Selon les chiffres de la Banque africaine pour le développement, le premier émetteur de GES (Gaz à effet de serre) en Egypte est le secteur de l’électricité (33,2 %), devant les transports (26,83 %) et l’industrie (25,70 %). Le secteur des transports est celui dont les émissions de GES augmentent le plus rapidement. Pour Mona Kamal, en haussant les prix des carburants, le gouvernement devrait travailler en parallèle sur des alternatives pour réduire la pollution. Développer et réformer les moyens de transport en commun et faire des voies pour les vélos font partie des solutions qu’elle propose. « L’annulation du tram Al-Mirghany qui liait Héliopolis à la place Tahrir est stupide ! La plupart des pays du monde construisent des trams tandis que nous, on les supprime ! S’il est ancien, il faut le rénover, acheter de nouvelles voitures mais pas enlever les infrastructures ! », regrette Mona Kamal. D’ores et déjà, de nouvelles alternatives font timidement leur apparition. May Haider, professeur, souhaite avoir recours au covoiturage avec ses collègues. « J’accompagnais mes enfants à leurs entraînement de natation avec ma voiture, mais dernièrement je leur ai acheté un vélo : c’est à la fois moins cher et écolo », explique-t-elle. Haider espère un jour voir dans les rues égyptiennes des voies réservées aux vélos. Mais est-ce réalisable ? Les rues sont déjà entièrement occupées par les voitures, les bus et les minibus. Quant aux trottoirs, ils sont occupés par les marchands ambulants. Parfois même, les trottoirs sont supprimés afin d’élargir les rues. Où donc installer ces voies pour les vélos ? « Pour réaliser ce rêve, surtout au Caire, il faudrait un vrai miracle », avoue Mona Kamal, tout en soulignant qu’un projet de 2006 qui visait une réduction de la pollution sonore avait prévu des voies pour les vélos dans les villes nouvelles. Il n’a jamais vu le jour.
La BM contre les subventions
Une étude de la Banque Mondiale (BM) sur les embouteillages au Caire, publiée en mai dernier, estime que les subventions aux carburants fossiles n’encourage pas les égyptiens à rationaliser leurs déplacements, à utiliser les transports en commun. Selon les chiffres publiés par l’étude, les voitures et les taxis représentent 79 % (55 % de voitures et 24 % de taxis) des moyens de transports du Caire. Les micro et minibus représentent 14 % contre 2 % pour les bus, 5 % pour les camions légers et 0,3% pour les camions lourds. Les voitures particulières sont devenues la seule alternative possible aux transports en commun insuffisants, peu efficaces et dégradés. « Je n’ai jamais compris comment les bus fonctionnent au Caire ! Il faut prendre quel numéro pour arriver à quel endroit ? Il n’y a pas une seule liste pour les trajets et les horaires. En plus le nombre de bus disponibles est très faible comparé à la demande. Les gens attendent des heures et quand ils y montent, ils ne trouvent pas de places pour s’asseoir », s’insurge Nadia Al-Awady, journaliste. Pour elle, seul le développement des bus et du métro pourrait encourager les Cairotes à délaisser leurs voitures. L’étude de la BM met en effet l’accent sur le manque de moyens de transports en commun en précisant que le Caire compte seulement 1 500 bus et 70 km de lignes de métro.
Embouteillages
Les conséquences sont logiques: embouteillages et pollution de l’air. La même étude de la BM révèle qu’une réduction de la congestion du trafic ferait diminuer les émissions de CO2 d’environ 7 millions de tonnes par an. L’impact de la pollution de l’air sur la santé dans le Grand-Caire coûterait à l’Etat de 0,8 à 1 % du PIB. La solution est pourtant simple : rediriger les milliards accordés aux subventions vers le secteur du transport .
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