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Les djihadistes en Iraq toujours aussi puissants

Maha Salem avec agences, Mardi, 26 août 2014

Les djihadistes de l’Etat Islamique (EI) ont lancé un nouvel assaut pour s’emparer de la principale raffinerie d’Iraq et d'une importante ville en Syrie.

Le ministre iraqien des Affaires étrangères a appelé la communauté internationale à aider l’Iraq à lutter contre les djihadistes. Répondant à cette revendication, la Ligue arabe a créé un comité exceptionnel pour à la fois résoudre la crise en Syrie et en Iraq, et lutter contre l’Etat islamique. Ce comité est composé des ministres des Affaires étrangères égyptien, saoudien, émirati et qatari, ainsi que du conseiller du chef de la diplomatie jordanienne.

Selon le communiqué publié à la fin de la première réunion de ce comité, les participants ont examiné les développements de la situation en Syrie et en Iraq et se sont mis d’accord sur la nécessité d’agir pour préserver la sécurité et la stabilité des Etats arabes. Selon une source qui a préféré garder l’anonymat, les pays arabes ont décidé d’envoyer des aides financières et militaires à ces deux pays.

Cette décision intervient alors que les Etats-Unis, qui ont lancé depuis le 8 août plus de 90 frappes contre les djihadistes de l’Etat islamique dans le nord du pays, se sont dits de leur côté déterminés à poursuivre leurs raids, menaçant d’étendre leur intervention à la Syrie voisine. Les djihadistes ont repris le dernier bastion du régime syrien dans la province de Raqa et son aéroport. Puis, leur avancée, début août, vers la région autonome du Kurdistan, qui a provoqué l’exode de dizaines de milliers de personnes, a entraîné des frappes aériennes des Etats-Unis sur leurs positions dans le nord du pays. « Il est vrai que les frappes américaines ont dépassé les 90, mais les Etats-Unis doivent les intensifier et faire en sorte qu’elles deviennent plus précises pour viser des objectifs vitaux. Les frappes doivent toucher les deux pays en même temps », explique Ayman Abdel-Wahab, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire, en ajoutant que « les régimes syriens et iraqiens doivent présenter des concessions pour trouver des alliés capables de lutter contre ces djihadistes ».

Sur terrain, le groupe a lancé un nouvel assaut pour s’emparer de la principale raffinerie de l’Iraq, au nord de Bagdad. « Le succès est garanti puisque l’Iraq ne possède plus d’armée organisée et équipée. La bataille est maintenant entre deux groupes armés qui défendent leurs idéologies et leurs croyances. Chacun essaie d’écraser l’autre, car c’est le seul moyen de survivre. Cette guerre est devenue une guérilla, ce n’est plus une guerre pour sauver le pays ou pour défendre un patrimoine. Nous n’avons pas d’informations détaillées sur le financement de ces groupes, mais ils veulent à tout prix s’emparer des raffineries iraqiennes pour avoir de l’argent, acquérir des armes modernes et faire pression sur la communauté internationale. Ni l’Iraq ni la Syrie ne pourraient affronter seuls ces milices. Ils doivent s’unir et demander de l’aide aux autres pays », explique Ayman Abdel-Wahab.

Confirmant cette analyse, les djihadistes s’étaient emparés, le 7 août, du plus grand barrage du pays, dans le nord, avant que les forces gouvernementales iraqiennes et kurdes, avec l’aide des Américains, ne le reprennent, il y a une semaine.

Une union pour affronter les djihadistes

A Bagdad, le pouvoir tente toujours d’apaiser les tensions attisées par une attaque contre une mosquée sunnite de la région de Diyala (nord-est de Bagdad), ayant fait 70 morts, vendredi dernier, et qui a entraîné des heurts entre sunnites et chiites. Le premier ministre, Haïdar Al-Abadi, a appelé ses concitoyens à resserrer les rangs pour empêcher les ennemis de l’Iraq de provoquer des troubles. Partageant le même avis que le premier ministre, le chef du Parlement, le sunnite Salim Al-Joubouri, a lui aussi appelé à l’unité, estimant que « l’objectif de (l’attaque) était de mettre en péril tous les efforts faits pour former un gouvernement ». L’attaque, perpétrée par des miliciens chiites, risque d’accroître la colère de la minorité sunnite envers le gouvernement à majorité chiite qui a besoin de sa coopération dans son combat contre l’EI, et de compliquer davantage les tractations visant à former un gouvernement d’union.

La première tâche du nouveau gouvernement sera de stopper l’avancée des djihadistes, réputés pour leurs exactions, en particulier contre les chrétiens et les Yazidis, déplacés par dizaines de milliers, début août, dans le nord du pays.

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