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Al-Gamaliya : une rue à l’histoire millénaire

Nasma Réda et Marianne Ramsès, Mardi, 08 avril 2014

La deuxième phase du grand projet du Caire historique commencera par la rue Al-Gamaliya. Retour sur l'histoire d'une rue qui a une grande valeur historique.

gamaleya

La rue Al-Gamaliya fascine par son aspect historique. Remontant à l’époque fatimide, elle regorge de 23 monuments islamiques. Aujourd’hui, elle est en passe de devenir un musée à ciel ouvert. L’idée ne brille pas par sa nouveauté, puisqu’une rue parallèle, la rue Al-Moez, a déjà bénéficié d’une rénovation. L’initiative du ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités s’inscrit donc dans le cadre de la deuxième phase du projet de développement du Caire historique.

L’animation est incessante. La rue est plantée d’édifices d’un ou deux étages avec des moucharabiehs en bois caractéristiques de l’époque fatimide, d’échoppes, d’ateliers de fabrication de cuivre, de marchands ambulants de fruits et légumes, de cafés populaires où l’on hume les parfums de narguilés. De quoi répondre aux besoins des habitants. « La rue Al-Gamaliya est différente de la rue Al-Moez. Cette dernière compte, elle aussi, près de 36 monuments islamiques gigantesques et splendides, des magasins et des bazars, lui donnant un cachet plutôt touristique que résidentiel, contrairement à Al-Gamaliya », expose Hania Mamdouh, du département de restauration du Caire historique au ministère des Antiquités. S’étalant de la rue Khan Gaafar— qui marque la fin de la mosquée et du complexe d’Al-Hussein— jusqu’à Bab Al-Nasr, la rue Al-Gamaliya ne manque pas de points d’attraction prestigieux: mosquées, madrassas, fontaines publiques (sabils), kottabs (écoles où les enfants apprennent à lire, à écrire et à réciter le Coran), wékalas (marchés). Le visiteur est invité à contempler la mosquée et le khanqah (une maison de retraite pour les soufis) de Saïd Al-Soadaa situé tout près de l’école primaire d’Al-Gamaliya. Ce khanqah est le premier construit en Egypte en l’an 544 de l’hégire (1149 ap. J.-C.) et qui servait de logement pour les soufis durant la période fatimide. Plus tard, Salaheddine Al-Ayoubi ordonna qu’il soit transformé en résidence pour les soufis. « Le khanqah était dans un état désastreux avant le nettoyage mené par des jeunes archéologues », témoigne Am Abdel-Moneim, un habitant du quartier.

Fidèles à leurs rites

Comme les mosquées et anciennes constructions côtoient les immeubles modernes, les habitants du quartier restent fidèles à leurs rites religieux. « Il y a des mosquées où se font les prières, mais d’autres où cela n’est pas possible car elles sont en cours de restauration ou parce qu’elles sont consacrées aux visites », explique Hani Mahmoud, inspecteur des sites archéologiques. A la sortie des mosquées, les fidèles s’arrêtent devant quelques marchands ambulants qui bloquent cette rue étroite ne dépassant pas, à certains endroits, 5 mètres de large. D’après les spécialistes, cela exige la mise en place de règlements et la fermeture de la rue comme cela a été le cas dans la rue Al-Moez.

A gauche comme à droite, les sites historiques jalonnent toute la rue Al-Gamaliya. Les passants peuvent s’arrêter pour contempler la mosquée Mahmoud Mohamad (1812), la madrassa de l’émir Qarassonqor Al-Mansouri, érigée en 1305, à l’époque mamelouke par l’émir Chamseddine Qarassonqor Al-Mansouri, le khanqah de Beibars Al-Jashankir qui date, lui aussi, du temps des Mamelouks. Le Caire islamique de la rue Al-Gamaliya trouve également éclat dans le mausolée de Sidi Abdel-Karim Al-Baramouni, tout près de celui de Sidi Mohamad Charafeddine, wékalat Kahla, qui est le siège actuellement d’une société privée.

Am Hussein, commerçant du quartier, affirme: « La rue a beaucoup souffert notamment à cause des eaux d’égouts. Il est lamentable de laisser nos monuments disparaître comme ça ». Il met l’accent sur la mosquée, considérée comme une mosquée suspendue, et l’école d’Al-Estedar, toutes deux fondées par Gamaleddine Youssef Al-Estedar en 1407. Il ajoute: « Des monuments exigent une intervention urgente des responsables à cause de leur état, comme wékalat Ouda pacha entourée de marchands ambulants et menacée par les incendies puisqu’elle est entourée depuis des années par des ateliers de cuivre et d’aluminium ». Une idée, en 2010, avait été d’expulser les habitants de quelques lieux comme ceux d’Ouda pacha pour rénover le site. Aujourd’hui, les responsables du ministère des Antiquités affirment: « On discutera avec le gouverneur pour faciliter les mesures de ceux qui veulent changer de métier ». Les visiteurs attendent d’être éblouis.

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