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Deux nouvelles tombes découvertes à Minya

Nasma Réda, Mercredi, 07 mai 2014

Deux tombes remontant à la XXVIe dynastie ont été découvertes dans la région d’Al-Bahnassa, à Minya, en Haute-Egypte. Des statues, des bateaux funéraires et des ustensiles de cuisine y ont été trouvés.

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La mission espagnole de l’Université de Barcelone opérant sur le site d’Al-Bahnasa dans le gouvernorat de Minya, en Haute-Egypte, a annoncé la découverte de deux tombes remontant à la XXVIe dynastie (663-525 av. J.-C.). Al-Bahnassa est une ville de l’Egypte Antique dont le nom pharaonique Per-Medjed a été changé en Oxyrhnque à l’époque gréco-romaine (voir encadré). L’archéologue Josep Padro, qui dirige cette mission et qui a passé vingt ans dans les travaux d’excavation dans la zone, a annoncé la découverte des deux nouvelles tombes.

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La première appartient à un éminent scribe et sa famille alors que la seconde appartient à une famille sacerdotale dont les membres travaillaient dans le temple d’Osireion à proximité de cette ville, dédié au dieu Osiris et découvert il y a quelques années par des missions successives. Dans les tombes, on a retrouvé des statues, des bateaux funéraires et des ustensiles de cuisine en plus de quelques outils d’écriture comme un encrier et deux stylos en bronze.

Les archéologues ont également découvert des cercueils en pierre, des urnes avec des écritures hiéroglyphiques, ainsi que des dizaines de statues d’Osiris, des pièces de bronze et un grand nombre de poissons momifiés. Ali Al-Asfar, chef du département des antiquités égyptiennes au ministère des Antiquités, affirme que près d’un millier de poissons momifiés ont été retrouvés dans la tombe du scribe. Oxyrhynchos correspondait en vérité au nom de ce poisson. Cette espèce est connue pour avoir été adorée dans cette ville à cette époque. « C’est un poisson mythologique. Il était la divinité de la ville ! », explique Al-Asfar.

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C’est la première fois que ce poisson est trouvé momifié. Il avait été trouvé auparavant sous forme d’amulettes en bronze ou sous forme d’inscriptions sur les murs des tombes. Les fouilles ont aussi mis au jour un dépôt funéraire et des inscriptions hiéroglyphiques appartenant à trois générations de fonctionnaires et leurs familles. « Des centaines de pièces de monnaie en bronze ont été ensablées. Elles remontent à l’époque saïte et les archéologues essayent de les étudier en détail. C’est un signal de la prospérité économique et commerciale de cette époque », affirme Mohamad Khalaf, directeur des antiquités à Minya. Le ministre des Antiquités, Mohamad Ibrahim, prépare un projet de développement et de réhabilitation du site archéologique pour inclure cette découverte sur la carte touristique du gouvernorat.

Oxyrhynque au fil des fouilles

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Oxyrhynque est un vaste site archéologique situé à environ 160 km au sud-ouest du Caire, sur la rive gauche de Bahr Youssef, une ancienne branche du Nil. Les ruines d’Oxyrhynque ont été découvertes et identifiées par des chercheurs français qui accompagnaient l’Expédition d’Egypte dirigée par Napoléon Bonaparte (1799-1802). Les premières fouilles ont été entreprises en 1897 par des Britanniques qui se sont rendus sur le site quand ils ont appris qu’un grand nombre de papyrus s’y trouvait. Leurs fouilles ont mis au jour plusieurs milliers de papyrus, dont la plupart sont écrits en grec et datent de l’époque romaine.

Puis Oxyrhynque a attiré plusieurs missions italiennes et anglaises jusqu’aux années 1930, lorsque les efforts officiels ont été interrompus pendant une période de cinquante ans.

Malheureusement, de nombreux pillards et chasseurs de trésors ont fouillé le site, et de nombreuses antiquités ont, depuis, été identifiées dans des collections privées. En 1982, le Conseil suprême des antiquités égyptien a de nouveau entamé des fouilles.

En 1992, un partenaire européen poursuit le travail : l’Université de Barcelone (UB). Sous la direction de Josep Padro, l’UB construit une résidence pour chercheurs et un magasin pour le site, inauguré en 1999, afin d’exposer quelques antiquités trouvées.

Historique d'Oxyrhynque

Oxyrhynque était la capitale de la 19e province de Haute-Egypte. Elle est apparue dans les sources hiéroglyphiques au cours de la 25e dynastie, sous son nom pharaonique Per-Medjed. Cependant, son existence peut dater de la fin du Nouvel Empire, pendant la 20e dynastie. A cette époque, il est possible que ce soit un campement de mercenaires nubiens chargés de garder la frontière et de protéger la route des caravanes qui reliait Oxyrhynque à l’oasis de Bahariya dans le désert libyen.

Per-Medjed était une ville importante de la 26e dynastie, ou de la période saïte (664-525 av. J.-C.). Etant un centre de communication vital, il reliait les routes des caravanes des oasis occidentales au port fluvial sur Bahr Youssef, permettant la navigation vers la Méditerranée dans l’Antiquité. Le nom d'Oxyrhynque avait déjà été consacré au dieu Seth. Cependant, dans la période saïte, le chef de la divinité de la ville était représenté par le poisson Oxyrhynchos.

Sous le règne d’Alexandre le Grand en 332 av. J.-C., la ville a attiré un grand nombre de Grecs, qui lui ont donné ce nom. Bientôt, la population de la ville explose. Elle devient la deuxième plus grande ville d’Egypte. Dans la période chrétienne byzantine, un certain nombre de monastères ont été construits à l’extérieur des murs de la ville. Celle-ci a été entourée par un mur de fortification qui fait face au désert. Le mur, fait de briques de boue, a disparu sur les côtés nord et sud.

Dans le voisinage des tombes saïtes, beaucoup d’autres tombes de la période gréco-romaine ont été découvertes. En général, elles sont plus petites et faites de petits blocs de pierres taillées. Elles imitent les techniques de construction de la période saïte, en particulier dans l’utilisation de structures relativement complexes et la présence de chambres couvertes par baril-voûte.

Bien que la plupart des tombes aient subi des pillages depuis l’Antiquité, des découvertes récentes comprennent les dépôts funéraires importants et un grand nombre de momies couvertes de cartonnage richement décoré. Certaines tombes ont de courtes inscriptions en grec sculptées dans les murs, tandis que d’autres disposent de peintures murales ou de reliefs avec des scènes mythologiques et funéraires, en particulier les représentations du poisson Oxyrhynchos, également premier cas documenté dans la ville qui porte son nom.

Les habitants d’Oxyrhynque se sont convertis au christianisme au cours du quatrième siècle de notre ère, mais ont continué à utiliser le site de la Haute nécropole comme lieu de sépulture.

Là, la mission a trouvé des structures funéraires importantes construites sur des tombes gréco-romaines. Certaines étaient réservées à des individus d’autres communes.

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