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Farid Ghannam : J’ai appris à viser la lune tout en restant modeste

Houda El-Hassan, Lundi, 15 septembre 2014

Lauréat de la version arabe du programme The Voice 2012, Farid Ghannam est aujourd’hui une star montante de la chanson. Le gentleman à la voix suave est un porte-drapeau de la musique gnaouie.

Farid Ghannam
Farid Ghannam

Al-Ahram Hebdo : Votre histoire d’amour avec la musique n’a d’égale que votre rêve de représenter la chanson gnaouie aux quatre coins du monde. Qu’en est-il de cette passion ?

Farid Ghannam : Je suis né dans une famille de fous férus de la musique gnaouie marocaine. Mon oncle, qui est un musicien très connu à Agadir, ma ville d’origine, m’a appris à jouer au guembri et à la guitare classique, et m’a initié aux techniques de la chanson qu’il maîtrise parfaitement bien. C’est donc tout naturellement que j’ai commencé à me produire sur scène, à un âge plutôt précoce, pour me faire connaître en tant qu’amateur. Chemin faisant, j’ai intégré un, et puis deux groupes de mordus du chant gnaoui, et ce, jusqu’à ce que j’aie pu monter mon propre groupe de musique : Mayara Band.

— Qui dit Mayara Band dit victoire et distinction. Les Marocains natifs de la nouvelle génération n’ont jamais autant aimé un groupe gnaoui! Parlez-nous davantage de cette belle expérience ...

— Grâce à Dieu, Mayara a triomphé à tous les concours de jeunes musiciens auxquels il a participé au Maroc et ailleurs. Nous avons chanté au Boulevard des jeunes musiciens de Casablanca il y a un peu plus qu’une décennie, et nous avons réussi, grâce à cette expérience, un pari haut de gamme, à savoir celui de fidéliser le public qui nous y a découvert, et ce n’est pas rien à mon avis. Nous avons également triomphé lors de plusieurs éditions de Mawazine. Ce groupe, je l’aime plus que ma vie. C’est lui qui m’a galvanisé à ce point.

— A ce point, ou au point de chanter en solo devant les centaines de millions de téléspectateurs, à travers l’émission de prime time The Voice. Qu’en est-il de ce passage ?

— Je suis pour le moins heureux d’avoir participé à cette émission. J’ai pu toucher du bout des doigts les conseils de mon oncle qui m’a appris à ne jamais me sous-estimer et à viser la lune tout en restant modeste. Aujourd’hui, je n’ai qu’une envie : profiter des clés du bonheur que cette émission m’a léguées, chanter ici et ailleurs, faire connaître le richissime patrimoine gnaoui et vivre pleinement de ma passion.

— Le dialecte marocain reste incompris dans plusieurs pays arabes. Pour beaucoup, il reste un obstacle. Qu’en pensez-vous ?

— Lors de mon expérience avec The Voice, j’ai pu comprendre une chose: le public du Moyen-Orient (qu’il soit égyptien, libanais ou autre) est même capable de traduire des chansons chinoises, dans le but de les comprendre, si la qualité est au rendez-vous. De même, j’ai été épaulé par la grande chanteuse Chérine Abdel-Wahab, qui m’a toujours dit que ma présence sur scène est bien plus importante que mon accent, et que l’essentiel est que mon arabe soit compris par un grand nombre de personnes dans le monde. Je sais aussi qu’il existe des chanteurs marocains qui chantent en français, en espagnol ou dans d’autres langues, et qu’ils sont appréciés à leur juste valeur ... pour cette espèce de joie de vivre qu’ils montrent sur scène.

— La téléréalité est-elle une machine à fabriquer des « junk-stars » ? Si oui, pourquoi ?

— Il me semble que la balle est dans le camp du chanteur lui-même. Il est le premier maître de son être. C’est-à-dire qu’un artiste se doit de développer ses compétences artistiques dans un conservatoire de musique, ou en prenant des cours avec un tuteur. Et ce, pendant de longues années, avant même de tenter sa chance avec la Reality TV. Il s’agit ici de mon propre point de vue. Parce que la téléréalité est par définition un nouveau mode de commercialisation de l’image et de la voix d’une star. Une sorte de publicité. Donc, elle ne peut absolument pas la former entièrement.

— Et votre expérience personnelle dans ce domaine ?

— Je ne pourrais pas imaginer ma carrière sans cette émission. Quoi qu’on dise sur l’importance de l’autoformation d’une star dans un conservatoire de musique ou qu’elle soit déjà présente sur scène ou pas, il faut avouer que la téléréalité est un vrai tremplin vers la célébrité. Cette règle s’applique sur moi aussi.

Après mon single 100% gnaoui Lalla Aïcha, je prépare un album en solo. Par contre, je ne sais pas encore quand il sortira.

— Il paraît que vous préparez un duo avec Chérine Abdel-Wahab...

— Il paraît! Plus sérieusement, j’en rêve, mais je ne vous en dirai pas plus.

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