Dans le but de tourner la page de la période de transition ouverte en 2012, après le coup d’Etat militaire, près de 800000 électeurs ont été appelés dimanche à voter au second tour de l’élection présidentielle. Ils doivent choisir entre deux candidats: José Mario Vaz, dit «
Jomav », 57 ans, du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC, première formation du pays), et Nuno Gomes Nabiam, 51 ans, sans étiquette, mais notoirement soutenu par le Parti de la Rénovation Sociale (PRS, deuxième formation du pays) et des chefs de l’armée. La vice-présidente de la Commission Nationale Electorale (CNE), Catia Alléluia Lopes, a annoncé à la presse que le vote s’est déroulé dans le calme. Selon elle, «
60 à 65% des inscrits avaient déjà voté ».
Le premier tour, organisé en même temps que des législatives le 13 avril, avait connu un taux de participation de 89,29%, un record selon la CNE. Après avoir voté, José Mario Vaz, ex-ministre des Finances réputé bon gestionnaire, a dénoncé des « intimidations », incluant des agressions physiques, à l’encontre de ses partisans par des « gens armés ». Le PAIGC et la Ligue Bissau-Guinéenne des Droits de l’Homme (LBGDH) ont parlé de trois pro-Vaz agressés samedi à Bissau et de 15 dimanche à Bafata (est).
Nuno Nabiam, directeur national de l’aviation civile depuis 2012, a appelé à un vote massif et dans le calme.
Confiant en sa victoire, il a nié être le candidat de l’armée en dépit de sa proximité bien connue avec le haut commandement militaire. « L’armée n’a pas de candidat. Et on me colle cette étiquette à tort », a-t-il lancé. L’entourage de Nuno Nabiam a par ailleurs dénoncé une tentative de corruption de ses partisans dans la nuit de samedi à dimanche à Bafata.
Le scrutin doit permettre de ramener la stabilité, deux ans après un coup d’Etat militaire qui, le 12 avril 2012, a renversé le régime du PAIGC entre les deux tours d’une présidentielle, interrompue du même coup.
Avant le scrutin, des appels à un vote calme et au respect du verdict des urnes ont été régulièrement lancés, dans le pays comme à l’étranger, tant reste forte la peur d’un nouveau dérapage.
La Guinée-Bissau, ex-colonie portugaise de 1,6 million d’habitants, ne compte plus les coups d’Etat depuis son indépendance en 1974 : rares sont les dirigeants ayant pu finir leur mandat sans être renversés ou assassinés. Cette instabilité politique et la pauvreté ont facilité l’implantation de trafiquants de drogue avec la complicité présumée de hauts responsables de l’armée. Le chef d’état-major général actuel de l’armée, le général Antonio Indjai, a été inculpé en avril 2013 aux Etats-Unis pour complicité de narco-terrorisme, ce dont il se défend. C’est lui qui a dirigé le putsch d’avril 2012. Selon le chef du bureau de l’Onu à Bissau, José Ramos Horta, l’armée a promis d’accepter les résultats du scrutin de dimanche. Fin avril, les deux candidats avaient déjà pris le même engagement public.
Plusieurs organisations nationales et internationales, dont la Commission Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union Africaine (UA), avaient déployé des observateurs pour superviser le scrutin. Aux candidats et à leurs partisans, « nous demandons (...) de s’abstenir de toute proclamation prématurée du résultat », a exhorté samedi l’ex-président mozambicain Joaquim Chissano, de l’UA, au nom des chefs des observateurs. Les résultats doivent être proclamés dans les cinq jours qui suivent le scrutin, selon la loi.
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