la Chine — de se choisir un nouveau président. Cette semaine, le Parti Communiste Chinois (PCC) a officiellement nommé Xi Jinping (59 ans) à la tête du parti unique, mais il ne prendra la relève qu’en mars 2013. Désormais, Jinping aura besoin de tout son talent pour gouverner la future première puissance économique mondiale. Dans les dix années que durera son mandat, il devra asseoir le poids international de la Chine et poursuivre son ascension économique, maintenir la croissance, endiguer la corruption galopante et poursuivre la voie des réformes politiques.

Outre ces défis intérieurs, d’autres dossiers épineux doivent être réglés par le président en matière de politique étrangère. Juste après sa réélection, Xi Jinping a adopté une attitude plus ouverte envers le monde extérieur que celle de ses prédécesseurs. « La Chine doit mieux connaître le monde, et inversement », a-t-il déclaré juste après sa réélection. Fait rare de la part d’un dirigeant chinois, le nouveau leader a fait part de son désir d’améliorer les relations avec la communauté internationale inquiète de l’attitude parfois « agressive » de ce pays devenu deuxième puissance économique mondiale.

Des défis extérieurs

Pour le moment, le dossier extérieur le plus pressant est celui de la grave tension maritime entre Pékin et ses voisins, surtout Tokyo, au sujet de la souveraineté d’îles en mer de Chine. Vendredi dernier, le Japon a espéré des relations « mutuellement bénéfiques » avec la nouvelle direction chinoise. « Nous espérons que des relations basées sur des intérêts stratégiques communs vont se développer avec la nouvelle direction chinoise », a déclaré le porte-parole adjoint du ministère, Naoko Saiki. Pour l’heure, Tokyo tente d’identifier les orientations de la nouvelle direction chinoise, qui restent inconnues mais un peu inquiétantes vu le bon nombre de conservateurs qu’elle renferme. Comment Xi Jinping va-t-il agir pour gérer cette crise explosive ? Nul ne connaît la réponse, mais désormais une chose paraît sûre : la nouvelle direction chinoise entend faire de Pékin une « puissance maritime » et défier la puissance américaine dans le Pacifique. N’oublions pas que la semaine dernière Pékin a affirmé vouloir renforcer ses infrastructures sur les îles disputées, une décision qui pourrait enflammer les relations entre Pékin et Tokyo. Selon le nouveau président, Pékin, qui a inaugurer son premier porte-avions en septembre, se doit de « défendre ses droits et ses intérêts maritimes ».

Quant aux relations sino-américaines perturbées, les Etats-Unis ont exprimé cette semaine leur volonté de poursuivre la relation « constructive » avec la Chine au moment où les deux premières puissances mondiales rivalisent d’ambitions en Asie-Pacifique. « Nous avons très bien travaillé avec la précédente équipe dirigeante et nous nous attendons à travailler avec les nouveaux dirigeants chinois », a insisté le porte-parole adjoint du département d’Etat, Mark Toner. « Nous avons mis en place les mécanismes nous permettant d’avoir une relation productive et constructive avec Pékin », a poursuivi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Thomas Donilon. Les Etats-Unis et la Chine ont de nombreux différends, en particulier sur les questions économiques, des droits de l’homme ou sur le conflit en Syrie et sur le nucléaire iranien. De surcroît, l’administration Obama tente d’accroître ses capacités diplomatiques et militaires en Asie-Pacifique pour contrebalancer l’influence de Pékin, car l’Asie-Pacifique est devenue le « pivot » de la diplomatie américaine. Dans une tentative de calmer la situation, M. Donilon a affirmé samedi dernier : « Nous cherchons à gérer les désaccords de manière saine et non perturbatrice ». Selon les analystes, Xi Jinping aurait du mal à améliorer les relations avec Washington, et les différends qui les opposent vont s’accroître, surtout que Pékin n’a pas l’intention de céder aux Etats-Unis sur les questions fondamentales comme la souveraineté nationale. « Les compromis entre les deux géants ne seront possibles que sur les questions secondaires », affirment les analystes selon qui la Russie occupera officieusement la deuxième place, derrière les Etats-Unis, des priorités de politique étrangère du nouveau gouvernement chinois. Xi Jinping n’a désormais qu’une option : renforcer son partenariat avec Moscou. En dépit du niveau moyen de partenariat commercial et économique entre Moscou et Pékin, les relations politiques et stratégiques entre les deux pays sont au plus haut. Face à ce déluge de défis internes et externes, le mandat du nouvel homme fort chinois s’annonce difficile.

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