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Moins de subventions, même pollution

Mercredi, 06 août 2014

La réduction des subven­tions sur les carburants fait des heureux parmi les éco­logistes. « La seule solu­tion pour améliorer la qualité de l’air et réduire la pollution atmos­phérique, c’est l’annulation com­plète des subventions aux combus­tibles fossiles », lance Mona Kamal, responsable du secteur de la qualité de l’environnement au sein de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE).

Environnement

Selon les chiffres de la Banque africaine pour le développement, le premier émetteur de GES (Gaz à effet de serre) en Egypte est le sec­teur de l’électricité (33,2 %), devant les transports (26,83 %) et l’industrie (25,70 %). Le secteur des transports est celui dont les émissions de GES augmentent le plus rapidement. Pour Mona Kamal, en haussant les prix des carburants, le gouvernement devrait travailler en parallèle sur des alternatives pour réduire la pollution. Développer et réformer les moyens de transport en commun et faire des voies pour les vélos font partie des solutions qu’elle propose. « L’annulation du tram Al-Mirghany qui liait Héliopolis à la place Tahrir est stupide ! La plupart des pays du monde construisent des trams tandis que nous, on les supprime ! S’il est ancien, il faut le rénover, acheter de nouvelles voitures mais pas enlever les infrastructures ! », regrette Mona Kamal. D’ores et déjà, de nouvelles alternatives font timidement leur apparition. May Haider, professeur, souhaite avoir recours au covoitu­rage avec ses collègues. « J’accompagnais mes enfants à leurs entraînement de natation avec ma voiture, mais dernièrement je leur ai acheté un vélo : c’est à la fois moins cher et écolo », explique-t-elle. Haider espère un jour voir dans les rues égyptiennes des voies réser­vées aux vélos. Mais est-ce réali­sable ? Les rues sont déjà entière­ment occupées par les voitures, les bus et les minibus. Quant aux trot­toirs, ils sont occupés par les mar­chands ambulants. Parfois même, les trottoirs sont supprimés afin d’élargir les rues. Où donc installer ces voies pour les vélos ? « Pour réaliser ce rêve, surtout au Caire, il faudrait un vrai miracle », avoue Mona Kamal, tout en soulignant qu’un projet de 2006 qui visait une réduction de la pollution sonore avait prévu des voies pour les vélos dans les villes nouvelles. Il n’a jamais vu le jour.

La BM contre les subventions

Une étude de la Banque Mondiale (BM) sur les embouteillages au Caire, publiée en mai dernier, estime que les subventions aux carburants fossiles n’encourage pas les égyp­tiens à rationaliser leurs déplace­ments, à utiliser les transports en commun. Selon les chiffres publiés par l’étude, les voitures et les taxis représentent 79 % (55 % de voitures et 24 % de taxis) des moyens de transports du Caire. Les micro et minibus représentent 14 % contre 2 % pour les bus, 5 % pour les camions légers et 0,3% pour les camions lourds. Les voitures particu­lières sont devenues la seule alterna­tive possible aux transports en com­mun insuffisants, peu efficaces et dégradés. « Je n’ai jamais compris comment les bus fonctionnent au Caire ! Il faut prendre quel numéro pour arriver à quel endroit ? Il n’y a pas une seule liste pour les trajets et les horaires. En plus le nombre de bus disponibles est très faible com­paré à la demande. Les gens atten­dent des heures et quand ils y mon­tent, ils ne trouvent pas de places pour s’asseoir », s’insurge Nadia Al-Awady, journaliste. Pour elle, seul le développement des bus et du métro pourrait encourager les Cairotes à délaisser leurs voitures. L’étude de la BM met en effet l’ac­cent sur le manque de moyens de transports en commun en précisant que le Caire compte seulement 1 500 bus et 70 km de lignes de métro.

Embouteillages

Les conséquences sont logiques: embouteillages et pollution de l’air. La même étude de la BM révèle qu’une réduction de la congestion du trafic ferait diminuer les émissions de CO2 d’environ 7 millions de tonnes par an. L’impact de la pollu­tion de l’air sur la santé dans le Grand-Caire coûterait à l’Etat de 0,8 à 1 % du PIB. La solution est pour­tant simple : rediriger les milliards accordés aux subventions vers le secteur du transport .

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