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Waleed Nabil Bayoumi : Il est difficile de rater la première promesse politique du nouveau président

Marwa Hussein, Mardi, 12 août 2014

Entretien avec Waleed Nabil Bayoumi, professeur de planification territoriale à la faculté de planification urbaine de l’Université du Caire, où il évoque la faisabilité du projet de développement du Canal de Suez.

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi le développement du Canal de Suez est-il important ?

Waleed Nabil Bayoumi: La capacité du Canal est devenue minime dans ses dimensions actuelles. Nous serons à la traîne par rapport à d’autres pays. Le boom des pays asiatiques dans les années 1980 a eu pour conséquence le prolongement des routes maritimes. Il est plus rentable d’envoyer des navires géants qui transportent des marchandises dans plusieurs directions. Le business de chargement et de déchargement a prospéré. Les grands navires font une partie du trajet et s’arrêtent dans les ports, afin de déposer leurs cargaisons. D’autres petits navires se chargent du transport vers d’autres ports. Ce n’est qu’un exemple. Plusieurs autres activités peuvent avoir lieu sur le Canal, mais l’Egypte en est exclue à cause de la capacité limitée du Canal, alors que sa position géographique lui permet de s’y intégrer. Le développement de cette voie navigable est donc une nécessité.

— L’Egypte a tardé pour lancer ce projet. Pourquoi ?

— L’idée d’élargir le Canal ou de doubler la voie a été rejetée depuis la guerre avec Israël en 1973 pour des raisons de sécurité. Au début des années 1980, le gouvernement a élargi un peu le Canal, pour que les navires dont les cargaisons ne dépassant pas les 10000 tonnes puissent passer, ce qui était obsolète, même à cette période. L’idée de doubler le Canal de Suez a réapparu suite au boom économique de 2007. L’Etat possédait des surplus financiers provenant de la vente des terrains et de la privatisation. En 2009, l’Organisme du Canal a demandé à une maison d’expertise hollandaise d’effectuer une étude de faisabilité, mais l’idée a été écartée après la révolution. Les résultats de l’étude n’ont pas été publiés jusqu’à maintenant.

— Croyez-vous que le projet proposé par le gouvernement soit faisable ?

— Au moins, la première phase concernant le doublement du Canal est sûre. Elle sera réalisée dans un délai d’un an ou un peu plus. Il s’agit notamment de la première promesse politique du nouveau président. C’est difficile de la rater. Moubarak avait amélioré l’infrastructure pendant son premier mandat. Mais les autres phases concernant le développement industriel de la zone sont incertaines, surtout que le projet n’est pas encore très clair.

— Ne craignez-vous pas qu’un tel projet géant ne se transforme en un drame coûteux, à l’instar de beaucoup de projets avortés lors de l’ère de Moubarak comme Tochka, le méga-projet de phosphate Abou-Tartour, entre autres ?

— Cette crainte accompagne toujours les méga-projets dans les pays en développement. Il est normal que des méga-projets se soldent par un échec ou que la rentabilité ne soit pas immédiate. La construction des nouvelles villes a commencé en 1978, mais n’a pas eu de succès que dans les années 2000. Le développement touristique de la mer Rouge a débuté pendant les années 1960, mais Hurghada et d’autres stations dans cette région n’ont eu le succès que dans les années 1980. Je crois que cette fois-ci, la volonté politique existe. Tochka a peut-être bénéficié de volonté politique, mais pas de vision claire. En plus, l’Etat s’en est rapidement retiré, laissant le projet au secteur privé.

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